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Impressions... soleil couchant
Vladimir  Nabokov   Détails d'un coucher de soleil - Nouvelles
10/18 - Domaine étranger 2003 /  0.98 € -  6.40 ffr. / 169 pages
ISBN : 2-264-03537-4
FORMAT : 11x18 cm

Titre Original: The stories of Vladimir Nabokov. Traduit de l'anglais par Maurice et Yvonne Couturier
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Vladimir Nabokov est une des valeurs sures de la littérature du siècle dernier. Cet écrivain russe, exilé en Europe puis aux Etats-Unis, acquit de son vivant le statut de classique. Lolita, roman sulfureux paru au
temps de «l’enfant roi», n’est pas étranger à ce succès international. Pourtant, la provocation et l’irrévérence d’une œuvre mettant les sociétés face à leurs écueils n’explique pas entièrement la renommée de l’écrivain. Elle ne fait qu’accompagner en l’amplifiant un superbe talent de plume.

Ce style puissant, les nouvelles de jeunesse que publient les éditions 10/18 le rappellent avec délice. Ces treize récits, écrits par Nabokov entre 1924 et 1935, sont autant d'illustrations saisissantes du monde vécu par cet auteur majuscule. On sent une légère gradation au fil de la lecture, depuis de simples évocations à l’onirisme charmeur jusqu’à des nouvelles où pointe, a-t-on l’impression, l’intention autobiographique.

Les premières nouvelles sont en fait des tableaux. L’intrigue y tient une place ténue. Le décor s’impose avant tout. Nabokov suggère dans ces pages les beautés simples de la vie, les charmes du quotidien, ces riens qui fixent le regard : un crépuscule, une ville dans la nuit, un paysage hivernal et neigeux, la violence d’un orage mise en scène avec un art tout mythologique.

L’auteur sait merveilleusement retranscrire ces beautés-là. L’écriture y est sensuelle, tout à tour violente et apaisée. Historien de son temps, Nabokov immortalise sur le papier des instants disparus, des ambiances aujourd’hui teintées de sépia. Il s’en explique : «Chaque chose, chaque détail seront précieux et chargés de sens […] Je crois que c’est en cela que réside tout le sens de la création littéraire : dans l’art de décrire des objets ordinaires tels que les réfléchiront les miroirs bienveillants des temps futurs ; dans l’art de trouver dans les objets qui nous entourent cette tendresse embaumée que seule la postérité saura discerner et apprécier dans les temps lointains où tous les petits riens de notre vie simple de tous les jours auront pris par eux-mêmes un air exquis, un air de fête.» (pp.60-61)

On aimerait citer de ces évocations tout en préservant chez le lecteur le plaisir de leurs découvertes. Ne pas déflorer la lecture mais proposer quelques exemples pour en donner l’envie. Un orage : «Le Dieu du tonnerre, un géant chenu à la barbe en furie que le vent rejetait par-dessus son épaule, drapé dans les plis flottants d’un vêtement étincelant, debout, penché en arrière, sur son chariot ardent, retenait de ses bras tendus ses formidables coursiers noirs comme du jais à la crinière d’un pourpre flamboyant.» (p.21) Les promenades nocturnes sont l’occasion d’images tout aussi superbes : «La façade miroitante et endiamantée d’un cinéma» (p.39), le «merveilleux fracas, [d’un] train tout illuminé, riant de toutes ses fenêtres.» (p.40). Et bien d’autres choses encore.

Les choses, précisément, comme objet d’attention. Porter une oreille presque religieuse à tout ce qui fait l’ordinaire et le merveilleux de la vie ; on pense évidemment à Francis Ponge. Nabokov enseigne la même vérité : regarder et s’émerveiller, tout simplement. Mais ces beautés ne sont pas forcément tendres. La vie y est présente ; la mort aussi. Ces peintures racontent la vie dans sa violence, vie orgastique et sensuelle, lourde comme un parfum musqué, enivrante mais aussi destructrice.

Cette vie, brouillonne et souvent excessive, Nabokov la raconte avec un art admirable, d’une plume évoquant à elle seule un temps révolu, ce XXe siècle en ces balbutiements, s’ouvrant à une modernité fracassante.

Il faut donc se plonger dans cette belle leçon de choses comme seul un écrivain sait les suggérer, en les exagérant, en grossissant leurs traits pour les rendre visibles autrement, c’est-à-dire belles. «Les écrivains ne sont-ils pas justement ceux que les bagatelles tourmentent ?» (p.70)


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 06/08/2003 )
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