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La comédie des années 90
avec Pierre Salvadori, François Cluzet, Guillaume Depardieu
Pelléas 2012 / 10 € - 65.5 ffr.
Durée DVD 130 mn.
Durée film 95 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma, Pays : France, 1994
Sortie DVD : Octobre 2012
Version : 1 DVD-9, zone 2
Format vidéo : PAL, Format 1.66
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Aucun
Bonus :
- Portrait de famille (documentaire sur lunivers des films de Pierre Salvadori)
- Entretien croisé entre Salvadori, Depardieu, Cluzet et Martin
- Commentaire audio du réalisateur
- Scènes coupées commentées
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Second film de Pierre Salvadori, Les Apprentis est un film générationnel où moyens et grands peuvent se reconnaître tant lanalyse affective et sociale est pointilleuse et intelligente. Emporté par deux acteurs complémentaires et impliqués (Cluzet en dépressif génial et Depardieu en glandeur hors pair), le film dresse le portrait de deux paumés en pleine crise des années 90. Crise économique, sociale et sentimentale que ces années ont définitivement ancrée dans notre époque. On peut voir là comme une relève cinématographique du très bon film dEric Rochant, Un monde sans pitié, qui lui-même clôturait d'une certaine façon les années 80 en faisant un écho aux Valseuses de Bertrand Blier. L'évolution est intéressante, car si Blier présentait le cas de deux loustics marginaux mais sexuellement actifs, le second dressait le portrait d'un jeune homme en quête d'amour alors que Salavadori, plus radicalement, retire la femme du monde de Fred et d'Antoine : Fred n'est que le faire valoir des phantasmes d'Agnès, et Antoine ne peut pas récupérer son amour de jeunesse.
Antoine vit avec Fred dans un appartement que leur prête Benoît qui revient toujours des «States». Si le premier ne parvient pas à percer en écrivant des pièces de boulevard, le second est totalement inactif et assume son existence végétative, vivant au jour le jour. Les deux compères involontaires tentent néanmoins de trouver des solutions mais la crise sociale finira par les rattraper.
Histoire damitié improbable, de désenchantement social et de misère affective, Les Apprentis ferait partie des petits films français si les situations et les dialogues nétaient pas aussi savoureux. Si linfluence de Bertrand Blier nest jamais loin, Salvadori a su créer un style qui lui est propre et donne à son histoire un caractère à la fois universel et personnel.
Chaque scène est presque un chef duvre d'humour noir, de réalisme cru ou de tendresse assumée. Cluzet explose littéralement en personnage qui va sombrer dans la déprime et Depardieu prend son envol en faisant évoluer le caractère de Fred vers plus de maturité. Salvadori gère lémotion de manière très fine (notamment avec les personnages féminins) et dresse un portrait dune génération abandonnée par ses gouvernants. Leur misère affective et sexuelle ne vient pas améliorer leur condition de chômeurs esseulés. Et pourtant leurs interrogations existentielles sont frappantes malgré la réalité qui les dépasse (voir la très belle scène de descente de ski dans lescalier de leur bâtiment !).
Malgré la réussite de ce film, Salvadori na jamais vraiment confirmé son talent par la suite. Les Apprentis est une tragi-comédie moderne où tous les thèmes de notre société sont abordés : chômage, solitude, exclusion, dépression, hypocondrie, travail abrutissant, famille éclatée. Seuls lamour et lamitié peuvent faire renaître un personnage, et cest ce que la formidable dernière scène tend à montrer. Tout est magnifiquement signifié dans cette comédie faite avec beaucoup de dérision, ce qui empêche de tomber dans la gravité facile.
Presque 20 ans après sa sortie, le film répond parfaitement au besoin cinématographique du cinéphile en mal duvres aussi abouties. Des acteurs magnifiques, un scénario original, des dialogues savoureux et surtout un état des lieux extrêmement subtil sur lépoque actuelle. A noter, la présence dans le bonus, de scènes coupées au montage, toujours dans la veine humoristique du film. A (re)voir durgence !
Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 19/10/2012 )
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