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Les nouveaux Mystères de Paris
Patrick  Modiano   La Petite Bijou
Gallimard - Blanche 2001 /  2.21 € -  14.5 ffr. / 160 pages
ISBN : 2-07-076227-0
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Certaines premières phrases de roman résonnent de façon particulière. Ainsi de celle du nouveau roman de Patrick Modiano, aussi parfaite dans son genre que l'ouverture de Salammbô: "Une douzaine d'années avait passé depuis que l'on ne m'appelait plus "la Petite Bijou" et je me trouvais à la station de métro Châtelet à l'heure de pointe". Tout est dans ce petit "et" qui n'a l'air de rien: la puissance du rêve, la fragilité de l'espoir.

C'est ce mince lien entre la mémoire et la conscience d'une part, et d'autre part le réel, ce qu'on appelle l'épreuve des faits, que l'héroïne - une jeune fille de 18 ans - va tâcher de creuser. Avec des mots, de la patience, du temps. Ceux du livre. Dans le métro, la jeune fille rencontre une femme dont le visage ressemble à une photo qu'elle a gardée de sa mère. Sa mère qui l'a abandonnée quelques mois avant la guerre, quittant la France pour le Maroc où elle devait mourir bientôt. Mais cette vérité-là s'évanouit à la faveur du premier mirage venu, lorsque l'héroïne du livre remarque cette femme au manteau jaune au milieu de la foule, et décide de la suivre.

La manière dont les deux figures de mère - l'une réelle, l'autre fantasmée - se superposent, tandis que le train court vers son terminus du Château de Vincennes - est indescriptible. Elle appartient tout entier à l'art de Modiano. Citons simplement cette phrase : "La seule chose que je voulais savoir, c'était où elle avait fini par échouer, douze ans après sa mort au Maroc". On ne saurait mieux exprimer, dans le raccourci de la pensée, la qualité des rapports qu'entretiennent le réel et l'imaginaire. Rapports complexes, pour qui tenterait leur description minutieuse, et en même temps simples, qui ont la simplicité de la vie, celle d'une adolescente déboussolée, d'une paumée à la dérive, en mal de repères, qui répond ou plutôt s'abandonne à la première invite du hasard.

"La Petite Bijou", qui se nomme en réalité Thérèse, avance comme une automate dans un monde à la lisière du réel, presque fantomatique. Sa conscience est une vaste chambre d'échos qui aurait les dimensions du livre, espace où le réel est refaçonné à sa guise, perpétuellement mouvant, répondant sans cesse aux sollicitations de l'imagination et aux fantasmes. Au long de sa quête désoeuvrée elle croisera certains personnages : une pharmacienne qui prend soin d'elle comme une mère ; un polyglotte dont le métier est la rédaction de comptes rendus tirés de l'écoute de radios étrangères et qui répond au nom de Moreau-Badmaev ; un couple, Vera et Michel Valadier, chez qui elle s'est engagée comme baby-sitter. Autant de "ponts" qui la retiennent encore à la vie réelle. Mais s'ils peuvent lui prêter main forte, tous ces personnages n'interviennent que de façon intermittente, ils ne sont que des "oiseaux de passage", des seconds rôles dans un drame particulier : celui d'un être dépossédé de son enfance, d'une conscience orpheline de sa mémoire.

Mots, images, impressions... le passé lui revient par bribes, sans parvenir jamais à une organisation cohérente: bric-à-brac confus avec lequel, dans tous les sens du mot, il faut composer. La narratrice n'a pas de véritable passé Elle n'a pas non plus d'identité bien définie. Mais il arrive qu’une fois le regard - d'amitié, de compassion - que pose la pharmacienne sur Thérèse la fasse renaître à elle-même, provoquant une soudaine et bouleversante épiphanie : "Plus elle me fixait de ses yeux verts, plus je voyais clair en moi. Il me semblait même que je me détachais de moi. C'était simple, il y avait une fille aux cheveux châtains, d'à peine dix-neuf ans, assise ce soir-là sur une banquette du café de la place Blanche. C'est là, sous la lumière électrique, place Blanche, que tout a commencé". Naissance ? Résurrection ? On comprend in fine que Thérèse est la petite soeur de Dora Bruder, et que son drame est le sien.


Thomas Regnier
( Mis en ligne le 01/06/2001 )
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Ailleurs sur le web :
  • Un entretien avec Patrick Modiano sur le site des éditions Gallimard
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