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Histoire & sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Vae victis, ou d’étranges défaites
Pascal  Laborie   Patrick  Cabanel   Penser la défaite
Privat 2002 /  3.82 € -  25 ffr. / 320 pages
ISBN : 2-7089-0521-X
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Les jours sombres de 1940 nous l’ont rappelé de la façon la plus cuisante, dans l'histoire des peuples, les défaites comptent souvent davantage que les victoires. Elles sont le moment de vérité, l'heure du châtiment ou du sacrifice. Tandis que les succès donnent lieu, dans toutes les cultures, à une littérature officielle assez attendue, les défaites produisent des interprétations plus variées et plus significatives. Penser la défaite illustre excellemment la richesse des traditions nées des grands désastres nationaux : issu d’un colloque tenu à l'université de Toulouse-Le Mirail en 1999, ce volume réussit le difficile exercice qui consiste à réunir autour d'un même sujet les historiens de spécialités et d'obédiences les plus diverses. Souvent, ce genre d'entreprise tourne au fourre-tout. Ici, au contraire, le propos, en traversant le temps et l'espace, gagne en intérêt et en cohérence. Suivant les temps, les lieux et les circonstances, le discours de la défaite prend les directions les plus opposées. Dans les sociétés antiques et jusqu’à nous, les désastres militaires sont d'abord interprétés comme la sanction d'une faute collective, la marque d'un châtiment divin : il en va ainsi chez les Hébreux (Philippe de Robert), chez les Grecs (Cecilia d’Ercole), comme sous le régime de Vichy.

À l'inverse, toutes les cultures connaissent l'héroïsation de la défaite. L'accent est mis sur le fait d'armes, le sacrifice des héros. L'histoire abonde en vaincus magnifiques : Caton d’Utique (victrix causa diis placuit, sed victa Catoni), Vercingétorix, Roland, Jeanne d’Arc, Bolivar, en défaites glorieuses, Waterloo (Jean-Marc Largeau), la Commune de Paris (Rémy Cazals). C’est la "défaite victorieuse", qui peut devenir un mythe, l'événement fondateur de la tradition nationale. Le cas le plus connu est celui de la bataille de Kosovo de 1389, où la Serbie prétend s’être offerte en martyre pour sauver l'Europe du joug ottoman (Michel Roux). En France, on connaît mieux le cas du prétendu génocide vendéen (Jean-Clément Martin).

Le déni est un autre biais pour minimiser un événement désagréable. Un de ses instruments favoris est le parallèle entre défaite présente, totale en apparence, et défaite passée, surmontée en définitive : la France d’après 1870 se remémore ainsi le redressement de la Prusse après Iéna (Christian Amalvi). La défaite peut aussi s'avérer positive à long terme : en perdant ses colonies d'Amérique, l'Angleterre se libère du mercantilisme et de l’autoritarisme, et se prépare à un second essor impérial (Jean-François Dunyach) ; la Ve République travestit la perte de l’Afrique du Nord en un "dégagement" qui va permettre le développement de la Métropole (Colette Zytnicki). Une autre forme de déni, apparentée à la précédente, consiste à refuser l’avantage au vainqueur : dans le discours des historiens occidentaux du XIXe et du premier XXe siècle, l’Italique qui rejette à la mer le colonisateur grec, l’Africain qui refuse la civilisation apportée par Rome ou par la France se condamnent à la stagnation et à la barbarie (Cecilia d’Ercole, Jacques Alexandropoulos) ; pour les menchéviks, la révolution d’Octobre n’est rien d’autre qu’un "bount" à la russe, absurde et sans merci (Jean-Paul Depretto).

Finalement, la réflexion objective sur les causes concrètes de la défaite est ce qu'il y a de plus rare. Le cas français est de ce point de vue exemplaire. Si les organisateurs du colloque Penser la défaite avaient d'abord à l'esprit notre effondrement de 1940 (voir l'introduction de Pierre Laborie), il en est d'ailleurs fort peu question ici, sinon à travers le célèbre ouvrage posthume de Marc Bloch, L’étrange défaite (Vincent Duclert)...À défaut, le présent volume donne à l’historien comme au curieux tous les instruments nécessaires pour considérer d’un œil lucide nos revers passés, présents et, le cas échéant, à venir...


Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 30/04/2002 )
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