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Nelson et James avec Bille August, Joseph Fiennes, Dennis Haysbert, Diane Kruger Paramount 2007 / 19.99 € - 130.93 ffr. Durée film 113 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : 2007, Royaume Uni/Allemagne/Belgique/Luxembourg/
Afrique du Sud
Titre original : Goodbye Bafana
Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 2.35 (couleurs)
Format audio : Anglais, Français, Espagnol (Dolby Digital 5.1)
Sous-titres : Anglais pour les malentendants, Français, Espagnol
Bonus :
- Le Making of (25 mn) Imprimer
Bille August, réalisateur danois célèbre pour avoir obtenu deux palmes à Cannes en 1988 pour Pelle le conquérant et en 1992 pour Les Meilleures intentions revient ici avec un film à la fois personnel et historique. Goodbye Bafana relate lhistoire assez incroyable de la relation queut le prisonnier Nelson Mandela avec son geôlier particulier, James Gregory, durant plus de 20 ans. Le film est une adaptation des mémoires de Gregory, disparu en 2003, Le Regard de lantilope.
LApartheid, politique de ségrégation raciale dAfrique du sud, débuta dans les années 1910 mais cest surtout en 1948 que le gouvernement nationaliste de lépoque, le parti national Afrikaner, en fit sa priorité. En 1963, lactiviste de gauche Mandela, auteur dune charte visant à lutter contre la ségrégation et pour la paix entre les races, est arrêté. Il sortira de prison vingt-sept ans plus tard et deviendra président de lAfrique du sud en 1994.
Le but dAugust est de raconter une petite histoire dans la grande. Cest souvent celle-ci qui peut faire changer les choses, semble nous dire le réalisateur. Le gardien de prison James Gregory (Joseph Fiennes), parlant le dialecte local, langue maternelle de Mandela, est promu et intègre la prison de lactiviste noir pour mieux lespionner et en rapporter les faits à ses supérieurs. A chaque changement de prison de Mandela entre 1968 et 1988, lui et sa famille le suivront, sinstallant dans les parages pour mener cette mission le mieux possible. Si au début de son intégration le geôlier est une espèce dabruti raciste obsédé par sa carrière et sa famille, la rencontre avec Mandela va de suite, alors que peu de mots sont échangés, bouleverser ses conceptions primaires et sa vision de lApartheid. Vivant dans une société ouvertement raciste, sa famille ne sindigne à aucun moment du traitement fait à la population noire. Le travail de maton de Gregory consiste à surveiller les prisonniers, à leur parler comme à des chiens, à lire et censurer leur courrier, à écouter les entretiens privés, puis à rapporter les informations au supérieur hiérarchique.
Mais lhistoire ne sarrête pas là : Gregory, lorsquil était enfant, a connu un enfant noir nommé Bafana avec lequel il jouait. Un véritable ami auquel lui fait penser inconsciemment Mandela. Ne le reniant jamais (voir la belle scène où sa femme se fiche dune photo où ils posaient tous deux quand lui, inflexible, ne pipe mot, gardant en lui limage dans son ancien copain noir), le geôlier garde cette amitié qui fait ombre sur sa carrière et au fond de sa mémoire, souvenir heureux qui va influer sur son comportement et son attitude de maton souvent primaire. Le symbole est un peu limité, nempêche que Gregory commence à réfléchir sur les positions politiques de Mandela et daigne lui concéder quelques libertés, infimes peut-être, mais bien réelles. Le jeu est dangereux, car en période de dictature, le geôlier nest pas plus libre de ses mouvements que le plus faible des détenus et les conséquences vont peser sur son quotidien professionnel et familial.
Durant plus de vingt ans, le film aborde ce semblant de relation courtoise entre les deux hommes jusquà lamitié finale peu dannées avant la libération de Mandela, alors placé en résidence surveillée. Lévolution de lhistoire et du pouvoir politique correspond donc à celle des deux hommes. Si au début lhostilité est de rigueur, le blanc et le noir vont, dans un silence imposé et une distance maintenue, sapprécier mutuellement, parlant des droits des uns et des autres, du peuple noir soumis à loppression la plus barbare. Si August a choisi de traiter son film à travers le regard du geôlier, cest avant tout pour montrer la prise de conscience, longue, difficile, mais menée à terme, du personnage quinterprète magnifiquement Joseph Fiennes, jamais pathos, toujours distant avec ses émotions, apportant à son personnage une complexité touchante et troublante. Par opposition à sa femme (Diane Kruger, convaincante en pimbêche raciste), qui elle, ne finit par accepter Mandela que par mimétisme au moment où celui-ci sort de prison et a ladhésion de tous. Gregory, lui devance de quelques années lévolution des mentalités de son pays, sa femme en étant le symbole le plus voyant.
Bien sûr, le film propose un traitement académique du scénario à teneur universelle, mais il a le mérite de mettre en scène une histoire vraie, anonyme presque, servie par des personnages emportés par la marche de lHistoire. Mais ce sont de tels hommes qui la font, dans les petits faits du quotidien que ne retient pas la mémoire collective. En cela, le film reconstitue assez bien latmosphère de cette époque, tout en évitant les clichés des films de prisons et des scènes de tortures. August ne livre pas un grand film mais il a le mérite de toucher juste en imposant une relation étroite et digne de deux hommes qui néchangent en tout et pour tout quune centaine de mots sur vingt années de captivité et de fréquentation. Mandela, en sage résistant, est traité de manière quelque peu schématique mais son influence sur le jeune gardien ainsi que sa prestance pèsent tout au long du film. On aurait aimé peut-être voir davantage Mandela et comprendre comment il a pu survivre avec autant de philosophie à une vie gâchée par un pouvoir en place. Mais là nétait pas le sujet de Bille August.
Jean-Laurent Glémin ( Mis en ligne le 16/11/2007 ) Imprimer
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