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Docteur Mabuse, le joueur
avec Fritz Lang, Rudolf Klein-Rogge, Alfred Abel, Gertrud Welker, Bernhard Goetzke
MK2 2005 /  22.99  € - 150.58 ffr.
Durée film 270 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, pays :1922 , Allemagne
Titre original : : Dr. Mabuse, der Spieler

Version : 2 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.33 (noir et blanc)
Format audio : Dolby Digital 5.1 et Dolby Digital 2.0 Stereo
Sous-titres : Anglais, Français

DVD 1
Partie 1 : Le joueur, une image de notre temps

DVD 2
Partie 2 : Inferno, une pièce sur les hommes de ce temps

Bonus :
La musique de Mabuse (13 mn)
Nobert Jacques : L’invention littéraire du Dr Mabuse (10 mn)
Les motifs et les thèmes de Mabuse (30 mn)
Galerie de photographies
Biographies


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En 1922, cinq ans avant Metropolis, Fritz Lang tournait Dr. Mabuse, le joueur, dans une Allemagne en proie au doute après la défaite de 1918. Ce long film muet reste, avec Le cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene, l’un des manifestes les plus aboutis de l’expressionnisme cinématographique. Folie, hypnose, mort, argent, pouvoir, amour, métamorphose, toutes les thématiques chères à ce mouvement sont présentes dans le film au-delà de l’esthétique propre et du langage narratif de l’expressionisme. Les passions des hommes, ainsi que les maux et les dérèglements de la société allemande désabusée de l’entre-deux-guerres, sont mis en lumière par le cinéaste qui se proclame visionnaire et qui nous donne à voir cette « montée des périls » qui aboutira à l’arrivée au pouvoir d’Adolphe Hitler en 1933.

A la veille de la crise du mark en 1923, Fritz Lang accorde une attention toute particulière à la spéculation et à l’inflation, maux endémiques de l’Allemagne de Weimar, incarnée ici par l’imposteur Mabuse qui, sous de multiples masques et personnalités, utilise l’hypnose et le jeu dans le but ultime de soustraire à ses victimes leurs fortunes et, accessoirement, leurs âmes. Le cinéaste réussit à construire une atmosphère particulièrement oppressante qui s’éloigne définitivement de ce « théâtre filmé » qu’est encore largement le cinéma du début des années 1920 : une nouvelle manière de voir le monde est née. Des décors singulièrement soignés rappellent que l’expressionnisme est avant tout un art total, un mouvement pictural et architectural avant d’être littéraire et cinématographique. La musique d’Aljoscha Zimmerman est bien plus qu’un simple accompagnant de l’image muette visant simplement à renforcer l’atmosphère d’inquiétude et d’angoisse diffuse du film : elle permet de comprendre les acteurs, de les faire sortir de leur incurable mutisme.

Le film proposé par MK2 est une version restaurée en 2000, grâce à la coopération entre les archives fédérales de Berlin, le musée du film de Munich et la fondation Friedrich-Wilhelm Murnau de Wiesbaden. Dans l’ensemble, la qualité de l’ensemble est très satisfaisante même s’il arrive parfois que l’image saute. On peut ainsi découvrir ou redécouvrir avec le plus grand intérêt ce chef-d’œuvre de Fritz Lang considéré par le cinéaste comme : « un laboratoire du film en tant que tableau vivant » mais qui demeure encore trop souvent éclipsé par ses réalisations postérieures que sont Métropolis et M. le Maudit. Pourtant, ce premier opus porte en germe tous les sujets que le metteur en scène abordera dans la suite de son œuvre comme celui de la responsabilité du criminel et de la culpabilité menant à la folie.

Pour accompagner cette réédition soignée, MK2 propose plusieurs bonus : un portrait de Norbert Jacques, l’écrivain inventeur du personnage du Docteur Mabuse, une galerie de photographies, des biographies, un entretien avec Aljoscha Zimmerman consacré à la musique du film et surtout une série de brèves présentations des principaux thèmes et motifs de l’œuvre. Ce dernier bonus s’avère fort précieux pour mener une étude approfondie de l’œuvre ou plus simplement pour se familiariser avec le fascinant univers de l’expressionnisme allemand.

Dr. Mabuse le joueur est le premier volet d’une trilogie, enrichie en 1933 du Testament du Dr. Mabuse, dans lequel le héros, ayant sombré dans la folie, est interné dans un hôpital psychiatrique où il déclame le programme national-socialiste. Ce fut là le dernier film allemand de Fritz Lang choisissant de s’exiler aux Etats-Unis après avoir refuser la proposition de Joseph Goebbels de diriger le cinéma allemand. C’est là qu’il ressuscite une nouvelle fois le personnage de Mabuse pour mener une critique sévère de l’Allemagne de la reconstruction dans Le diabolique docteur Mabuse en 1960.


Raphaël Muller
( Mis en ligne le 12/09/2005 )
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