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Illusions perdues
Jean-Philippe  Stassen   Les Enfants
Dupuis - Aire Libre 2004 /  1.98 € -  12.95 ffr. / 80 pages
ISBN : 2-8001-3169-1
FORMAT : 24 x 31 cm
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Trois ans après le remarquable Déogratias (prix René Goscinny au festival d’Angoulême 2001), Jean-Philippe Stassen revient avec un nouvel album tout aussi admirable, peut-être même encore plus audacieux par certains aspects. L’action se situe quelque part en Afrique dans un pays sans nom. On pourra y reconnaître le Burundi, ou le Rwanda à nouveau ; qu’importe, la question restera sans réponse, et l’histoire mise en scène ici deviendra par conséquent représentative de toute une nation laissée trop souvent à l’abandon. Tout comme le titre de l’album, générique et ambitieux, l’anonymat de ce lieu laissera le lecteur face à une vérité cruellement exemplaire.

Là où la tragique destinée de Déogratias, jeune Hutu innocent devenu criminel pendant le génocide rwandais, prenait des allures de parabole quasi mystique, Les Enfants reste complètement ancré dans une réalité cruelle et terrifiante où la manipulation, la quête de pouvoir et la haine de l’autre sont des sentiments qui priment sur n’importe quel autre.

Dans une petite ONG tenue par Anika, une jeune Suédoise naïve et idéaliste, quelques enfants tissent paresseusement des paniers à l’artisanale. Derrière les collines, tout près, la guérilla fait rage et les explosions semblent se rapprocher dangereusement de la ville. De ces affrontements, on ne verra rien. Ils resteront hors champ tout le long de l’album, et c’est de cette absence que naît un climat chargé et étouffant. Cette violence sous-jacente, présente dès les premières pages de l’album, est avant tout morale, s’immisçant entre les êtres à force d’incompréhension et de ressentiment. Chacun ayant une part de responsabilité dans un conflit qui semble sans issue.

Parmi ces jeunes enfants sauvés de massacres antérieurs, il y a Angel le chouchou, Airbus le rebelle, et Mongol, le plus petit. Ce dernier, incapable de communiquer avec les autres, parle aux insectes et aux animaux. Tous sont orphelins ou abandonnés, et leur avenir reste aussi flou que leur passé fut, on l’imagine, violent. Le retour inopiné du plus grand de la bande, Black Domino, menteur et rêveur, va entraîner les trois autres enfants dans une virée désabusée qui se terminera inévitablement sur un épisode de brève et soudaine sauvagerie.

Comme dans Déogratias, Stassen évite tout manichéisme. Tout le monde en prend pour son grade et le constat est amer. La violence contamine tout le monde, et le drame est que chacun semble trouver ça normal. Seule la candide Anika fera part d’une incompréhension aussi bienvenue qu’inutile, puisqu’il est déjà trop tard. L’humanitaire que personnifie la jeune femme ne pourra pas faire beaucoup pour aider ces enfants. Décalé et perpétuellement hésitant, l’Occident charitable ne semble pas trouver ses marques sur ces terres lointaines, et fait figure d’élément parasite dans un monde où la partie paraît inévitablement perdue.

Ici, les enfants sont obligés de grandir trop vite. Confrontés à une férocité quotidienne, et manipulés par plus grands qu’eux, ils deviennent de faux adultes, partagés entre une innocence naturelle et une brutalité nécessaire. Seul Black Domino semble vouloir rester accroché à ses illusions d’enfant et se réfugier dans quelque rêve de gloire, mais ses mensonges finiront par se retourner cruellement contre lui, le mettant face à une réalité qu’il ne peut désormais plus fuir.

Graphiquement splendide et servi par le dessin toujours aussi étrangement coloré, en contraste avec un discours sans concession et brutal, Les Enfants est un album émouvant et fort. Aucune grande leçon de morale n’est assénée ici, encore moins une quelconque réflexion sur quelque conflit géopolitique. Stassen s’applique juste à raconter une histoire, hélas terriblement anodine, mettant à jour une fois de plus les instincts les plus agressifs et barbares de la nature humaine.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 25/02/2004 )
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