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Des marins pour la dignité
avec Sergueï Eisenstein, Alexandre Antonov, Grigori Alexandrov, Vladimir Barsky, Anatoli Levtchine
Bach Films 2007 /  7  € - 45.85 ffr.
Durée film 67 mn.
Classification : Tous publics

Sortie cinéma, Pays : URSS, 1925 et nouvelle version de 1976
Titre original : Kniaz Potiomkin

Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 4/3 PAL
Format image : 1.33 (noir et blanc)
Format audio : Russe (muet)
Sous-titres : Français

Bonus :
Les plus grands thèmes de Chostakovitch en face CD audio

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Voici un chef-d’œuvre du cinéma, élu « meilleur film de tous les temps » à l’Exposition universelle de 1958, le premier grand film politique de l’histoire et un coup de maître du jeune Sergueï Eisenstein, aidé, il est vrai, du génial chef-opérateur Tissé. Bach films qui avait édité le DVD en 2005, réédite le film en 2006 en y ajoutant un CD des grands thèmes des musiques de films de Dimitri Chostakovitch. Le spectateur peut choisir entre la version de 1925 et la version de 1976 – intégrale et inédite en France - avec musique du grand compositeur soviétique. Il faut bien sûr regarder les deux !

Le sujet : une page célèbre de la Révolution de 1905, l’histoire des mutins du « Potemkine, prince de Tauride », vaisseau de la flotte de guerre russe de mer Noire, révoltés contre l’arbitraire des ordres, les privilèges et l’arrogance de la caste des officiers, contre les vexations et la violence des châtiments qu’elle inflige avec légèreté aux marins les plus méritants. Une révolte au nom de la dignité. Le point de départ : la distribution de viande avariée grouillant de vers pour la ration de soupe (le « borchtch »). Les hommes protestent auprès des officiers, mais un capitaine et le médecin de bord leur donnent tort. Quand les marins font la grève de la soupe, le commandant y voient un défi à son autorité de représentant du tsar et de seul maître à bord après Dieu : il décide de faire pendre à la grand vergue une partie de l’équipage, puis tente de les faire fusiller sous une bâche. Mais le peloton hésite à tirer sur ses camarades et le meneur révolutionnaire Vankoulintchouk entraîne l’équipage dans la révolte. Les officiers sont jetés par-dessus bord. Vankoulintchouk est tué pendant le combat et ses compagnons exposent son corps sous une tente sur un quai d’Odessa, avec l’inscription « tué pour une cuillerée de borchtch » et dans les mains un cierge, tandis que le cuirassé mutiné mouille dans la rade.

Emu, le peuple d’Odessa vient voir la dépouille du martyr et les esprits s’échauffent contre l’autocratie. Un bourgeois « malin » qui a crié « mort aux Juifs ! » est remis vigoureusement à sa place. Eisenstein était sensible à la critique socialiste de l’antisémitisme, du racisme et de la xénophobie comme « socialisme des imbéciles », exploité par le régime pour détourner le peuple de la révolution et de la lutte de classe : un sujet loin d’être académique à l’époque des pogromes dans l’empire des tsars et un message de la propagande soviétique à destination de l’Europe de 1926 où l’antisémitisme monte.

La suite donne lieu à des scènes d’anthologie. L’armée vient dégager le quai et disperser la foule et tire sans préavis. Suivent les scènes les plus pathétiques du film : la fusillade dans le grand escalier, la mère du peuple qui porte son enfant tué dans ses bras et marche vers la troupe, la bourgeoise qui passe tuée et le landau emportant son bébé qui dévale les marches en cahotant, la vieille dame en lunette qui croit pouvoir implorer la troupe et se fait sabrer par les cosaques. Le cuirassé réplique en tirant sur l’état-major de la ville. Mais déjà l’équipage s’interroge : quelle conduite tenir alors que l’escadre amirale approche pour écraser la mutinerie ?

Les images sont superbes. Parfois des tableaux de Turner, parfois des portraits expressionnistes. Eisenstein met autant en valeur la noblesse de femmes maternelles et protectrices et leur regard de compassion sur les braves fils de la Russie (des soldats de Tchtéchénie, les femmes prennent encore la défense devant l’Etat: « nos enfants sont des chrétiens !») que la solidarité des hommes se muant en conscience politique collective ou la beauté innocente des jeunes marins aux pommettes saillantes.


Nicolas Plagne
( Mis en ligne le 22/12/2006 )
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