L'actualité du livre Mercredi 24 avril 2024
  
 
     
Films  ->  

Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un réalisateur/acteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Films  ->  Comédie dramatique  
2046
avec Wong Kar-Wai, Tony Leung, Gong Li, Zhang Ziyi, Faye Wong, Maggie Cheung
Océans Films 2005 /  24.99  € - 163.68 ffr.
Durée film 123 mn.
Classification : Tous publics

Edition collector limitée, coffret métal avec hublot transparent

Version : DVD 9/Zone 2
Format image : 16/9 compatible 4/3
Format vidéo : 2.35
Format audio : Version originale en cantonais, mandarin et japonais (Dolby Digital 5.1 et DTS 5.1), version française (Dolby Digital 5.1)
Sous-titres : Français

Suppléments DVD 1 :
Bandes annonces In the Mood for Love et 2046
Chapitrage musical et commentaires sur la musique

Suppléments DVD 2 :
Huit scènes inédites dont une fin alternative (20 mn)
Making of (37 mn)
Entretiens avec Wong Kar Wai, Tony Leung et Zhang Ziyi (17 mn)
2046 vu par Michel Ciment, Jean-Michel Frodon et Pascal Mérigeau (20 mn)
Légendes cannoises : présentation du film au festival de Cannes (27 mn)
Anatomie du souvenir : conception de la ville futuriste en images de synthèse (5 mn)
Evolution du film de 2002 à 2004
La musique : introduction par Wong Kar Wai, liste des morceaux, biographies, clip inédit
Galerie d’affiches et projets d’affiches
Galerie de photos inédites : scènes coupées et nouveaux points de vue
Numérologie : le sens des nombres du film
Devant et derrière la caméra : fiches artistique et technique, biofilmographies
Catalogue Océan
Section ROM : dossier de presse du film, économiseur d’écran, fonds d’écran, lien internet
Bonus caché : casting de voix pour le doublage d’une scène

Guide du voyageur : livret collector de 12 pages, brochure à l’usage des passagers du train en partance pour 2046, ou manuel de navigation dans les menus des deux DVD.

Imprimer


Qu’est-ce que 2046 : juste un nombre, une année, une chambre d’hôtel, le numéro d’un train, une ville, le titre d’un roman, le huitième film de Wong Kar Wai ? Toutes les réponses semblent justes, à condition bien sûr de regarder ce qu’il se passe dans la dernière… Nous y retrouvons M. Chow, le héros d’In the Mood for Love, s’installant à Hong-Kong à la fin de l’année 1966. Portant à présent la moustache, cet ancien romantique s’est transformé en un play-boy cruel, qui ne cherche que des flirts sans engagement et sans conséquence. Le numéro d’une chambre de son hôtel lui rappelle des souvenirs qui l’incitent à écrire 2046, un roman de science-fiction érotique où réapparaissent les femmes de sa vie. Il y est question d’un train menant jusqu’à 2046, une ville où, paraît-il, rien ne change jamais. Les voyageurs de ce train n’ont qu’une idée en tête : retrouver leurs souvenirs perdus, au risque de ne plus jamais revenir…

S’agit-il bien d’une suite d’In the Mood for Love ? Peut-être, mais pas forcément : on peut y voir une sorte de prolongement des mêmes thèmes, où le personnage central se comporte différemment, et qui ne cherche pas à se raccorder à tout prix aux actions précédentes. Certes, on y retrouve bien, très fugitivement, Maggie Cheung, mais également, directement ou par allusion, des personnages de Nos Années sauvages, son deuxième film… « D’une certaine manière, 2046 est un bilan de mes films précédents », précise Wong Kar Wai. Une sorte d’œuvre globale, qui cherche à intégrer toutes les recherches esthétiques et narratives et toutes les obsessions du cinéaste dans une durée de deux heures. Un projet ambitieux s’il en est.

Le résultat a largement comblé une attente de quatre ans, puisque 2046 a tout d’un rêve de cinéma : des images d’une beauté et d’une élégance incroyables, les plus belles actrices d’Asie dans des robes luxueuses, des musiques nostalgiques et envoûtantes, des cadrages d’un raffinement extrême, une construction complexe où passé, présent, futur, réalité et fiction se mélangent et où les mêmes acteurs jouent plusieurs personnages… Bref, un concentré de tout ce que l’on peut aimer dans les films de Wong Kar Wai, qui reprend ses thèmes de prédilection (le souvenir, le temps, la solitude, les relations amoureuses difficiles) pour en tirer une « recherche du temps perdu » désabusée et même, au final, terriblement triste.

Inconsciemment, M. Chow est prisonnier de son passé, le présent ne fait que l’effleurer sans l’atteindre, et il court vers une solitude inéluctable. « On passe à côté de l’âme sœur si on la rencontre trop tôt ou trop tard », conclut-il avec lucidité. Dans certaines scènes futuristes se déroulant à bord du train en partance vers 2046, le personnage de « l’androïde à émotions différées » exprime d’une façon bouleversante son incapacité à réagir au monde en temps réel, à apprécier les sentiments qu’on lui offre. Dans l’ensemble du film, les cadrages méticuleux du cinéaste, qui ne cesse de restreindre l’espace des personnages en les décentrant et en plaçant des cloisons ou des objets qui les cachent en partie, accentuent l’impression d’emprisonnement et d’étouffement, créant parfois un véritable malaise. Une sensation qui s’accorde tout à fait au ressassement mental de M. Chow et au cloisonnement des lieux : toujours les mêmes couloirs, les mêmes chambres, les mêmes salles de restaurant, très rarement un coin de ciel. Cet esthétisme radical n’a pas que des adeptes, certains le trouvant froid et artificiel.

La complexité de 2046, labyrinthe mental et temporel, est à l’image de sa genèse, longue et difficile : tournage étalé sur 4 ans, arrivée et projection au festival de Cannes dans des conditions surréalistes… Tout fait de ce film une œuvre limite et à part, comme l’est Wong Kar Wai, cinéaste dandy d’un perfectionnisme comparé à celui de Stanley Kubrick ! Parmi les très nombreux suppléments (trois heures) occupant tout le deuxième DVD, on visionnera pour plus de détails les « Légendes cannoises » et les « Regards croisés » de WKW, Tony Leung et Zhang Ziyi. Cette édition luxueuse, qui comporte un livret très original (le « Guide du voyageur », un manuel de navigation dans les menus des DVD séparé en « zones » 1963, 1966, 1967, 2046 et 1224-1225…), propose également huit scènes inédites, dont certaines sont des perles. Les autres suppléments (making of, commentaires, bandes-annonces, affiches…) sont plus conventionnels. Notons également qu’une nouvelle version française a été spécialement conçue pour le DVD.

Posons quand même une question embarrassante : 2046 n’est-il pas une limite pour le « système Wong Kar Wai », un extrême esthétique au-delà duquel il ferait peut-être mieux de ne pas s’aventurer, sous peine de devenir lassant et indigeste ? Ce film-bilan doit-il aussi marquer la fin d’une période ? Tony Leung, à présent acteur fétiche du cinéaste, donne un début de réponse à cette crainte, en affirmant qu’il ne pourra aller plus loin dans cette direction avec ce type d’histoire, et qu’il tentera donc « quelque chose d’autre, d’encore plus intéressant ». On espère bien qu’il a raison !


Ludovic Ligot
( Mis en ligne le 30/05/2005 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Nos années sauvages
       de Wong Kar-Wai
  • Coffret Wong Kar-Wai : Les anges déchus
       de Wong Kar-Wai
  • Coffret Wong Kar-Wai : Happy Together
       de Wong Kar-Wai
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd