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L’oeil du kaléidoscope
Thomas  Pynchon   Vineland
Seuil - Points 2001 /  1.16 € -  7.63 ffr. / 416 pages
ISBN : 2-02-048159-6
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"Le secret doit exister, ce n’est pas un vide que l’on cache", écrivait Dominique de Roux. Dans le cas du romancier américain Thomas Pynchon, le secret semble une nécessité intérieure, le déroulement logique d’une existence vouée à la transparence la plus absolue : celle qui confine à l’invisibilité. La sortie de son nouveau roman, Mason et Dixon (Le Seuil), complétée de la réédition de deux de ses romans, V. et Vineland , nous permet de revenir sur l’une des figures les plus énigmatiques de la littérature contemporaine.

Mais qui donc est ce Thomas Pynchon, auteur mythique de l’après-guerre américaine, dont l’unique photographie date de 1955 ? Il serait né en 1937 dans l’état de New York, aurait suivi les cours de littérature de Vladimir Nabokov, aurait un temps travaillé comme ingénieur aéronautique chez Boeing; et c’est tout. La publication de son premier roman, V., en 1963, déchaîna des torrents d’hypothèses et de conjectures. Comment ? Un écrivain de cette trempe, de cette qualité, et on ne le connaîtrait pas ? Non, ils ne le connaîtront pas : quand il est lauréat du très renommé prix William Faulkner du premier roman, c’est un acteur qui vient le recevoir à sa place.

Hé oui, il est bien dur de juger l’oeuvre sans en identifier l’auteur. C’est pourtant la plus sûre recette pour atteindre l’impartialité. Mais, pour les journalistes, un stylo est toujours prolongé d’une main. Il n’en peut être autrement. Et dans le cas de V. cette main doit valoir son pesant de nougat ! De quoi est-il question, au juste, dans ce roman de presque 700 pages au titre énigmatique ? Quelle est donc cette lettre, initiale ou cryptogramme ? V., c’est Véra, danseuse allemande en Namibie ; c’est Véronique, rat des égouts de New York ; c’est Vheissu, pays mystérieux ; c’est Victoria, citoyenne anglaise violée au Caire…

On l’a compris, le monde de Pynchon est une gigantesque mosaïque où se croisent, se mêlent, se fondent et s’opposent époques, pensées et personnages. C’est un extravagant kaléidoscope, qui pousse la patience du lecteur aux frontières de la lisibilité, nous rappelant que James Joyce fit des émules. Illisible, Pynchon ? Non, pas vraiment. Mais difficile, ardu, complexe, intimidant, hautain, vertigineux.

On ne se lance pas à l’assaut de l’Everest sans bombonnes d’oxygène. Et on recommandera la lecture préalable de Vente à la criée du lot 49 (Le Seuil), court roman où la geste Pynchonienne est "synthétisée" (si l’on peut dire) en 160 pages. Mais il faut ensuite se plonger dans V., dans l’ahurissant tourbillon de ce texte dont l’ampleur et la richesse ont parfois fait songer qu’un seul auteur ne pouvait se cacher derrière le nom de Pynchon, mais un collège d’érudits se livrant à une expérience de groupe dont une intelligence isolée aurait été incapable.

Autre supposition, toute aussi séduisante : on a longtemps pensé que le mythique et insaisissable J. D. Salinger, auteur du non moins célèbre Attrape coeur, avait profité de son incognito pour changer de genre, de style et de nom, en devenant cet écrivain prophète dont l’oeuvre dérange la très chaste Amérique.

Car Pynchon ne recule jamais devant l’obscénité, devant l’épaisseur, devant l’innommable. Le souffle romanesque emporte tout, si tant est qu’on veuille bien s’y atteler. (1973) et Vineland (1990) sont habités par la même démesure, le même brassage (in)contrôlé et drolatique.

Quoi qu’il en soit, malgré l’épuisante fécondité de son imagination, son monstrueux talent et son style d’ogre insatiable, il faut lire Pynchon. En dose homéopathique ou en intraveineuse, c’est selon. Mais il est un remède radical à la pénurie d’imaginaire qui caractérise la production romanesque.

C’est tout ou rien : avec Pynchon, on ne tranche pas.


Nicolas d'Estienne d'Orves
( Mis en ligne le 29/01/2001 )
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