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Solitude et silence
Stéphane  Guibourgé   Le train fantôme
Flammarion 2001 /  2.42 € -  15.88 ffr. / 300 pages
ISBN : 2-08-068230-X
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Un téléphone qui sonne en vain, un vieil homme qui meurt seul perdu dans la tourmente de ses souvenirs et de ses deuils : solitude et silence sont d’emblée donnés comme les maîtres mots de ce roman sans intrigue qui se contente de jeter une lueur pâle sur des bribes de vie entrecroisées au moment même où elles vont se dénouer.

Avim Agopian va mourir et il le sait. Il est seul et son dernier vœu serait d’avoir Vincent à ses côtés. Vincent, l’élu, celui qu’il a jugé digne de confiance, apte surtout à recevoir et à comprendre sa passion pour les tapis. Mais Vincent ne viendra pas. Ni abandon, ni lâcheté, sa dérobade n’est rien d’autre qu’une mise en acte – en non-acte, plutôt – de cette sauvagerie d’âme faite de gestes avortés, de mots tus, de renoncements, qui le caractérise et conditionne sa façon d’être au monde. Distant, silencieux, d’un abord difficile, il souffre d’une conscience aigüe de son propre néant, de la vacuité qui semble gonfler toutes choses. Il remédie à cette douleur en s’abandonnant à l’amour des livres, des tapis, des voyages, tandis que son ami Alain, tout aussi conscient que lui, échappe au néant en menant une vie vouée à la finance, où chaque décision est une prise de risque, où chaque seconde peut enclore la ruine irrémédiable. Et puis il y a Claire. Ne sachant pas vraiment sur quel mode vivre sa propre vie, ni sa relation avec cet être-mystère qu’est Vincent, elle se jette à corps perdu dans la peinture mais demeure inapte à assumer son geste d’artiste jusqu’au bout : aussitôt achevée, la toile est retournée contre le mur, rejoignant les œuvres précédentes amassées ici et là. En attente, en silence.

Alain, Vincent, Claire, tous prisonniers de leur passé à des degrés divers, se meuvent dans un récit essentiellement descriptif où souvenirs et réminiscences sont convoqués à tout moment, à la faveur d’une image fugitive, d’un mot lancé au détour d’une conversation, d’un geste esquissé. Passé, présent, avenir envisagé se mêlent et se confondent au sein d’un texte où les événements affleurent sans saillir vraiment. Des phrases courtes, elliptiques souvent, qui vident les mots de leur profondeur, achèvent de conférer à l’écriture une légèreté brumeuse. Une atmosphère impressionniste se dessine et s’installe, évoquant ces toiles de Monnet où les pulvérulences de la lumière laissent apparaître des silhouettes sans contours précis, aisément reconnaissables pourtant. Mais dans Le train fantôme, point de lumière : beaucoup de grisaille, de pluie, des crépuscules et des aurores délavés, des étés et des printemps qui ressemblent à des automnes… Peut-être parce que la seule clef proposée pour continuer à vivre repose sur la mort – des êtres chers comme des souvenirs.

Roman des non-dits, du trop tard ou du trop vite, Le Train fantôme est tout entier baigné d’une indicible teinte. Celle des destins qui, sans être ordinaires, ne sont marqués ni par la tragédie ni par le bonheur et au cours desquels le suicide même apparaît comme la simple continuité d’une existence sans réelle consistance. Il n’est pas jusqu’à la brèche optimiste des dernières lignes qui ne soit nuancée d’absence : aux yeux de Vincent, le survivant, "le vrai bonheur, c’est d’avoir quelqu’un à perdre" et son ultime constat – "Je suis vivant" – loin de résonner comme un cri de victoire, reste "un sillage de silence, un murmure". Et de page en page, ce texte instille en nous l’incertaine certitude – dérangeante – que les seules véritables lignes de force d’une vie, fût-ce la plus dense qui se puisse imaginer, sont au fond la solitude et le silence.


Isabelle Roche
( Mis en ligne le 28/09/2001 )
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