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Dumas et Manet revisités
Yves  Sente   Grzegorz  Rosinski   La Vengeance du comte Skarbek (tome 1)
Dargaud 2004 /  1.92 € -  12.60 ffr. / 56 pages
ISBN : 2-87129-571-9
FORMAT : 24 x 32 cm
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L’histoire se passe dans le Paris de la Monarchie de Juillet. Les Polonais sont alors nombreux dans la capitale de la France : tous des libéraux exilés à la suite de la répression russe de l’insurrection de Varsovie de 1831. Parmi eux : Mieszko Skarbek, fils unique d’un colonel des lanciers polonais mort à Waterloo. Le jeune aristocrate batailleur et amateur de femmes y est devenu célèbre en tant que peintre sous le nom de Louis Paulus. Nul ne sait, à Paris, qu’il est le dernier des comtes Skarbek.

Or voilà : à la suite d’une intrigue ourdie par le marchand de tableaux Daniel Northbrook, Louis Paulus est déclaré mort en 1832. Seules quelques toiles de lui sont connues – et fort appréciées – du public. Northbrook gagne ainsi une fortune en les vendant au compte-goutte, après la disparition de leur auteur. Quelle surprise donc, lorsque, en 1843, Louis Paulus réapparaît, sous les traits méconnaissables du comte Skarbek, avec 227 nouvelles toiles ! Ce dernier semble bien décidé à faire payer Northbrook. Un procès s’engage, qui constitue l’essentiel de l’histoire de La Vengeance du comte Skarbek.

Bien des aspects de cette histoire scénarisée par Yves Sente sont remarquables. Il en va ainsi de ce personnage secondaire, cousin de Mieszko Skarbek, nommé Frédéric, fils de Justine Krzyzanowska, jeune parente de la mère du comte Skarbek. Lui aussi a fui la répression russe de 1831 et s’est réfugié à Paris, où il est devenu un pianiste célèbre. Vous ne voyez pas ? Frédéric Chopin, bien sûr ! Son père avait effectivement été, au début du XIXe siècle, précepteur près de Varsovie chez la comtesse… Skarbek, dont Justine était parente et dame d’honneur. Il y a beaucoup de réalité dans la fiction d’Yves Sente !

On peut aussi parler de cet autre personnage secondaire, dont on ne connaît pas le nom : un écrivain sans talent particulier, travaillant pour un romancier célèbre et venant dans les tribunaux à la recherche de bonnes idées d’histoire – et fasciné, semble-t-il par celle de la vengeance du comte Skarbek. Qui est-il ? Nul ne le sait dans ce premier tome ; mais rien n’empêche d’émettre quelques hypothèses : pourquoi pas un collaborateur d’Alexandre Dumas, qui en avait beaucoup – Auguste Maquet, par exemple ? N’est-ce pas l’année suivante, en 1844, que Dumas triomphera avec une autre histoire de vengeance : Le Comte de Monte-Cristo ? Il y a aussi beaucoup de fiction dans la réalité travaillée par Yves Sente…

Alors, scénario parfait ? Non. Si la trame semble bien conduite – bien qu’on ne connaisse pas la fin de cette histoire en deux tomes –, le Paris de la Monarchie de Juillet est complètement fantasmé. Yves Sente ignore qu’en ce temps-là on ne vendait pas les journaux à la criée, qu’on ne pouvait y juger une affaire « rocambolesque » dans la mesure où Rocambole n’était pas encore né dans l’esprit de Ponson du Terrail, que Montmartre n’y était pas encore ce rendez-vous des peintres que décrit Sente, que le marché de l’art, enfin, tout entier commandé par le « Salon », n’était pas encore dans les mains de marchands tel que Daniel Northbrook… Certes Dumas, dont l’ombre plane sur ce volume, voyait dans le viol de l’Histoire le meilleur moyen de lui faire un enfant romanesque. Reste qu’on ne voit pas bien pourquoi Yves Sente a placé dans les décors et les costumes de la Monarchie de Juillet l’esprit du Paris de la Belle Epoque.

Quels décors, cela dit ! et quels costumes ! Grzegorz Rosinski signe ici, probablement, son plus bel album. On peine à y reconnaître le dessinateur de Thorgal ou de La Complainte des Landes perdues. La technique de dessin y est complètement différente, qu’il s’agisse de représenter le port de Saint-Malo, l’intérieur d’un tribunal ou une femme nue (la muse du comte Skarbek, la belle Magdalène, omniprésente). La mise en couleur se rapproche plus que jamais de la peinture (quel choix judicieux pour cette histoire de vengeance d’un peintre dans les milieux de l’art !). Bien des cases sont de véritables petits tableaux soigneusement composés, brossés plus que dessinés, par touches larges, selon une technique qui là encore n’avait pas cours sous la Monarchie de Juillet, mais rappelle plutôt les années 1860, celles de Manet et des premiers impressionnistes. Sera-t-on gêné ici par le décalage chronologique ? Pas du tout. Il témoigne plutôt de l’inventivité et du talent de Rosinski dont on a le sentiment qu’il est en passe, à 63 ans, d’entamer une seconde carrière – dans la peinture.


Sylvain Venayre
( Mis en ligne le 06/02/2004 )
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