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Je suis un animal
avec Daniel Odoul, Mathieu Amalric, Stéphane  Terpereau, Ludmila  Ruoso, Tiara  Comte
BAC Vidéo 2008 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée film 75 mn.
Classification : - 16 ans

Sortie cinéma, Pays : 2007, France

Version : 1 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.77 (couleurs)
Format audio : Français (Dolby digital 5.1)
Sous-titres : Aucun

Bonus :
- Ce que vous n’avez pas vu par Jacques Cheneau, psychanalyste
- Ce que vous auriez pu voir, interview de Mathieu Amalric
- Anima, court métrage de Damien Adoul
- Scènes montées, coupées au montage
- Filmographies
- Galerie photos
- Bandes annonces
- Liens Internet

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Mathieu Amalric joue encore le parisien névrosé, si ce n’est torturé, en lutte permanente avec lui-même, et en proie au désenchantement. Dans cette histoire décousue, il campe un personnage déclassé, obsédé sexuel et voyeuriste, qui se perd dans les contrées obscures du désir et de la luxure. Mi-oisif, mi-artiste, ne pouvant accepter une vie de couple rangée, il décide de rencontrer des jeunes femmes afin de s’adonner le plus souvent possible au plaisir insatiable du sexe. Accompagné de son acolyte (Stéphane Terpereau), qui est censé les lui fournir en les recrutant au moyen de faux casting, il va se plonger corps et âme dans une aventure sexuelle sans précédent. Nymphomanes, prostitués, voisines hystériques, femmes sentimentales, étudiantes lubriques, passantes sensuelles, tous les clichés du genre féminin y passent. Entre deux pirouettes, il déambule à vélo sous la pluie (toujours avec son collègue), regarde les vidéos des demoiselles dévoilant leurs fantasmes les plus intimes, se met à apprendre la lutte, disserte sur le désir masculin, fréquente son ex-fiancée, qui, tolérante, le laisse entreprendre sa rééducation sexuelle avant de se ré-acoquiner avec lui.

Cinéaste à part, Damien Adoul signe là, comme il dit, un film sur la subversion, déclinant en autant de scènes érotiques les diverses facettes du sexe. Ou du désir, car l’on assiste ici à la vie d’un (pauvre) type en proie à ses pulsions les plus primaires. Là, où Adoul cerne son sujet, c’est d’avantage dans l’opposition entre le désir bestial de l’homme et les fantasmes inavoués de la femme que dans une réelle interrogation sur la difficile question du sexe et des rapports conflictuels entre partenaires.

Amalric se donne à fond dans une interprétation limite, dévoilant son corps, passant le plus clair de son temps entièrement nu, et surtout, ne cachant point sa petite virilité. Curieux que le film ait échappé aux sentences féroces de la censure puisque certaines scènes sont plus qu’éloquentes. Mais le film est pauvre et ne décolle pas d’un voyeurisme complaisant et sans force esthétique. C’est en fait une suite de scènes érotiques (voir pornographiques, au moins pour l’une d’entre elles) qui se suivent, parmi d’autres moments plus contemplatifs, et non un film abouti sur les questions du désir. L’on peut reconnaître peut-être à Adoul une qualité, celle d’avoir filmé des femmes ordinaires, mal fichues ou cruellement quelconques afin de montrer le caractère purement bestial de l’affaire. Le désir s’inscrit dans la chair de l’homme, et peu importe la tête de la fille en face ; ce qui compte, c’est de se libérer de cette tyrannie.

La laideur parcourt en fait tout le film, puisqu’elle est aussi déclinée à travers tous les personnages ou presque, faisant de chaque corps la caractéristique, non pas principale, mais apparente de l’être : Almaric est mal rasé, toujours en sueur, les cheveux sales ; son ami est clairement laid et les femmes qu’ils approchent sont loin d’être des canons de beauté. La laideur baigne aussi les relations physiques de certains protagonistes où l’on assiste d’avantage à l’assouvissement d’une pulsion plutôt qu’à la rencontre de deux corps. Mise à part cela, on reste sur sa faim... dès le début. Almaric en fait parfois trop, on touche souvent au grandiloquent, certaines scènes sont emphatiques, d’autres inutiles. L’humour que défend (à tort) le réalisateur dans son film ne suffit pas à alléger le ton faussement grave du propos et de la mise en scène qui joue sur les couleurs âpres et grises. Le film devient ainsi une succession de scènes mal fichues ne racontant rien et laissant ses personnages à l’abandon. (dans tous les sens du terme !)

Bref, à force de se vouloir subversif pour être subversif, en filmant de manière répétée la crudité du sexe (car ici, Adoul n’y va pas de caméra morte : sexe en érection, gros plans sur le pubis, seins malaxés, fellation accomplies, levrettes à gogo, onanisme forcené, etc., alimentent le récit !), le réalisateur finit par ne plus rien dévoiler. Il ressasse et transforme en banalité ce qui doit être à la source du secret, ces moments denses et importants que seule l’union de deux corps permet ; ce qui ne va pas dire qu’ils ne doivent pas être multipliés par les partenaires ! On est trop dans l’imaginaire porno et pas assez dans la réflexion esthétique sur le désir. Trop dans le subversif gratuit et pas assez dans la suggestion érotique. Même Almaric finit par énerver à force d’éructer et de s’oublier dans la luxure. Du coup, on ne s’intéresse pas aux situations, ni même au personnage secondaire, qui lui, trouve l’amour en la personne d’une jeune femme fidèle et amoureuse. Le traitement brutal ne le permettant en rien.

Cette histoire de Richard O. ne mène nulle part, et ces effets recherchés tombent désespérément à l’eau. Restent quelques scènes chocs qui soulèvent à la fois le cœur et le sexe, mais jamais l’interrogation.


Jean-Laurent Glemin
( Mis en ligne le 04/04/2008 )
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