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Revenir à Volver
avec Pedro Almodovar, Penelope Cruz, Carmen Maura, Lola Duenas, Chus Lampreave
Fox Pathé Europa 2006 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée film 121 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 2005, Espagne

Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo :16/9 compatible 4/3
Format image : 2.35 (couleurs)
Format audio : Espagnol, Français (Dolby Digital 5.1)
Sous-titres : Français

Bonus :
- Bande-annonce
- Commentaires audio de Pedro Almodovar et Penélope Cruz
- Volver vu par Almodovar (26 min.)
- Galerie de photos

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Dans la banlieue madrilène, Raimunda (Penélope Cruz) à fort à faire entre un mari macho libidineux, finalement occis par une fille habile au self-defense ; son cadavre donc, réfrigéré dans le restau du coin, le-dit restaurant dont elle reprend la gérance clandestinement ; et son village d'enfance, hanté par autant de fantômes : une tante aveugle, une mère (Carmen Maura) morte dans un incendie avec son père... mais pourtant bien de retour, et un passé lourd à porter...

Mais Raimunda est aussi forte qu'elle est sublime : yeux de charbon, aussi étincelants et tranchants que le diamant, cheveux d'ébène, moue superbe, poitrine charnue et caractère trempé dans l'acier, mais un coeur d'or. On l'adore d'emblée, aussitôt amoureux, touché, complice, et l'on suit, gourmand et la larme à l'oeil, le drame qui lie, non sans humour et tendresse, cette poignée de femmes aux poignes de fer. Car Raimunda et sa fille peuvent compter sur leur soeur et tante, la superstitieuse Sole (Lola Duenas), accessoirement coiffeuse au noir et hébergeuse de la mamma revenante ; sur Agustina, la voisine et amie d'enfance, atteinte d'un cancer et, elle aussi, hantée par un passé peu commode ; et sur toutes les femmes de ce quartier populaire de la capitale, la prostituée latine mammelue, la voisine pourvoyeuse de chorizo et douceurs du pays... Autant de figures maternelles sur lesquelles Almodovar, une fois de plus, nous dit, en une tonitruante V.O. espagnole, son vibrant amour de la femme. Un pur chef-d'oeuvre !

Les raisons pour vouer à ce film et son auteur un quasi-culte sont légion. La complexité du scénario (une histoire dont l'écrivain Leo Macias – Marisa Paredes – parlait déjà dans La Fleur de mon secret !) et la finesse des psychologies féminines ; le jeu des actrices qui, de fait, méritaient leur palme collective à Cannes ce printemps ; la beauté esthétique d'un film où, une fois de plus, pas un plan n'est laissé au hasard ni sa composition prise à la légère, dans le choix du moindre objet, dans l'arrangement des couleurs, le découpage, toute une géométrie et une polychromie almodovariennes, avec la dominance du rouge, recurrente, il va sans dire. On retient le sillon des seins de la belle, occupant pour moitié un cadre en le partageant avec un évier plein de sa vaisselle qu'elle lave, avant que n'y passe le couteau meurtrier ; le corps de l'époux et la fleur de sang qui se dessine autour du cadavre sur un carrelage turquoise ; Raimunda et sa fille à un arrêt de bus dans un suggestif camaïeu de rouges. Quoi d'autre ? La B.O. bien sûr, et une fois de plus, une mélodie synecdotique, résumant à elle seule le film en son entier : Volver, tango repris par Estrella Morante, dont Penélope Cruz livre dans une scène d'anthologie un playback confondant.

Révélée par Almodovar au monde entier (Tout sur mère), l'actrice est ici sublimée et fait oublier dans l'instant tous les nanars américains dans lesquels elle se fourvoie hélas trop souvent. Volver marque ainsi le grand retour, aussi, de l'actrice à son réalisateur fétiche et à son cinéma national. Rien à dire : belle comme jamais, femme 100 % femme, à la Sofia Loren, référence évidente et affichée par Almodovar, mère hypersensible et féroce... les qualificatifs manquent pour désigner un personnage aussi identifié à son actrice, et inversement. On ne l'oubliera pas. Penélope : «Welcome back !»

Autre retour, celui de Carmen Maura, complice des premiers films, qu'une bouderie réciproque avait éloignée de l'oeil du cinéaste depuis Femmes au bord de la crise de nerf. Elle campe ici une vieille attachante, revenue d'entre les morts dans sa blouse typique et ses cheveux mal coiffés, pétomane éhontée, pour le plaisir de ses filles... Le retour de la mère permettra à Raimunda de solder une incompréhension... et enterrer une fois pour toute ce passé entêtant.

Bref, il faut venir et revenir à Volver. Y revenir car le film est inépuisable, parce que la seconde lecture, en connaissance du dénouement, teinte d'une lumière autre l'intrigue entière et que le regard pourra y débusquer des détails de mise en scène inaperçus la première fois. Mise en scène que le réalisateur explicite dans une longue interview proposée en bonus ici, de même que dans les commentaires audio du film, en compagnie de son actrice principale. Y revenir pour retrouver simplement ces femmes qui s'embrassent avec bruit et toute la force de leur amour, les plaines de la Mancha, maltraitées par les vents, ou la réconfortante chaleur d'un buffet avec victuailles ibères et tempo plaintif d'un tango argentin...


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 29/11/2006 )
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