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Messieurs les Anglais…
Jeremy  Black   La guerre au XVIIIe siècle - Europe, empire Ottoman, Inde, Chine, Amérique du Nord
Autrement - Atlas des guerres 2003 /  5.18 € -  33.95 ffr. / 223 pages
ISBN : 2-7467-0163-4
FORMAT : 21x27 cm

Titre original: Warfare in the Eighteenth century

L'auteur du compte-rendu : Hugues Marsat, agrégé d'histoire, est enseignant dans le secondaire. Il mène parallèlement des recherches sur le protestantisme aux XVIe-XVIIe siècles.

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Chaque volume paru dans la série «Atlas des guerres» rappelle justement que la guerre, activité on ne peut plus humaine, est un objet historique au même titre que la peur étudiée par Jean Delumeau ou les couleurs chères à Michel Pastoureau, sans pour autant faire de l’histoire-bataille proscrite par les Annales et la Nouvelle Histoire. Cela, les historiens anglo-saxons, afficionados de l’histoire militaire, l’ont bien compris et la collection britannique originelle prévue en vingt-quatre volumes et dirigée par l’historien John Keegan, spécialiste mondialement reconnu du fait guerrier, le rappelle constamment. La guerre au XVIIIe siècle, douzième tome paru en français et traduit par le colonel Jacques Vernet, collaborateur de la Revue Historique des Armées, ne fait pas exception.

Dès lors, son auteur, Jeremy Black, rappelle la nécessité de ne pas se limiter à la vision eurocentrique et facilement déterministe du phénomène qui conduirait à affirmer la supériorité militaire de l’Occident. En débutant son ouvrage par la guerre sans les Européens (chapitre 1), il souligne que l’Empire de Chine est alors le pays qui connaît la plus importante extension territoriale au monde. Il ne faut pour autant pas conclure à l’invincibilité des Chinois qui se heurtent aux Birmans en vain et à plusieurs reprises.

Reste que le XVIIIe siècle est celui où justement s’accélère l’affirmation des nations européennes sur des théâtres d’opérations extra-européens. Opérations amenant évidemment les Européens à affronter les non-européens (chapitre 2), comme les Anglais confrontés à la résistance du chef Pontiac en 1763-1764, parfois avec l’apport massif de troupes locales, comme lors des campagnes anglaises en Inde de 1792 et 1799. Le succès n’est pas toujours au rendez-vous, les Russes l’apprennent à leurs dépens face aux Chinois en Sibérie.

La grande nouveauté du siècle des Lumières réside dans l’affrontement des nations européennes sur des théâtres américains ou asiatiques, sur terre ou sur mer, à l’échelle de campagnes de longues durées et non plus seulement sous la forme des raids ponctuels que connurent les XVIe et XVIIe siècles. Ainsi que le fait remarquer l’auteur, ces conflits transocéaniques (chapitre 3) impliquent la capacité logistique de projeter sa puissance à longue distance. Ce sont les campagnes américaines de la guerre de Sept Ans (1757-1763) ou la guerre d’indépendance américaine (chapitre 4) qui illustrent le mieux les implications et les problèmes de la guerre loin des centres principaux des belligérants. Contrôler les océans s’avère d’une importance névralgique. Aucune autre marine de guerre que la Royal Navy n’a su aussi bien et durablement accomplir cet objectif et mener une guerre navale efficace (chapitre 5).

L’extension des conflits européens au monde reflète en fait la professionnalisation croissante que connaît la guerre en Europe (chapitre 6), pratiquée par des armées soumises à des entraînements de plus en plus stricts destinés à tirer parti au mieux du potentiel de feu. Pourtant, l’innovation viendra de l’action de sujets ou de citoyens en arme comme en Prusse ou en France, d’une réflexion développée tout au long du siècle pour un retour du choc, d’une organisation divisionnaire des armées et d’une logistique toujours plus nécessaire qui caractérisent les guerres révolutionnaires. Cette montée de la Révolution (chapitre 7) clôt le livre et prélude à l’Atlas des guerres napoléoniennes, déjà paru.

Si la construction de La guerre au XVIIIe siècle repose sur une logique claire et centripète (du monde vers l’Europe) soulignant l’émergence du modèle de la guerre européenne comme modèle mondial puisque Ottomans et Indiens commencent à l’imiter, la construction interne de chaque chapitre ne se révèle pas aussi rigoureuse et manque d’une vision synthétique. Jeremy Black enchaîne les faits en en tirant des idées qu’il minore souvent dans l’exemple suivant. Jonglant avec la chronologie et la géographie, le livre ne facilite pas la mise en évidence d’une évolution. Les conflits qui éclatent autour de la Perse, déjà complexes, n’en sortent pas éclaircis. D’autant que la chronologie proposée en début de volume souffre d’un défaut de présentation qui rend son usage malaisé.

L’ouvrage n’en demeure pas moins particulièrement intéressant et abonde en réflexions éclairantes, alimentées aussi par une iconographie très riche et de qualité. Sur ce point, il est regrettable que les références des documents soient le plus souvent absentes et le lecteur se demandera par exemple en vain où se trouve le tableau de la bataille du Glorieux 1er juin (1794) qui voit l’escadre de Lord Howe couper la ligne française. En outre, si les cartes sont admirables par leurs qualités graphiques, elles demeurent relativement peu nombreuses pour un livre qui se présente comme un atlas, dans sa version française du moins.

Enfin, petite pointe de chauvinisme, La guerre au XVIIIe siècle souligne avec raison la montée de la puissance britannique à l’échelle mondiale mais tend à marginaliser l’action des autres puissances européennes dans les théâtres extra-européens. La pratique de la guerre par les Français en Amérique du Nord est à peine esquissée, pour ne pas parler des tentatives françaises en Inde : Lally-Tollendal est évoqué mais Dupleix est carrément absent. Messieurs les Anglais...


Hugues Marsat
( Mis en ligne le 07/11/2003 )
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