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La Galaxie Akerman
avec Chantal Akerman, Delphine Seyrig, Aurore Clément, Jean-Pierre Cassel, Niels Arestrup, Jacques Doniol-Valcroze
Carlotta Films 2007 /  55  € - 360.25 ffr.
Durée film 718 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 1968-1978, Belgique

Version : 1 DVD 5 et 4 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.33 (couleurs et noir & blanc)
Format audio : Français (Dolby Digital Mono)
Sous-titres : Sans

DVD Films :
- Hôtel Monterey
- Je tu il elle
- Jeanne Dielman 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles
- News From Home
- Les Rendez-vous d’Anna

DVD Compléments :
- Autour De Jeanne Dielman (1975-2004, 78 mn) : documentaire inédit sur le tournage de Jeanne Dielman, monté par Chantal Akerman
- Entretien avec Chantal Akerman (1996, 17 mn) : autoportrait intime
- Saute Ma Ville (1968, 13 mn) et La Chambre (1972, 11 mn) : 2 courts métrages de Chantal Akerman
- Trois entretiens inédits par Chantal Akerman avec Babette Mangolte, chef-opératrice, Natalia Akerman, mère de Chantal et Aurore Clément, actrice

L’auteur du compte rendu : Benoît Pupier, est membre du collectif
Cineades

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Hôtel Monterey (1972, couleurs, muet, 60 mn)

C’est un hôtel pour nécessiteux, à New York. C’est une captation fragmentaire, sans histoire, une description silencieuse du hall jusqu’au dernier étage, pendant quelques heures, pendant que la lumière change. Il y a des plans fixes, de très lents travellings avant et arrière, des aperçus de portes et de fenêtres. Il y a des clients anonymes, immobiles, avec leurs vies hypothétiques. Chantal Akerman a 21 ans quand elle produit et tourne ce film.

Je tu il elle (1975, N&B, 82 mn)

Un personnage solitaire, une jeune femme (Chantal Akerman), erre dans l’immobilité de son petit appartement. Elle déplace les meubles, s’allonge par terre. Qu’en est-il du monde ? Elle écrit des lettres, elle les étale sur le sol, elle mange du sucre à la petite cuillère, elle recommence. Lettres à soi-même ? Un soir, elle sort, un camionneur (Niels Arestrup) s’arrête. Ils font un bout de route ensemble. Il parle de lui, des femmes, de son désir. Il prend sa main. La nuit, toujours, elle va chez une amie (Claire Wauthion) qui la repousse d’abord. Elle mange, elle a faim. Amantes d’un soir, elles partagent un lit. C’est cru, doux, bagarreur, enjoué, sexuel.

Jeanne Dielman 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975, couleurs, 193 mn)

Jeanne Dielman (Delphine Seyrig) est une jeune veuve qui vit seule avec son fils adolescent. Les jours se suivent, identiques. L’emploi du temps est réglé entre les tâches ménagères, les courses à l’extérieur, le lit à déplier dans le salon le soir, les pommes de terre à éplucher, la serviette à poser sur le dessus de lit de la chambre, les rendez-vous avec quelques hommes pour arrondir les fins de mois, l’argent à glisser dans la soupière sur la table du salon, le passage par la salle de bain pour se laver, les devoirs du fils à surveiller. C’est une obsession de la répétition, une aliénation traquées par des plans fixes. C’est une petite mécanique des gestes quotidiens. C’est une expérience de la durée. L’adolescent interroge sa mère sur la sexualité. « Il faut dormir ! », répond-elle. Un matin, le réveil ne sonne pas à la bonne heure, c’est un dérèglement, un surgissement d’une angoisse refoulée, l’apparition d’une violence sourde.

Autour de Jeanne Dielman (1975-2004, N&B, 78 mn)

Autour de Jeanne Dielman est un documentaire sur le tournage avec une équipe presque exclusivement féminine. La frêle Chantal Akerman dialogue avec l’exigeante Delphine Seyrig, cherche la précision des gestes, refuse le psychologisme. L’actrice, grande sœur bienveillante, qui a déjà tourné avec Resnais, Duras, Losey, Buñuel, Klein, Demy, pousse la jeune cinéaste à extraire d’elle-même la certitude de ses choix de mise en scène. Entretien avec Chantal Akerman (1996) est un autoportrait face caméra, retour intime de la cinéaste sur son travail.

News From Home (1976, couleurs, 85 mn)

Sur des travellings ou des longs plans fixes de New York (métro, rues, bâtiments), la cinéaste lit les lettres envoyées de Belgique par sa mère, après son arrivée aux États-Unis, seule, quelques années auparavant. L’œuvre de Chantal Akerman a toujours une dimension autobiographique. Sa mère s’inquiète, trouve le temps long, donne des nouvelles du pays, de la famille. Deux espaces, deux temporalités se superposent par ce dialogue de l’image et de la parole.

Saute ma ville (1968, N&B, 13 mn)

Un premier court métrage. Dans la cuisine familiale de Belgique, l’apprenti cinéaste de 18 ans, également actrice, invente un ballet burlesque autour des tâches ménagères tournées en dérision. La Chambre (1972, couleurs, muet, 17 mn) est une expérience, un film dispositif. Un long et lent panoramique parcourt plusieurs fois l’espace d’une chambre. Sur son lit, la cinéaste mange une pomme !

Les Rendez-vous d’Anna (1978, couleurs, 122 mn).

C’est un road movie ferroviaire teinté d’autobiographie. Une jeune cinéaste (Aurore Clément) voyage d’un pays à l’autre pour accompagner la présentation de ses films en salle. Elle est anxieuse, car elle ne parvient pas à joindre en Italie, une amie, une amante. C’est une errance : à chaque étape de son trajet, Anna fait une rencontre, avant de repartir. De fuir ? Chacun de ses interlocuteurs sont des solitaires. A Essen, en Allemagne, c’est un directeur de ciné-club, Heinrich. Ils terminent la soirée ensemble. Brusquement, dans un geste amoureux impossible, elle lui demande de partir. Elle le reverra pourtant le lendemain. Il évoquera son père, mort à Stalingrad, sa femme disparue. A Cologne, elle passe un moment avec Ida, une amie de sa mère, qui est aussi la mère d’un ex-petit ami, encore amoureux. Si elle voulait… Dans un train, Anna croise un homme, nomade perpétuel, en quête de stabilité. A Bruxelles, elle fait une halte, retrouve sa mère, passe une nuit à l’hôtel avec elle. Sa mère parle de son père, malade. Puis à Paris, elle retrouve son compagnon Daniel (Jean-Pierre Cassel), en crise. Elle s’occupe de lui, pose son corps nu tout contre lui, retourne chez elle, écoute les messages laissés sur son répondeur pendant son absence.

Entretien avec Babette Mangolte (2007, couleurs, 31 mn)

Conversation avec la chef opératrice d’Hotel Monterey, La Chambre, Jeanne Dielman. Les deux femmes reviennent sur le New York du début des années 70. Entretien avec ma mère, Natalia Akerman (2007, couleurs, 28 mn) : conversations entre la mère et la fille autour des films, autour de l’intime et de la famille dans les films. Entretien avec Aurore Clément (2007, couleurs, 18 mn) : la cinéaste et l’actrice des Rendez-vous d’Anna évoquent leur rencontre, leur travail.

Née en Belgique en 1950 à Bruxelles, Chantal Akerman part très tôt aux Etats-Unis et découvre New York. Les films de ce coffret sont les premiers de sa filmographie et initient plusieurs thèmes : expérience du décentrement géographique (Hôtel Monterey, News from home), errance (News From Home, Je tu il elle, Les Rendez-vous d’Anna), autobiographie (News From Home, Les Rendez-vous d’Anna), érotisme. Dans une proximité avec Jean Eustache ou Philippe Garrel (Chantal Akerman est actrice dans Les Ministères de l'art, Elle a passé tant d'heures sous les sunlights), Chantal Akerman place sa propre intimité au cœur de ses films : elle est actrice des ses films (Je tu il elle), met en scène des personnages féminins proches d’elle-même (présences singulières de Delphine Seyrig, Aurore Clément), s’ouvre au documentaire (Hôtel Monterey, News From Home). Il y a dans ses films une mélancolie, une séparation et un retour permanents vers l’espace familial et la présence maternelle. Il y a dans le cinéma d’Akerman une expérience de la durée, une douleur amoureuse, une rigueur du plan, un travail sériel des événements, des mouvements de caméras (longs travellings) et des gestes, un dialogue fiction documentaire. Elle adapte librement Proust en 2001 dans La Captive avec Stanislas Merhar, Sylvie Testud. Ce coffret des premiers films permet de saisir la trajectoire, la cohérence de l’œuvre.


Benoît Pupier
( Mis en ligne le 25/05/2007 )
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