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Turinoises
avec Michelangelo Antonioni, Eleonora Rossi Drago, Gabriele Ferzetti, Franco Fabrizi
Carlotta Films 2013 /  16,99  € - 111.28 ffr.
Durée film 102 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : Italie, 1955
Sortie DVD : Septembre 2013
Titre original : Le Amiche

Version : 1 DVD-9, Zone 2
Format vidéo : PAL, Format 1.33
Format image : N&B, 4/3
Format audio : Italien 1.0
Sous-titres : Français

Bonus :
- «Seules entre elles» : comment Antonioni donne au spectateur la possibilité de vivre pleinement les choix, la frustration et l’isolement de ses personnages féminins, une analyse d’Aurore Renaut, enseignante en cinéma italien à l’Université de Paris VIII (26 min.)
- Bande annonce

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Femmes entre elles précède Le Cri (1957), juste avant L’Avventura (1959) qui fera entrer Michelangelo Antonioni au panthéon des cinéastes modernes. Le film est tiré de la nouvelle Entre Femmes seules, de Césare Pavèse, grand romancier italien qui s’est suicidé en 1950, auteur de Le Métier de vivre.

Clelia (Eleonora Rossi Drago), jeune femme indépendante, quitte Rome pour diriger une maison de couture à Turin. Elle sauve la jeune Rosetta (Madeleine Fischer) du suicide et se lie aux amies de celle-ci, des bourgeoises turinoises. Clelia se retrouve au centre des relations troubles qu'entretiennent ces femmes envers Rosetta qui est amoureuse du mari de son amie Nene...

Ce n’est peut-être pas le film le plus réussi de la première période de Michelangelo Antonioni mais il reste attachant et émouvant. Plus maladroit sans doute mais plus authentique. Après l’excellent Chronique d’un amour (1950) et le non moins superbe La Dame sans camélia (1953), le cinéaste creuse son sillon. D’aspect froid et austère, la forme du film épouse l’anorexie existentielle de ses personnages mais c’est aussi pour critiquer vertement le manque de chaleur humaine et de simplicité de ces femmes engoncées dans leur bêtise. Elles ne pensent qu’à leur apparence, à leurs bavardages frivoles et vains, à s’amuser avec des hommes tout aussi stupides qu’elles, à se tromper les unes et les autres dans un cynique jeu de massacre. Cynique est le mot…

Avec une musique an-empathique au style léger, contredisant le sujet dramatique, le film de Michelangelo Antonioni gagne à être vu et revu car derrière sa distanciation, il signale la façon par laquelle des individus s’enferment dans une imagerie qui les coupe du monde et d’eux-mêmes au point qu’autrui (sa souffrance, sa solitude) apparaît inessentiel et lointain.

Si l’on parle de Michelangelo Antonioni comme d’un cinéaste «intellectuel», il se fait ici fin et délicat envers cette femme esseulée, perdue, cherchant l’amour, face à ses amies cyniques. Le cinéaste sera l’un des grands qui, dans une forme élégante et froide, ont réussi à saisir le désert intérieur qui gagne les hommes et les femmes, de plus en plus vides de désir, incapables de comprendre l’autre, perdus dans une vie exsangue à l’aube de la société de consommation.

Un beau film à redécouvrir.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 13/12/2013 )
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