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Films -> Comédie dramatique |
Etre au monde avec Naomi Kawase, Shigeki Uda, Machiko Ono, Kanako Masuda MK2 2009 / 14.99 € - 98.18 ffr. Durée film 93 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : Japon, 2007
Sortie DVD : 7 Mai 2009
Titre original : Mogari no mori
Version : 1 DVD-9, Zone 2
Format vidéo : PAL, Format 1.85
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Japonais, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Bonus :
- Bande annonce
Grand Prix au Festival de Cannes 2007 Imprimer
Shigeki vit dans une petite maison de retraite sous le regard bienveillant dune aide-soignante, Machiko. Sans le savoir, tous deux partagent un lourd secret : la perte dun être cher. A la suite dun accident de voiture, Shigeki et Machiko se retrouvent seuls et désemparés. Lorsque le vieil homme senfonce dans la forêt voisine, Machiko na dautre choix que de le suivre. Cest là, au cur de cette nature protectrice, quils vont à nouveau se sentir vivants
Premières images, premier personnage, la Forêt, grande masse verte, animée par le vent ou une force invisible déjà rassurante et inquiétante tout à la fois. Ses branchages et son feuillage dense sagitent et bruissent doucement sous la lumière vive de lété. Non loin de la lisière, une petite maison de retraite. Shigeki y est pensionnaire, Machiko y fait ses premiers pas daide-soignante.
Le vieil homme et la jeune femme nont pas la même histoire, mais ils portent le même secret, une disparition dont ils ne se remettent pas et qui a laissé leurs curs vides. Il a perdu la femme quil aimait il y a 33 ans. Elle a vu mourir son petit garçon. Ils y survivent mais ont perdu le goût de la vie. Sans paroles, Shigeki et Michiko reconnaissent en lautre la douleur qui les habite ; ils se comprennent et sapprivoisent. «Est-ce que je suis vivant ?», demande Shigeki. Au-delà du bol de riz dont on remplit son estomac, lorsque le cur est vide, comment «se sentir vivant» ?
La Forêt de Mogari se nourrit de la question qui préoccupe toute luvre de Kawase : la perte dun être cher et le temps du deuil. Comment dépasser le vide laissé par une disparition ? Comment jouir encore de la vie ? Depuis ses premiers films, Naomi Kawase filme le deuil et sa douleur pour mieux nous montrer la vie, mettre en images la sensation dêtre vivant. La collègue de Machiko, à son arrivée dans la maison de retraite, lui souffle une parole espiègle, et rassurante : «Il ny a pas de règles formelles, sais-tu ?» Portés par cette formule magique, les personnages et le spectateur avec eux, vont sinventer un chemin et retrouver leur liberté.
Petit à petit, mais toujours à la faveur dune mise en mouvement inattendue, dune échappée bienvenue, les personnages retrouvent leur désir de vivre, redécouvrent le plaisir simple dêtre au monde. Dans la maison, Michiko, guidée par un bonze, pose sa main sur celle de Shigeki, pour lui faire sentir la chaleur dune autre peau, une sensation de vie. «Vivre cest des sensations», suggère le bonze. Lorsquils pénètrent dans la forêt, la Nature devient un corps qui les enveloppe et les guide. Ils affrontent les Éléments qui, chacun à son tour, vent, pluie, feu, terre, vont constituer une étape du cheminement vers le retour à la vie et lapaisement.
«Quand il fait soleil en hiver, je regardes souvent les branches des arbres agitées par le vent, et les premiers bourgeons en fleur. Je me surprends parfois à pleurer devant la beauté dun tel spectacle. Quand je cherche à exprimer ce sentiment de sécurité que minspire une telle force invisible à lil nu, jai recours aux images», déclare simplement Kawase.
Car ce qui porte véritablement le film nest pas lhistoire à proprement parler de Shigeki et Machiko, mais bien cette expérience sensuelle et sensorielle intense et bouleversante, comme dans ses précédents films, mais peut-être avec plus de puissante encore ici. Toute la force et la beauté du cinéma de Naomi Kawase est dans la recherche et la captation intuitive et fébrile du mouvement de la vie dans toute sa délicatesse ou sa violence. Sans jamais lui asséner un discours, la réalisatrice sadresse au spectateur en le plongeant dans un bain de sensations et de réminiscence, elle va loin, et lui insuffle discrètement un frisson quil a connu et peut-être oublié, celui qui souvent accompagne le plaisir simple dêtre au monde.
Florence Keller ( Mis en ligne le 05/06/2009 ) Imprimer
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