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Les jumeaux hétérozygotes
Alain  Besançon   Le Malheur du siècle - sur le communisme, le nazisme et l'unicité de la Shoah
Fayard 1998 /  2.56 € -  16.79 ffr. / 166 pages
ISBN : 2-213-60226-3
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Cette expression, empruntée à Pierre Chaunu, revient souvent dans cet essai historique captivant, que nous livre Alain Besançon. En effet, quoi de plus proches dans l'horreur et la forme, mais parallèlement de plus opposés dans leur idéologie, que ces deux lames de fonds pour le XXe siècle, que furent le nazisme et le communisme ? La comparaison de deux systèmes dits totalitaires est une démarche polémique. La parution en 1998 du Livre noir du communisme suscita de nombreux débats sur la légitimité de cette comparaison. Peut-on évaluer ces deux "malheurs du siècle" à l'aune d'une statistique macabre basée sur le nombre de leurs victimes ? Le décompte des morts est bien entendu insuffisant.

D'abord parce que les victimes peuvent ne pas mourir et survivre dans une souffrance et une aliénation insoutenables. Ensuite, parce qu'il est des analogies de structure bien plus intéressantes pour l'historien.

Alain Besançon s'intéresse à ces éléments de comparaison. Le point de départ de sa réflexion est le traitement inégal de ces deux phénomènes. A côté du nazisme dont l'aboutissement tragique, la Shoah, a permis la diabolisation légitime, le communisme sort quasi indemne, malgré les camps et les millions de victimes, le génocide cambodgien, etc. Porté par son idéal humanitaire initial, utopie portant trahie, le communisme bénéficie d'une amnésie collective contre laquelle l'auteur du Malheur du siècle entend lutter.

Car, selon lui, les deux systèmes totalitaires participent d'une même trame. L'un comme l'autre pratiquèrent la destruction physique - même si la "preuve par les cadavres" fut plus frappante à la sortie de la Seconde Guerre mondiale pour le nazisme. L'URSS et les autre régimes communistes, comme le IIIe Reich, furent des systèmes de déportation et de concentration (encore aujourd'hui en Corée du Nord) en chasse contre leurs ennemis, qu'ils soient de race ou de classe, d'épuration du parti (la nuit des longs couteaux annonce la "grande terreur" stalinienne et les intrigues de pouvoir dans la Chine de la Révolution Culturelle).

La destruction morale ne fut pas moindre. Les deux systèmes, absurdes dans le fond, perversions de l'idée de Bien, se légitimaient par la prise en otage de penseurs et de scientifiques, par ce que l'auteur définit comme "l'illusion de la généalogie". Il s'essaie ensuite à une amorce d'approche psychanalytique de l'homme nazi ou communiste dont le lecteur regrettera sans doute l'absence d'approfondissement.
Dire que "l'Allemagne, qui avait été l'Athènes de l'Europe pendant un siècle, s'est réveillée abrutie par douze ans de nazisme" exige un développement. La destruction du politique réunit enfin les deux jumeaux qui l'un comme l'autre s'organisèrent autours de chefs charismatiques, seuls capables de réaliser les utopies porteuses des régimes.

La dernière partie de l'ouvrage est consacrée à une analyse théologique des deux systèmes. Nazisme et communisme y sont présentés comme deux miracles inversés tant la raison y achoppe et les métaphysiques s'y acharnent. Cette approche originale risque cependant de laisser le lecteur dubitatif. Le thème de l'unicité de la Shoah y est enfin abordé. Si l'auteur y souscrit, c'est avec certaines réserves car cette unicité explique en partie l'amnistie dont bénéficie le communisme.

La grande différence entre les deux frères maudits de notre siècle explique en partie leur traitement différencié aujourd'hui. Le nazisme était un courant proche de la pulsion, romantique, jusqu'au-boutiste, ce qui explique en partie le génocide, et sa chute finale due à une gestion trop peu rationnelle et par trop impatiente des moyens devant assurer la réalisation de son projet. Au contraire, le communisme dura par sa patience, son réalisme politique - pensons à la NEP sous Lénine ou au recours chinois actuel au capitalisme - et la pratique du mensonge dont nombreux aujourd'hui encore sont dupes. A. Besançon parle ainsi de "cette différence terrible qui fait que les uns, exterminés comme des bêtes, sont honorés comme hommes, et les autres mis à mort (...) de façon plus humaine, sont oubliés comme des bêtes".

Le Malheur du siècle est un ouvrage des plus stimulants. Les questions qui y sont soulevées et les analyses qu'Alain Besançon propose renouvellent l'historiographie attachée à ces deux phénomènes si difficiles à embrasser dans leur complexité. "Jumeaux hétérozygotes", Communisme et Nazisme sont deux produits uniques du XXe siècle et proches par cette contemporaneïté.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 13/08/2001 )
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