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Histoire & sciences sociales  ->  Période Moderne  
 

Textes et images sous Louis XIII
Hélène  Duccini   Faire voir, faire croire - L'opinion publique sous Louis XIII
Champ Vallon 2003 /  5.19 € -  34 ffr. / 534 pages
ISBN : 2-87673-372-2
FORMAT : 16x24 cm

L'auteur du compte rendu : Françoise Hildesheimer, conservateur en chef aux Archives nationales, est professeur associé à l'université de Paris I. Elle a notamment publié Fléaux et société. De la Grande Peste au choléra . XIVe-XIXe siècles (Hachette, 1999), et Relectures de Richelieu (Publisud, 2000).
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Le règne de Louis XIII retentit de bruits de révolte, de violence et de répression, de la violence des armes, mais aussi de l’impact des mots et des images. Ce monde de l’information et de la désinformation que représentent les pamphlets et libelles, naguère, en 1966, Étienne Thuau l’avait rencontré en s’attaquant à la reconstitution de la pensée politique à l’époque de Richelieu ; aujourd’hui Hélène Duccini nous en donne l’analyse systématique (un corpus de quelque 3300 titres, saluons le travail !) et y ajoute encore celle des estampes (150 images commentées) en un temps où le public de l’écrit est effectivement fort restreint en comparaison de celui qui est exposé au choc des images. Ce faisant, elle remet au centre de l’attention historique une expression trop souvent occultée, balayée par le fleuve majestueux d’une histoire qui semble aller de soi.

Celle-ci en effet appartient ordinairement aux vainqueurs qui ont eu le privilège de pouvoir imposer leur version et dont la voix perdure ; et il est un orfèvre en ce domaine, qui a su condamner au silence les voix hostiles. De là vient sans doute ce sentiment que l’on peut avoir, à la lecture des histoires du règne de Louis XIII le Juste, de la nécessité de son cours glorieux sous l’égide de la tutélaire et redoutable robe rouge du cardinal-ministre, qui débouche sur le lendemain triomphal de Rocroi et le surlendemain majestueux de l’absolutisme louis-quatorzien vers lequel tout conflue.

Or, partant du principe que l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, Richelieu, s’il s’est voulu lui-même historien, fut également expert en propagande, s’entourant d’une «académie gazetière» et participant avec acharnement à une guerre des plumes qui ne le laissa jamais indifférent en un temps où l’opinion publique existait bel et bien comme en témoignent ces innombrables libelles destinés à l’orienter ou à la dérouter, à l’informer comme à la désinformer.

Dans un premier chapitre, H. Duccini présente le monde du livre et de l’estampe et montre d’entrée de jeu que les contraintes de la censure vont peser sur lui de plus en plus lourdement, ce que confirment les chapitres suivants qui constituent un parcours chronologique dans cette production de textes et d’images. De 1610 à 1623, c’est une période faste : avec la régence de Marie de Médicis, règne une sorte de liberté qui permet une floraison de textes et de débats portant notamment sur le caractère absolu ou tempéré du pouvoir monarchique ; de 1623 à 1630, on assiste à une lente décrue de la production, qui atteint un bas niveau après la Journée des Dupes, au moment où l’universelle réduction à l’obéissance imposée par le cardinal revigore la censure, un mouvement qui sera encore intensifié par l’entrée en guerre ouverte à partir de 1635. L’évolution quantitative se double d’un retournement de finalité : de l’expression de débats et de contestations, on passe à une instrumentalisation au profit de la propagande monarchique : la glorification du roi de guerre et la critique de l’Espagnol deviennent les thèmes centraux.

Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que la partie la plus riche de l’étude soit celle qui est consacrée aux années antérieures à l’accession au pouvoir de Richelieu ; on a là une très novatrice contribution à l’histoire de la régence de Marie de Médicis, mettant en lumière les innombrables débats d’un temps riche de possibles. Ceux-ci se figent sous la poigne autoritaire de Louis XIII et Richelieu, et l’étude d’H. Duccini prend alors toute sa valeur de contribution à l’histoire de l’État moderne : les débats de la régence sur la nature de la monarchie ne sont plus de mise dans un espace public confisqué par le pouvoir.
Une confiscation qui ne résistera pas à la mort de Son Éminence, puisqu’au lendemain même de sa disparition, c’est une explosion de joie hostile qui se fait jour et que la contestation s’en donnera à cœur joie dans les années ultérieures avec la floraison des mazarinades.

Hélène Duccini, exploitante impeccable de cet ensemble documentaire qu’elle fréquente depuis de longues années, ne peut s’empêcher in fine d’exprimer à son endroit une certaine «lassitude». On peut se demander si celle-ci ne provient pas de la difficulté qu’il y a à découpler cette source narrative du récit événementiel d’une histoire trop connue dans le cadre d’un exposé chronologique qui lui impose sa domination et son interprétation. Une suggestion : peut-être aurait-il fallu prêter davantage attention aux mots eux-mêmes, plutôt qu’aux événements auxquels ils renvoient ; peut-être auraient-ils été plus révélateurs par eux-mêmes que l’analyse du contenu qui renvoie fatalement à un récit historique que l’on ne peut s’interdire de prendre comme élément de décryptage. À tout le moins, une étude lexicographique plus que discursive portant sur certains termes centraux (raison, État…) aurait pu compléter le parcours et peut-être en affiner les conclusions, car on est toujours tenté de demander plus à qui donne tant d’informations !


Françoise Hildesheimer
( Mis en ligne le 05/01/2004 )
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