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L’esprit libre
Kateb  Yacine   Parce que c’est une femme - Entretien suivi de 3 pièces de théâtre
Editions des Femmes / Antoinette Fouque 2004 /  2.6 € -  17 ffr. / 176 pages
ISBN : 272100493X
FORMAT : 13 x 20 cm
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Un entretien suivi de trois pièces de théâtre – le tout inédit – constituent le corps de l’ouvrage, enrichi d’une présentation de Zebeïda Cbergui et d’un avant-propos d’El Hassar Benali ainsi que de nombreuses notes et variantes. Cet entretien, qui donne son nom au livre, fut réalisé à Tlemcen en 1972 par le journaliste signataire de l’avant-propos. Au cours de cet échange de paroles, Kateb Yacine insista sur l’importance du théâtre comme révélateur et témoin de l’Histoire. Il y dit le rôle des femmes – essentiel dans l’Histoire de l’Algérie –, de ces femmes qui, dans la culture arabo-islamique, deviennent étrangères aux hommes par cette forme de scission faite entre les sexes dès la puberté. Et ce sont elles qui sont au cœur du livre. Il y exprima, aussi, son désir que l’arabe dialectal, non l’arabe littéraire, soit la langue officielle de son pays, affirmant avec justesse que la langue du peuple fait la nation. Il y défendit, en outre, l’usage du français, car plus on sait, plus on maîtrise. Autant d’idées courageusement exprimées qui lui valurent de connaître brimades et censure. Car Kateb Yacine fut de la race des esprits libres, de ceux qui soufflent contre la haine, l’intolérance, les préjugés, les bornes et autres barrières. Kateb Yacine fut et demeure une Clarté.

De cette liberté de pensée, les trois pièces ici présentes sont le témoignage. Ainsi, La Kahina ou Dihya. Personnage emblématique du VIIe siècle, La Kahina est l’une des grandes figures de la résistance berbère contre l’invasion arabe. Cette femme, membre de la tribu des Djeraouas, lance contre les Arabes une guerre impitoyable, dévastant tout sur son passage de Tripoli à Tanger. Si elle agit ainsi, c’est pour ne rien laisser à l’ennemi : «Nous pouvons tout perdre, il nous reste la terre» déclare-t-elle aux paysans. Dénonciation des religions au nom desquelles surgissent des invasions et l’asservissement des peuples – «Le seul dieu que nous connaissons, on peut le voir et le toucher : je l’embrasse devant vous, c’est la terre vivante, la terre qui nous fait vivre, la terre libre d’Amazigh !» proclame La Kahina, et, par elle, Kateb Yacine qui n’a eu de cesse de dénoncer le fanatisme : «Les religions ont toujours joué un rôle […]. On les voit maintenant à l’œuvre. On les voit en Israël, en Palestine, partout. Ces trois religions monothéistes font le malheur de l’humanité. Ce sont des facteurs d’aliénations profondes.» (Le poète contre un boxeur). Voilà le courage et l’honneur d’un homme : aller contre l’obscurantisme qui ne dit son nom. Oui, Kateb Yacine est une Clarté.

Et cela se retrouve dans Saout Ennissa, La voix des femmes, pièce qui met en scène une autre grande figure de l’Histoire algérienne. Cette héroïne, qui vécut au XIIIe siècle, mère du roi Yaghmoracen, joua un rôle prépondérant en compagnie d’autres femmes pour défendre Tlemcen alors assiégée par la dynastie des Ménirides arrivés de Fès. C’est une époque charnière ici mise en avant : moment de l’édification des contours des trois pays du Maghreb, le Maroc, l’Algérie (qui représente alors le Maghreb central ayant Tlemcen pour capitale) et la Tunisie. Lors de ce conflit, les femmes des deux parties belligérantes établirent des contacts de solidarité et Saout Ennissa se révéla une subtile négociatrice de la paix, ce que ses descendantes perpétuèrent durant trois générations. Cela donne à penser quant à l’importance du rôle des femmes dans le mouvement de l’Histoire humaine ; cela donne à se demander pourquoi ce rôle est si mal connu, mal reconnu ; et pourquoi n’est-il pas le garant ontologique de la pleine reconnaissance d’une égalité totale des droits entre homme et femme, où que ce soit !?

La troisième pièce éditée dans ce livre ne peut que confirmer de tels principes. En effet, Louise Michel et la Nouvelle-Calédonie nous parle de la rencontre de la révolutionnaire française avec El Mokrani, déporté comme elle au bagne pour avoir mené la résistance en Kabylie contre l’armée d’occupation coloniale en 1871. 1871, à Paris, c’est la Commune ; Louise Michel y organise des actions avec les femmes, ouvrant des classes laïques, agissant comme ambulancière et combattante sur les barricades de la butte Montmartre. Jugée comme «pétroleuse» par les tribunaux de Thiers, elle est condamnée à la déportation. Et la voilà en Nouvelle-Calédonie où elle prend parti pour les Canaques dans leurs révoltes contre la France : «Patience, frères et camarades. Patience, un jour viendra !». C’est encore une parole que l’on peut mettre entre les lèvres de Kateb Yacine – poète du souffle et de l’espoir.


Daniel Leduc
( Mis en ligne le 21/05/2004 )
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