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Les sentiers de la vérité
Christophe  Prochasson   Anne  Rasmussen     collectif   Vrai et faux dans la Grande Guerre
La Découverte 2004 /  3.82 € -  25 ffr. / 333 pages
ISBN : 2-7071-4211-5
FORMAT : 14x22 cm

L'auteur du compte rendu : agrégé d'histoire, professeur de Première Supérieure au lycée Pothier d'Orléans, Patrick Clastres enseigne l'histoire du sport à l'IEP de Paris et co-anime au sein du Centre d'histoire de l'Europe du XXe siècle (FNSP) le groupe de recherche «Sport, sociétés et cultures».
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Cet ouvrage collectif sur «le régime de vérité» qui se met en place pendant et à l'issue de la Grande Guerre est le fruit d'un séminaire tenu à l'École des Hautes études en sciences sociales. Il s'inscrit dans l'ensemble historiographique des «cultures de guerre» bâti par la «génération de l'Historial de Péronne» depuis les années 1980 en même temps qu'il rencontre l'actualité du conflit irakien. Par ce déplacement vers la question centrale du consentement des civils, c’est à tout le moins la double question des conditions de possibilité de la barbarie et de la genèse des totalitarismes qui est posée.

Dans un texte liminaire sur «la guerre incertaine», Christophe Prochasson et Anne Rasmussen se livrent à un aller-retour réflexif entre le temps des tranchées et celui des guerres en ex-Yougoslavie et dans le Golfe, pour tenter de qualifier au plus près le rôle de l'historien des guerres contemporaines : restituer les vérités perdues de l'expérience du paroxysme tout en interrogeant «la croyance dans le faux».
Rassemblés sous l'intitulé «façonner l'opinion», les cinq premiers articles reviennent sur un dossier déjà ouvert par les historiens de l'entre-deux-guerres, celui de la propagande officielle et de la fabrique des mécanismes de désinformation. Pour Olivier Forcade, le système de la censure aurait contribué à une fragmentation des opinions publiques sur le territoire tout en améliorant la capacité de décryptage des Français. Replongeant dans le contrôle postal, Bruno Cabanes prend acte de la «joie grave» et du «contentement muet» des combattants au moment de l'armistice, ainsi que de certaines manifestations de haine, pour repousser la «démobilisation culturelle» au début des années 1920. Analysant les deux courants d'opinion qui ont dénoncé rétrospectivement la propagande de guerre, celui des pacifistes démocrates et socialistes des anciens pays alliés, d'une part, celui de la droite nationaliste allemande, d'autre part, John Horne propose de voir dans la Grande Guerre un moment de rupture dans l'équivalence universaliste entre vérités factuelles et vérités de valeurs. Les fonds photographiques du Service historique de l'armée de terre et les films d'actualité réalisés dès mars 1915 sous l'égide de la Section cinématographique de l'armée donnent l'occasion à Jean-Marie Linsolas et à Jean-Baptiste Péretié d'interroger le pouvoir technique et hypnotique de persuasion de l'image, que cette dernière soit vraie ou fausse.

En ouverture de la deuxième partie consacrée à «imaginer la guerre», Olivier Cosson déplace le curseur vers l'avant-guerre pour montrer à quel point la culture doctrinale des officiers dépêchés sur le front de la guerre russo-japonaise, imprégnée de l'imaginaire napoléonien de la bravoure du génie militaire, conduit à une occultation de la violence des combats. En quelques pages suggestives, Jean-Jacques Becker évoque ses années de thèse, notamment sa quête des fameux registres tenus par les instituteurs non mobilisés qui lui permettront de pourfendre le mythe de «la fleur au fusil». À partir d'un mince corpus de 71 lettres adressées à la Préfecture de police de l'été 1914 à la fin de l'année 1918 et dénonçant des «lumières suspectes» dans le ciel de la capitale, André Loez dévoile les ressorts de l'espionnite et du patriotisme. Enfin, Anne Rasmussen, Sophie Delaporte, et Stéphanie Dupouy questionnent respectivement les attitudes différenciées, parfois régressives, des hygiénistes et des bactériologiques en lutte contre ces «ennemis invisibles» que sont les germes, la prudence voire l'indulgence des médecins à l'endroit des maladies et des blessures simulées par les combattants, enfin, à partir de l'exemple du philosophe et médecin humaniste George Dumas, le lieu commun d'une psychiatrie déshumanisée et disciplinaire.

La troisième partie de l'ouvrage, intitulée «témoigner», est tout entière imprégnée des débats suscités par la re-publication en 1993 de Témoins. Essai d'analyse et de critique des souvenirs de combattants édités en France de Jean-Norton Cru. Annette Becker opère un retour sur la Grande Guerre chimique, mais du côté des opinions publiques, avec une focale élargie de la première utilisation tragique des gaz en 1915 jusqu'aux efforts humanitaires des organisations internationales au cours des années 1920 et aux «brouillards meurtriers» qui frappent la Belgique en 1930. Ne cédant pas à l'obsession de l'authenticité, Leonard V. Smith identifie dans la disparité des mises en intrigue de la guerre par un Barbusse ou par un Marc Bloch «une chance plutôt qu'un obstacle». Sous les auspices de Pierre Vidal-Naquet, Christophe Prochasson interroge l'appropriation de l'obsession du vrai chez Jean-Norton Cru par le négationniste Paul Rassinier pour mieux rejeter les deux auteurs «hors les murs de la raison historienne». Enfin, Renaud Dulong est convoqué en qualité de sociologue de la réception et du témoignage oculaire pour dresser l’inventaire des cinq catégories d'informations imaginaires pouvant circuler en temps de guerre : fausses nouvelles, propositions hypothétiques, délires, mythologies, rumeurs.

Ainsi ballotté entre le «vrai» et le «faux», le lecteur n’a plus qu’une conviction, celle de bien mieux connaître le premier conflit mondial que les guerres livrées contre Al-Qaeda ou le régime de Saddam Hussein !


Patrick Clastres
( Mis en ligne le 25/05/2004 )
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