|
| Films -> |
| | | Rechercher un réalisateur/acteur | |
| Films -> Comédie dramatique |
Le soldat Chveik en Russie
avec Jirí Menzel, Gennadi Nazarov, Zoya Buryak, Vladimir Ilyin
MK2 2008 / 19.99 € - 130.93 ffr.
Durée film 104 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma, Pays : Russie, 1994
Sortie DVD : Août 2008
Titre original : Zivot a neobycejna dobrodruzstvi vojaka Ivana Conkina
Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Russe, Français Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Français
Bonus :
- Bande annonce
L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est lauteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.
Imprimer
Avant de tourner l'hilarant Moi qui ai servi le roi d'Angleterre (2006) d'après Bohumil Hrabal, Les Aventures d'Ivan Tchonkine était le dernier film en date du grand cinéaste tchèque Jirí Menzel (qui est aussi un acteur), d'après un roman de Vladimir Vojnovich. On saisit dès les premières images l'attrait du cinéaste pour cette histoire burlesque et ironique.
Né le 23 Février 1938 à Prague, Jirí Menzel suit une formation dans la célèbre institution cinématographique de son pays, la FAMU, l'École de cinéma de Prague. Avant d'aborder le métier de cinéaste, il tente une carrière de comédien, puis il devient assistant réalisateur pour Vera Chytilova. En 1965, il prend la caméra pour diriger l'un des cinq segments du film Les Petites Perles au fond de l'eau, basé sur cinq histoires de l'écrivain tchèque Bohumil Hrabal.
Le premier long métrage de Jiri Menzel en 1966 permet au jeune réalisateur de se faire connaître sur la scène internationale : Trains étroitement surveillés, à nouveau basé sur un roman de Bohumil Hrabal, obtient l'Oscar du Meilleur film étranger. Suivra le délicat Un été capricieux (1967). Mais les évènements du Printemps de Prague de 1968 interrompent momentanément sa carrière. Ce n'est qu'en 1975 que Jiri Menzel reprend le chemin des studios, en tant que réalisateur pour A l'orée de la forêt. Jiri Menzel signe pendant les années 80 des films mettant en évidence son point de vue mordant sur ses contemporains, comme dans Postriziny (1981), Mon Cher Petit Village (1985) et Alouettes, le fil à la patte (1990).
Même si Les Aventures d'Ivan Tchonkine se passe en Russie, l'angle de vue est nettement "tchèque". Pour une fois, c'est la Russie qui est sous l'emprise de la République Tchèque... Humour typiquement tchèque ! En Russie, le soldat Ivan Tchonkine est muté dans un village perdu durant l'été 1941 pour y surveiller un vieux bimoteur abandonné par l'armée. Il tombe amoureux de sa jeune voisine, une postière, et le couple n'arrête pas de faire l'amour avec entrain. Mais ce bonheur spectaculaire déclenche la jalousie des villageois qui dénoncent Ivan au KGB. Une armée entière est alors envoyée pour l'anéantir... après une confusion où l'on mélange, à cause de la mauvaise communication, "blonde qui fait son poids" et "bande imposante". Or, Ivan Tchonkine est tout seul !
Il serait illusoire de voir dans ce film une pure et cinglante dénonciation du régime soviétique. Bien sûr, ce dernier est tourné en dérision mais cette dérision concerne tous les registres de la narration, tous les personnages pour ainsi dire. Jirí Menzel a toujours aimé le ridicule, ombre inhérente à tout être humain. Ce ridicule n'est jamais méprisant ; il est plutôt destiné à montrer l'être humain dans sa réelle condition. Plus celui-ci veut se croire beau, fort et intelligent, plus le cinéaste montre les craquelures de cette prétendue image lisse et irréprochable.
On pense à l'oeuvre romanesque de Jaroslav Hasek, fort célèbre en République Tchèque pour son humour décapant (Le Brave soldat Chveik). Ici, le soldat Tchonkine est certes un piètre soldat. Ce n'est pas quelqu'un de particulièrement intelligent. Pas très futé donc, mais sympathique avec son côté benêt et son amour pour Njura qui n'en peut plus de faire la chose dans tous les coins de la ferme ! Quand on lui fait croire que le cochon a d'étranges rapports avec sa bien-aimée, il y croit et veut tuer le porc, au demeurant fort sympathique. Jaloux, Tchonkine quitte Njura et va coucher sous son avion. Le plus risible est que quelques instants plus tôt, Tchonkine avait avoué qu'on lui avait joué un sale tour, mais en envoyant le cochon se frotter contre les jambes de Njura, par pure affection, le sang du soldat n'a fait qu'un tour !
Pour Menzel, il s'agit de croquer des personnages, de se moquer de leur attitude et d'ironiser fortement sur les situations. Voir un officiel du parti se signer avant d'aller faire un discours prête à sourire surtout quand un second n'arrête pas de picoler à la vodka. Rien ne va plus dans ce pays communiste !
Sans avoir la délicatesse et la poésie de son chef d'oeuvre Trains étroitement surveillés, Les Aventures d'Ivan Tchonkine reste un film fort bien réalisé et drôle ; il nous fait retrouver cet humour tchèque si particulier, un humour qui manque tant dans la cinématographie mondiale actuelle.
Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 12/09/2008 )
Imprimer | |
|
|
|
|
|