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Les guerriers du Pape
Jean  Guénel   La dernière guerre du Pape - Les zouaves pontificaux au secours du Saint-Siège 1860-1870
Presses universitaires de Rennes - Histoire 1998 /  2.21 € -  14.5 ffr. / 196 pages
ISBN : 2-86847-335-0
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Voici un sujet neuf, ou plutôt tiré d'un oubli presque total. En effet, faisant suite aux mémoires des différents acteurs et à quelques ouvrages hagiographiques, seules quelques rares études historiques lui ont été consacrées - les dernières dans les années 1960-1970, si on excepte un article paru dans une revue d'histoire locale en Bretagne voici déjà plus de quinze ans. Pourtant, comme le rappelle l'auteur, beaucoup de familles de l'Ouest de la France possèdent encore dans leur album de photos de famille le portrait jauni de l'un de ces soldats du Pape vêtu de son bizarre uniforme - c'est précisément le cas de Jean Guénel, et c'est ce qui a conduit ce professeur de la Faculté de médecine de Rennes à se pencher sur cette question.

Mais l'intérêt de ce sujet dépasse largement le cadre régional. L'épopée par bien des côtés pathétique de ces croisés des temps modernes constitue une page méconnue de l'histoire de la droite traditionaliste française. Pour comprendre leur engagement, il faut se replacer dans le contexte de « la question romaine », née de l'unification de l'Italie par le royaume de Savoie. Le Pape Pie IX (béatifié par Jean-Paul II en septembre 2000), d'abord considéré comme libéral, est effrayé par les excès sacrilèges de la révolution de 1848-1849 à Rome.

Dès lors il agit comme le champion de la défense des droits temporels du Saint-Siège et le pourfendeur des « erreurs du siècles », dont il dresse le catalogue dans le fameux Syllabus. Il s'oppose à Victor-Emmanuel II et à Cavour, désireux de faire de Rome la capitale du nouveau royaume d'Italie. Pour renforcer ses troupes, il se résout, après quelques hésitations, à accepter l'aide d'une armée catholique internationale, composée de Français, de Belges, de Néerlandais, d'Italiens, de Bavarois, de Canadiens surtout (plus d'un tiers des Français viennent du grand Ouest et on note parmi eux des noms qui, cela ne doit pas nous étonner, rappellent la « Grande Guerre » de 1793 : Cathelineau ou encore Charette). Cette armée est d'abord mise sous le commandement du général de La Moricière, un libéral revenu au catholicisme le plus traditionnel, opposant notoire à Napoléon III.

Cela ne facilite pas ses relations avec les troupes françaises envoyées par l'empereur à Rome pour en tenir éloignés les Piémontais (Eugénie veille sur la sécurité du Pape et son mari a besoin du soutien des catholiques à l'intérieur, ce qui lui fait prendre leur défense à l'extérieur). Elle connaît son baptême du feu à Castelfidardo en septembre 1860. C'est une déroute, malgré le courage des zouaves, et une grande partie du territoire pontifical est occupé. Lui succède une période de calme de plusieurs années, qui donne à l'auteur l'occasion de se livrer à une étude méthodique de la composition des troupes du Pape (cartes et chiffres à l'appui), des motivations des zouaves (avec notamment un très bon passage sur « l'attente du martyre »), de leur vie quotidienne et de l'envers du décor (épidémies, ivrognerie, problèmes chroniques de trésorerie, mais aussi générosité des catholiques du monde entier, notamment de France).

Nous suivons ensuite les « soldats de Dieu » dans leurs campagnes contre les garibaldiens anticléricaux qui multiplient les incursions en territoire pontifical, dans leur lutte contre les terroristes et dans la répression du soulèvement des patriotes romains d'octobre 1867. Le 3 novembre 1867, ils contribuent largement à la victoire de Mentana sur Garibaldi, mais ils ne peuvent suffire à sauver Rome des Piémontais qui investissent la Ville éternelle en septembre 1870, profitant du retrait des troupes françaises par Napoléon III en guerre contre la Prusse. C'est la fin de l'aventure. Internés, souvent maltraités, les zouaves sont finalement expulsés d'Italie. Le dernier chapitre militaire de leur histoire va se dérouler sur la terre de France, où, « volontaires de l'Ouest », ils combattent l'armée allemande, notamment à Patay-Loigny (Beauce) sous le commandement du général de Sonis, le 2 décembre 1870. Dans les ultimes pages, Jean Guénel insiste sur le côté profondément religieux de l'engagement des zouaves pontificaux, qu'il considère comme la caractéristique essentielle de ce mouvement, ce que la suite de la carrière des vétérans confirme. Licenciés le 13 août 1871, certains zouaves entrent dans les ordres et d'autres en politique (plusieurs seront élus députés). Quelques-uns rejoignent les Carlistes espagnols de la Communion traditionaliste.

Bien plus qu'à des mercenaires, les zouaves pontificaux ressemblent à ces « soldats de l'idéal » dont parle Clemenceau dans son discours du 11 novembre 1918. Ils préfigurent les volontaires étrangers de l'armée française de 1914-1918 (Apollinaire, Cendrars...), les cristeros mexicains, les combattants des brigades internationales ou les fedayins islamiques qui épousent aujourd'hui la cause des Kossovars ou des Tchétchènes. Mus par la foi catholique, ils sont combattants de l'universel, quêteurs d'absolu, et pas seulement soldats d'une patrie, aussi chérie soit-elle. Ils nous apparaissent alors comme éminemment modernes et non plus comme les soutiens d'une cause condamnée par l'histoire et très éloignée des préoccupations de nos contemporains. Le caractère légendaire de leur lutte sera développé à la fin du XIXe siècle par toute une littérature édifiante largement diffusée dans les milieux catholiques français et belges.

Jean Guénel, qui a utilisé des archives françaises et italiennes (mais pas vaticanes malheureusement), des fonds privés, ainsi que des écrits contemporains des événements nous livre là une étude qui pourrait encore être complétée sur bien des points, mais qui a le mérite de la concision et de la clarté et ouvre la voie à de nouvelles monographies. Plus largement, cet ouvrage contribue au renouveau de l'étude du Second Empire, de la guerre de 1870-1871 et des débuts de la IIIe République (« la République sans les Républicains »), périodes de l'histoire de France qui mériteraient amplement d'être revisitées.


Jean-Noël Grandhomme
( Mis en ligne le 04/11/2001 )
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