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La Renaissance du guerrier
avec Daniel Vigne, Gérard Depardieu, Nathalie Baye, Roger Planchon, Bernard-Pierre Donnadieu, Maurice Barrier
TF1 Vidéo 2007 /  12.99  € - 85.08 ffr.
Durée film 106 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 1982, France

Version : 1 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.66 (couleurs)
Format audio : Français (Dolby Digital 2.0 mono)
Sous-titres : Aucun

Bonus :
- Filmographies de Gérard Depardieu, Nathalie Baye et Daniel Vigne
- Liens internet

Récompensé en 1983 par les césars du meilleur scénario original ou adaptation, de la meilleure musique et du meilleur décor.

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De retour après une longue absence dans son village natal d'Artigat dans le Comté de Foix en Ariège, Martin Guerre n’est plus le jeune homme frêle qui a fugué huit années auparavant mais un adulte accompli en pleine force de l’âge. Se rappellant moult détails de la vie de chacun, l’affable revenant ne tarde pas à être reconnu et accueilli à bras ouverts par la plupart des habitants y compris sa famille et sa jeune épouse. Le couple reprend une vie normale et heureuse jusqu’au jour où un événement va compromettre cette belle harmonie. Un vagabond de passage dit avoir connu le vrai Martin Guerre à la bataille de Saint-Quentin en 1557, durant laquelle ce dernier a perdu une jambe. Cette révélation va semer un doute savamment entretenu par son oncle Pierre Guerre (Maurice Barrier) en conflit avec son neveux suite à un contentieux financier. Profitant de la rumeur par la sorte attisée sur une possible usurpation d’identité, Pierre Guerre porte l’affaire devant la justice.

Ce fait divers, l’un des plus célèbres des annales judiciaires, fascina bon nombre d’écrivains qui se nourrirent des comptes rendus du procès consignés à l’époque par Guillaume le Sueur et surtout rédigés et imprimés en 1565 par le Conseiller au Parlement de Toulouse et juge rapporteur au procès, Jean de Coras (interprété par Roger Planchon). Le premier à en faire état fut Montaigne dans le Livre III de ses Essais au chapitre XI sur Les Boîteux. Juriste et contemporain de l’affaire, Montaigne s’interroge sur l’équité de la sentence car le magistrat en charge de cette affaire ayant «fait de l'imposture de celui qu'il jugea coupable, quelque chose de si extraordinaire et qui dépassait de si loin notre connaissance comme la sienne, lui qui était pourtant juge, que je le trouvais bien hardi de l'avoir condamné à être pendu».

La complexité de l’affaire, les motivations des différentes parties agissant en toute sincérité, par amour ou cupidité ainsi que l’oscillation de la justice, tantôt en faveur de la défense tantôt en faveur de l’accusation jusqu’à l’étonnant rebondissement final, contribuèrent à perpétrer le souvenir et l’intérêt suscités par cette histoire à travers les siècles. Alexandre Dumas père écrivit la nouvelle Martin Guerre (dans l’ouvrage Crimes célèbres datant de 1889), avant que des auteurs anglo-saxons du XXe siècle ne s’en emparent. Janet Lewis, écrivain américain spécialiste des romans historiques, publia en 1941 La Femme de Martin Guerre dont un opéra fut tiré en 1967 sur une musique de William Bergsma. L’histoire ainsi exhumée et connue Outre-Atlantique inspira les recherches de l’historienne Natalie Zémon Davis qui rédigea à son tour en 1967 Le Retour de Martin Guerre. S’en suivit une profusion d’œuvres reprenant ce thème : des comédies musicales : The House of Martin Guerre (1993) de Leslie Arden et Anna Theresa Cascio, Martin Guerre (1996) sur un livret d’Alain Boublil et une musique de Claude-Michel Schönberg ; des pièces de théâtre dont The Trials of Martin Guerre (2000) de Frank Cossa ; des films : la transposition par Jon Amiel au temps de la guerre de Sécession de Sommersby (1993) avec Richard Gere et Jodie Foster, Le Retour de Martin Guerre de Daniel Vigne.

L’étude très détaillée de Natalie Zémon Davis, également conseillère technique sur le film, servit de base au long métrage de Daniel Vigne qui cosigna le scénario avec Jean-Claude Carrière. Cette peinture appliquée des mœurs et de la justice du XVIe siècle reste très fidèle à l’histoire, hormis la confession faite à Jean de Coras par l’épouse de Martin Guerre, Bertrande de Rols. Le film, comme la plupart des ouvrages précédemment cités, s’attache à ce personnage marié à l’adolescence, selon des coutumes d’intérêts, à un époux qu’elle n’a pas choisi. Femme abandonnée, Bertrande (sobrement interprétée par Nathalie Baye) paraît se soumettre aux lois de la société en acceptant sans griefs le retour de son époux. Elle tombe sous le charme de cet homme qui a voyagé et sait désormais lire et écrire (le volubile Gérard Depardieu), devenu plus mature, travailleur et ambitieux. L’intrigue tourne donc autour de la bonne foi ou du parjure de la véritable héroïne du film qui, soupçonnée d’adultère, soutient l’homme qu’elle aime au mépris des conventions sociales. Cependant, la mutation de la société, avec sa remise en cause de l’organisation médiévale, n’améliore en rien le statut de la femme comme le constate Madeleine Lazard dans son livre Les Avenues de Fémynie. Les Femmes sous la Renaissance (collection Nouvelles Etudes Historiques, Fayard). L’historienne y met en effet à mal l’idée stéréotypée d’une Renaissance plus favorable aux femmes.

L’autre intérêt du film réside dans le soin apporté à la reconstitution, quoique un peu trop proprette et sans l’usage de la langue d’oc, de la paysannerie au temps de la Renaissance en Midi-Pyrénées sous les règnes de François Ier puis de Henri II. Mise en scène d’une époque et d’une classe sociale qui demeurent peu montrées au cinéma avec les fêtes, entre rites païens et religieux, ainsi que leurs superstitions, comme le désenvoûtement du sort de «l’aiguillette nouée» pratiqué par le prêtre du village. L’esthétique appuyée de certains plans rappelle des œuvres d’artistes officiant durant la première moitié du XVIIe siècle. Les scènes d’intérieur en clair-obscur, éclairées à la bougie se réfèrent aux œuvres de Georges de La Tour tandis que celles de la vie quotidienne des paysans évoquent les peintures de Louis Le Nain. La bande originale composée par Michel Portal s’inspire, elle aussi, de la musique populaire de la Renaissance.

Le montage classique de ce long métrage, qui se regarde sans déplaisir, illustre l’interrogatoire de Bertrande par de nombreux retours en arrière reconstituant chronologiquement l’affaire. Le cinéaste, auteur de quelques films mais surtout de nombreuses réalisations pour la télévision, retint pour les rôles principaux deux valeurs sûres de l’époque : Gérard Depardieu, avec lequel il tournera en 1985 Une femme ou deux, et Nathalie Baye, qu’il engagera pour le téléfilm L’Enfant des lumières (2002). Ces deux comédiens ont été de nouveau réunis en 2007 par Thomas Gilou à l’affiche de Michou d’Auber.


Corinne Garnier
( Mis en ligne le 30/03/2007 )
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