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Richard  Russo   Le Déclin de l'empire Whiting
10/18 - Domaine étranger 2004 /  1.53 € -  10 ffr. / 633 pages
ISBN : 2-264-03682-6
FORMAT : 11x18 cm

Ouvrage publié une première fois en 2002 (Quai Voltaire).
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Miles Roby a dépassé la quarantaine. Dans sa ville natale d'Empire Falls (titre original du livre dont la traduction française ne rend qu'imparfaitement le double sens), centre industriel autrefois prospère de l'état du Maine, il gère sans passion un burger grill démodé, repaire d'une clientèle de trop rares habitués. Son frère, sa fille et son amour de jeunesse (hélas jamais consommé) l'aident à la tâche.

Miles en a bien besoin : sa femme le quitte pour un vieux beau pas très futé, qui dirige un centre de remise en forme. Son père, égoïste phénoménal, modèle de sans-gêne et jouisseur sans complexe, semble ne vivre que pour lui soutirer quelques dollars afin d'étancher sa soif. Voisin d'enfance, l'officier de police Jimmy Minty s'obstine à raviver entre eux une amitié qui n'a jamais été, tandis que son fils, avec le même insuccès, tente de persuader la fille de Miles de continuer à sortir avec lui.

Surtout, il y ces rapports ambigus avec Francine Whiting, la reine d'Empire Falls, celle qui tient entre ses mains le destin de tous. Propriétaire de la moitié de la ville, et notamment du restaurant de Miles, elle joue avec ce dernier une partition épuisante, tout en rapport de forces, tantôt amie, tantôt adversaire, et ce depuis des années. Son omniprésence quasi magique est pour Miles le rappel constant au souvenir d'une mère tôt disparue et dont le destin, autant parce que Miles s'y est résigné que par choix librement accepté, conditionne étroitement le sien propre.

Le Déclin de l'empire Whiting est le produit d'une démarche et d'une ambition artistiques au fond très classiques : atteindre à l'universalité des sentiments, toucher à l'essence des rapports humains, par la peinture minutieuse d'un monde en réduction, l'observation d'un échantillon représentatif de vies et de destins, ici une smalltown américaine. Mais rien dans le livre de l'austérité des statistiques, rien de la froideur mécanique des sondages. Richard Russo construit son univers avec une maîtrise exceptionnelle, toujours empreinte de chaleur et d'humanité, alternant gravité, humour, dérision et tragique parfois. Le roman se nourrit de la réalité sociale américaine avec intelligence (le cas du psychotique John Voss, le déclin d'un bassin d'emploi industriel, l'importance de la rivalité sportive entre villes voisines au travers du traditionnel match de football de rentrée). Et même s'il s'y glisse parfois un brin de morale convenue, on lui pardonne parce qu'il brosse avec générosité un portrait de groupe plus vrai que nature.

Miles Roby peut être considéré comme la figure centrale de ce tableau, son point focal, mais Russo réussit à donner à tous les autres caractères de telles dimensions - coordonnées spatiales, temporelles, affectives - qu'il n'y a plus de personnages secondaires à proprement parler. Chacun a son histoire personnelle propre et chacun sa place dans l'histoire collective. Tous sont liés par leurs expériences communes et l'enchaînement - rarement maîtrisé - des figures imposées de l'existence.

Russo évite les archétypes et même si certains de ses personnages laissent apparaître des traits familiers (le prêtre homosexuel, confident de Miles ; Janine, l'ex-épouse, quadragénaire insatisfaite), toujours se dessine en contrepoint une faille, apparaît une zone d'ombre, qui leur donnent leur vraie humanité. Il y a des bons, il y a des moins bons. Il n'y a surtout que des êtres humains, qui se débrouillent comme ils peuvent avec la vie.

Et puisque le happy end est désormais considéré comme un manque flagrant de savoir-vivre littéraire, voire une marque de faiblesse, Richard Russo transcende le concept. Sa fin à lui n'est ni gaie - elle prend même un caractère tragique, ni triste - de bonnes choses sont à nouveau en vue. Elle laisse juste le sentiment troublant que, comme dans la vraie vie, tout est possible et que pourtant, rien ne l'est déjà plus puisque rien ne sera plus jamais comme avant.


François Gandon
( Mis en ligne le 28/01/2004 )
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