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Histoire & sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

La culture politique républicaine en accusation
Gérard  Noiriel   Les origines républicaines de Vichy
Hachette - Histoires 1999 /  2.8 € -  18.32 ffr. / 336 pages
ISBN : 2-01-235442-4
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Depuis le film de Marcel Ophüls, Le chagrin et la pitié, le syndrome de Vichy selon le livre éponyme d'Henry Rousso, publié en 1987 (réédité au Seuil en 1994), n'en finit pas de rejouer et de passionner l'opinion publique française. L'un des enjeux qui suscite la controverse concerne la manière de situer la période de Vichy dans la durée. Alors que, longtemps, on a souligné à quel point l'Etat français constituait une rupture par rapport à la tradition républicaine, la tendance actuelle des travaux historiques est de montrer et dénoncer les continuités, en amont comme en aval. Le discours officiel des dirigeants de Vichy prétendait rompre avec le régime républicain honni, jugé responsable de la décadence et de la chute du pays mais la stabilité du personnel et des organismes de la fonction publique serait le signe que l'inertie administrative aidant, rien n'avait vraiment changé. Le discours du Président de la République lors du cinquante-troisième anniversaire de la rafle du Vélodrome-d'Hiver le 16 juillet 1995, invitait la France à assumer sa part de responsabilité collective dans le génocide, jusqu'alors rejeté entièrement sur les nazis.

Gérard Noiriel, apporte des arguments supplémentaires à cette thèse inspirée de ses travaux sur l'histoire de l'immigration. Il nous livre dans cet essai le fruit de la réflexion menée dans le cadre d'un séminaire de l'Ecole des hautes études en sciences sociales. D'emblée - son titre est explicite à cet égard - l'auteur soutient la thèse non seulement de la continuité mais également de la préparation. Pour lui, la politique antisémite de Vichy serait le résultat logique et inévitable de la politique administrative menée sous la Troisième République depuis les années 1880. Gérard Noiriel s'appuie sur l'étude des débats parlementaires concernant la nationalité (lois de 1889 et 1834) et sur les pratiques administratives (constitution de fichiers) destinées à contrôler les étrangers établis en France, y compris les naturalisés, soupçonnés d'être de mauvais Français. Les experts de la République, essentiellement médecins et juristes, auraient répandu dans les salons des théories racistes discriminatoires que la fonction publique, usant de méthodes proprement orwelliennes aurait, bien avant 1940, appliqué pour surveiller puis supprimer les éléments jugés indésirables. Loin d'avoir préservé le pays de la tentation totalitaire, la République n'aurait donc rien à envier à la machine nazie.


Le discours est brillant mais laissera le lecteur quelque peu dubitatif. Point n'est besoin d'être un spécialiste pour percevoir les entorses à la méthode historique. Peut-on, pour commencer, réduire Vichy à sa politique antisémite et la République à la mise en oeuvre des lois sur la nationalité ? Qu'est-ce qui mérite le qualificatif de "républicain" ? Les débats parlementaires et les personnages cités ne peuvent être donnés pour représentatifs de la culture politique républicaine (cf. Serge Berstein (dir.), Les cultures politiques en France, Seuil, 1999). Les simplifications hâtives - la période étudiée est considérée comme une transition entre une sorte d'Ancien régime multiséculaire et la modernité actuelle (p. 273) - le procédé des citations indignées sans véritable analyse (p. 257-258), l'argument d'autorité (p. 262) ne font pas honneur à la rigueur auquel Marc Bloch, souvent invoqué, invitait les historiens.

Le sujet est attirant, la thèse provocatrice, les conclusions inquiétantes. Mais, soulignons-le, une analyse si radicale est loin de faire l'unanimité. G. Noiriel règle au passage ses comptes avec un certain nombre de ses confrères historiens, spécialistes de la question, accusés à la fois de céder à la pression médiatique et sociale en donnant leur avis d'experts (p. 284) et de vouloir dépassionner le débat en distinguant l'histoire de la mémoire (p. 268). Il invite, in fine, la profession à faire son mea culpa et à reconnaître ses responsabilités dans la mise en place d'un régime si profondément raciste dans sa législation et attentatoire aux libertés dans ses pratiques administratives.

Assurément, le syndrome de Vichy n'est pas près d'être guéri, si les médecins de la mémoire collective que veulent être certains historiens sont à ce point contaminés par les enjeux contemporains du débat.


Jérôme Grévy
( Mis en ligne le 21/02/2000 )
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