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| Bande dessinée -> Humour |
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Jean-Claude
Denis Luc Leroi : Toutes les fleurs s'appellent Tiaré
Casterman 2000 / 1.38 € - 9.01 ffr. / 56 pages
ISBN : 2-203-38956-7
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Luc Leroi a vingt ans et, de l’aveu de son créateur Jean-Claude Denis, Luc Leroi ne vieillit pas. Ou peu. Héros si atypique qu’on le cataloguerait volontiers antihéros, il est plutôt si ordinaire qu’on voudrait voir en lui notre alter ego. Il mélange tant les genres qu’il apparaît comme l’exact reflet de nos vaines tentatives d’exister, de nous affirmer dans un monde rouleau compresseur qui ne laisse que peu de places aux rêves.
Les rêves, justement, commencent à le turlupiner, notre anti-antihéros. Il a envie de changer d’air, harcelé par sa fiancée et un peu déprimé par le quotidien des articles qu’il signe sous pseudonyme. Dans un restaurant du XIIIè, Luc sauve la vie à un Chinois de Polynésie qui s’étouffait avec un ravioli crevettes. Le Chinois en question, Jerry Lee, n’est pas n’importe qui. Membre de la pègre polynésienne, il détaille à notre Luc un peu interloqué sa biographie haute en couleurs. Et lui révèle qu’il a pris ses dispositions pour se protéger - obligatoire dans un métier si exposé. En cas de malheur, un tueur à gages viendra rectifier ses présomptueux rivaux. Or, peu après avoir quitté Luc, ce caïd trouve la mort après une agression qui n’a rien à voir avec ses histoires de trafic polynésiennes. Mais les nouvelles vont vite et là bas, deux personnes s’inquiètent et prennent leurs dispositions pour coincer le nettoyeur ... avant qu’il ne les nettoie lui-même.
Luc Leroi, lui, sur les conseils implicites de son ami d’un soir, a justement décidé de se faire accréditer par son journal pour prendre des vacances en Polynésie. Et par un curieux concours de circonstances, il est pris pour le tueur à gages. Démarre alors toute une série de quiproquos tout à fait géniaux, au terme desquels Luc abrégera ses vacances mais rentrera avec, dans ses bagages, une charmante polynésienne qui sera peut-être, qui sait, la femme de sa vie.
"Luc Leroi n’est pas un suiveur", affirme son père Jean-Claude Denis. Force est de constater qu’ici, pourtant, il subit les événements plus qu’il ne les provoque. Pour notre plus grand plaisir d’ailleurs. Toutes les fleurs s’appellent Tiaré, le rapproche du Kid Ordinn de L’Arme secrète de Kid Ordinn (une des meilleures aventures de Chick Bill), dans cette course poursuite un peu grand-guignolesque où il est sans cesse craint sans même savoir qu’on lui en veut. Il a aussi des accents d’aventuriers plus classiques de la BD. Reporter comme Spirou et Tintin, il évoquerait tout de même davantage, avec sa manie des gaffes et son caractère renfrogné, le bien-aimé compère Fantasio. Lequel a eu également en son temps un faible pour les tahitiennes, n’est-ce pas Ororéa ?
On vous l’avait dit, qu’il était inclassable, Luc Leroi. Car qui peut se targuer comme lui de regrouper sous un même costume démodé les plus grands seconds rôles de la BD, et d’être en même temps l’un des plus originaux héros que le 9è art francophone ait produit ?
Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 17/04/2001 )
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