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| Blu-ray Disc |
Berlin vu du ciel
avec Wim Wenders, Bruno Ganz, Solveig Dommartin, Otto Sander, Peter Falk, Nick Cave
Arte Vidéo 2010 / 24.99 € - 163.68 ffr.
Durée film 127 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma, Pays : Allemagne, France
Sortie BD : 22 Septembre 2010
Titre original : Der Himmel über Berlin
Version : 1 BD-50, Zone B
Format vidéo : PAL, Format 1.66, 1080 p.
Format image : Couleurs et N&B, 16/9 natif
Format audio : Allemand Dolby Digital 5.1 DTS-HD, Français 2.0
Sous-titres : Français ; Français pour sourds et malentendants
Bonus :
- «The Angels Among Us» : documentaire avec Wim Wenders, Peter Falk, Bruno Ganz, Otto Sander
- Entretien avec Wim Wenders
- Scènes coupées commentées par Wim Wenders
- Bande annonce
- Livret de 12 pages
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Les premières images des Ailes du Désir peuvent évoquer un double négatif de Paris, Texas. Aux couleurs éclatantes de ce dernier font place les gris neigeux. Au désert aride succède le froid Berlin, et aux tourments familiaux suivent les errances de deux anges. La comparaison tourne pourtant vite court, et rapprocher ces deux uvres napporte finalement pas grand chose si ce nest remarquer que, après une errance américaine dune dizaine dannées, Wim Wenders décide de revenir dans sa patrie natale et de lui offrir un beau film. Lopposition stylistique qui frappe dans ce prologue servirait donc comme à marquer un peu plus ce retour au bercail, une rupture nette avec ce qui précède.
On se souvient de lhistoire : au-dessus de Berlin, cité encore double, les anges écoutent et, parfois, aident les hommes. Invisibles aux yeux de tous, sauf des enfants, ils passent dune épaule à lautre, saisissant les pensées qui sont tues, capturant la détresse de lun ou la joie de lautre. Parmi ces anges immortels ils sont là depuis la nuit des temps , il y a Damiel et Cassiel, deux amis qui, à chacune de leur rencontre, se racontent leur journée, ce quils ont vu et entendu, ce quils en pensent. Mais Damiel en a assez de sa condition dange, il veut devenir un homme : marcher, courir, goûter, fumer, avoir froid
il veut connaître tout ça, et, surtout, il veut connaître lamour. Car il y a cette jeune femme, trapéziste dans le crique itinérant qui sest posé sur le terrain vague. Damiel lobserve faire son numéro, et pour une fois, il nécoute plus les pensées, il regarde seulement
Cela a été dit et redit, voilà un film éminemment poétique, avec tout ce que cela implique, longueurs y compris. Certains passages nont pas si bien vieilli que ça (le numéro de trapèze ou le groupe de rock décharné - nest pas Joy Division qui veut
), et la fin du film, abrupte, natteint pas le climax émotionnel escompté. La faute aussi peut-être à Solveig Dommartin, femme charmante mais un peu fade, ou qui du moins peine à faire croire quelle peut faire craquer un ange présent sur Terre depuis la nuit des temps et qui en a sûrement vu dautres
Nempêche, on tient là lun des plus beaux films de son auteur, après Paris, Texas et LAmi Américain, rempli de superbes idées de cinéma et porté par une ambiance unique, onirique et cotonneuse. La lumière dHenri Alekan est sublime, et la qualité du film tient beaucoup dans la stylisation si particulière de ces images. La mise en scène est dune splendeur absolue. La caméra vole avec ses anges dans des mouvements amples, des travellings souples, des courbes voluptueuses. Wenders rend hommage à Berlin avec le regard de celui qui a souvent parcouru ces rues et traversé ces quartiers. Les scènes dans la bibliothèque sont également dune pure magie : le lieu lié à létude devient paradis hanté par ces anges qui apprennent autant quils observent, qui écoutent avec pudeur et compassion toutes ces connaissances déclamées. Lattention portée aux dialogues (Peter Handke a écrit là plusieurs monologues dune grande sensibilité, dont le plus célèbre ouvre le film : «Als das Kind Kind war
»), mais aussi aux sons (superbes effets de voix, et envoûtante musique de Jürgen Knieper), et la qualité des acteurs portent le film à un exceptionnel niveau de qualité formelle. Le récit, libre et sans filet, empêche pourtant lensemble de tomber dans la démonstration technique froide.
Enfin, le film répond dabord à un fantasme absolu : lire dans les pensées, comprendre lautre dans son être le plus profond, saisir ses doutes et ses espoirs. Derrière ces regards fixes, ces mines renfrognées, chacun vit un tourment intérieur, et, grâce aux anges qui laccompagnent, le spectateur est le témoin privilégié de ces secrets, de ces monologues voués à ne jamais être énoncés.
Lédition Blu-Ray donne évidemment à ce film tout le confort visuel et sonore quil mérite, et les bonus sont bienvenus. Les scènes coupées, notamment, présentent des plans assez étonnants : Wenders avait en effet eu lidée saugrenue de terminer son film par une bataille de tartes à la crème, hommage au slapstick et ancrant ainsi ses anges dans le concret le plus lourdaud. Le passage est surprenant, comme sorti dun autre film. Un entretien avec le réalisateur revient sur les conditions du tournage, linterdiction de filmer du côté Est de la ville, le travail sans scénario et larrivée, non prévue à lorigine, de Peter Falk, lami américain. Enfin, un press kit à laméricaine et datant de 2003 fait intervenir les différents protagonistes du film (de Wenders à Jürgen Knieper) : un peu pompeux («ce film a changé la vie de plusieurs personnes», ou «cest grâce à ce film que des gens se sont mariés»
), et en décalage par rapport à limage du long-métrage de Wenders, tout en sobriété et préférant chuchoter le bonheur de vivre plutôt que de le hurler.
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 01/10/2010 )
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