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Lumières sur un coeur éparpillé
Antonio  Tabucchi   Il se fait tard, de plus en plus tard
10/18 - Domaine étranger 2003 /  1.19 € -  7.80 ffr. / 304 pages
ISBN : 2-264-03741-5
FORMAT : 11x18 cm

Ouvrage publié en France une première fois en 2002 (Christian Bourgois).
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Tabucchi est un écrivain dont la singularité se lit dans ce recueil de lettres, placé sous le signe de la fragmentation, elle-même dépassée par l'ironique mélancolie d'un amant nostalgique. Italien amoureux du Portugal, il irradie cette clarté particulière des maisons calcifiées sous la lumière méditerranéenne.

Comme les pièces d'un vitrail dédié à l'amour, les dix-sept premières lettres, traversées par cette clarté, projettent l'image démultipliée d'un homme au regard tourné vers l'Absolu. Tristes, à la fois rêveurs et désenchantés, silencieux, les mots tentent de dépasser les frontières de l'inutile, et en ce sens ils sont l'Amour, l'amour fou qui s'impose sans explication, l'amour que peut éprouver un homme qui n'est pas tout à fait sûr d'être lui, pour une femme dont seule l'ombre rêvée importe. L'absence se profile sur fond de fantasme, et souligne mieux les espaces vertigineux qui peuvent se creuser entre le temps du monde, celui de l'être aimé, et le sien propre. Les souvenirs flottent, et roulent, remplis d'une chair légère qui n'est plus.

Fragmentation donc du temps qui s'écoule goutte à goutte et tourne dans une ronde brisée de songes et d'impossibles remembrances. Fragmentation du rêve qui glisse continuellement du passé au réel, et du réel à l'imaginaire. Fragments éclatés, surtout, d'un amour que traversent l'esthétique, la tendresse et l'érotisme, et qui génère en surimpression les portraits successifs et profondément divers de la femme, morte, inconnue, hallucinée, insensible, amante d'un instant ou d'une vie, mais avant tout double incompris du narrateur.

D'où la sensation, déstabilisante pour le lecteur, d'un insupportable grincement entre ces tessons que l'auteur ne tente qu'à peine de recoller. En particulier, dans les premières lettres, la prose chargée de songes d'Antonio Tabucchi, qui nous parvient comme l'écho de la blancheur des limbes, se heurte sans douceur à des détails crûment anatomiques. D'une vulgarité maîtrisée, des images quasi pornographiques viennent s'intercaler entre les ébauches d'un amour transcendant : ce qui peut agacer, voire choquer le lecteur, remis en cause, n'est qu'une manifestation de la volonté, cruelle à son égard, de l'auteur de descendre au fond des choses et de toucher du doigt les cloaques les plus bassement physiques de son Amour. Mais la mutilation de ses rêves débouche malgré tout sur l'affirmation de la pérennité de son sentiment qui vit par-delà la frontière du raisonnable, par-delà l'art, et par-delà l'esthétique elle-même, dont on ne peut nier l'importance pour l'auteur multiple de ces dix-huit lettres. Et ces mêmes mots réutilisés dans les dernières lettres finissent par ne plus choquer, tant il devient évident qu'ils sont en fait l'expression suprême d'un amour protéiforme, après avoir semblé en être un provocant obstacle.

Aimer, même si c'est inutile, pour justifier une quête de soi, dont on sait pourtant qu'elle est un non-sens et qu'elle n'aboutira pas... Enoncée dans l'ultime lettre, l'unique lettre écrite par un double narrateur féminin, telle est la morale de ce livre, que clôt un post-scriptum destiné à expliquer la genèse de chacune des lettres. L'on quitte ce recueil étonnamment optimiste, et sans doute Miguel Benasayag parlait-il du même amour lorsqu'il y discernait un caractère révolutionnaire. Non que Tabucchi nous en livre une vision politique; mais il nous offre par l'amour qu'il met en scène l'exemple d'une absence de résignation, pourtant issue d'une lucidité très critique, et parfois même cynique...


Aurore Lesage
( Mis en ligne le 21/11/2003 )
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