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Histoire & sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Une jeunesse viennoise
Brigitte  Hamann   La Vienne d’Hitler - Les années d’apprentissage d’un dictateur
Editions des syrtes 2001 /  4.61 € -  30,18 ffr. / 511 pages
ISBN : 2-845-45-030-3
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Au sein de l’imposante bibliographie relative au dictateur allemand, la recherche de Brigitte Hamann, spécialiste de l’histoire autrichienne, est d’un apport décisif. Ian Kershaw, dans son incontournable biographie du Führer, ne s’y est pas trompé en faisant siennes les conclusions de l’historienne sur la jeunesse d’Hitler. Comme son titre l’indique, La Vienne d’Hitler est moins la biographie des années viennoises du futur chancelier que la radioscopie de la Vienne où Hitler passa, entre 1908 et 1913, sa jeunesse. Il s’agit là d’une approche à la fois nécessaire et enrichissante. Nécessaire parce que ces années sont mal connues concernant Hitler, tant du fait de sources lacunaires que de témoignages dont la véracité est sujette à caution, à commencer par celui d’Hitler lui-même dans Mein Kampf. L’historienne rappelle d’ailleurs qu’il s’agit là d’un ouvrage de propagande politique et non d’une autobiographie à prendre au sérieux.

Cette démarche est ensuite enrichissante car elle aborde le jeune Autrichien par son environnement. La mise en scène de la Vienne du début du siècle permet sans difficulté d’imaginer la vie qu’y mena cet acteur particulier. En retraçant la vie politique et culturelle de cette grande capitale européenne, en se plongeant avec courage dans le flot éditorial de ce grand centre intellectuel alors en plein bouillonnement, Brigitte Hamann reconstruit l’univers qui impressionna le jeune homme. Elle reconstitue le bain électrolytique qui permettra de catalyser en partie le passage dea la marginalité aux pleins pouvoirs vingt ans plus tard. Cet univers est en effet particulier. Hitler ne vit pas dans la Vienne bourgeoise, audacieuse et éclairée de la modernité, celle de Klimt, de Kokoschka, de Freud ou de Zweig, mais dans celle, misérable et apeurée, d’un pays multiethnique et en relatif déclin. Ces peurs et ces angoisses sont captées par des hommes politiques et des théoriciens en qui Hitler reconnaîtra ses maîtres : non seulement Karl Lueger et Schönerer mais aussi la nébuleuse antisémite et pangermaniste alors très active. Ces années viennoises sont ainsi, à bien des égards, celle d’un apprentissage qui imprègnera le Führer toute sa vie.

Pour autant, ces années de formation ne rendent pas totalement comptent du Hitler des années trente et quarante. La guerre et le marasme de l’Allemagne des années 1918-1919 seront un autre moment moteur dans le parcours de l’homme. Ainsi, l’un des apports déterminants de ce travail est de répondre à la question de la genèse de l’antisémitisme d’Hitler. Pour l’auteur, les années viennoises n’y ont pas participé de manière décisive. Malgré la présence d’un antisémitisme ordinaire dans la capitale impériale, c’est au pangermanisme, à la question du slavisme dans la Vienne multiraciale, au catholicisme et à ses écueils que s’intéresse l’artiste – car telle est encore la vocation d’un jeune homme qui, après avoir raté son entrée aux Beaux-arts, rêve de devenir architecte. Bien plus, Brigitte Hamann démonte, sources à l’appui, les nombreuses légendes relatives à cet antisémitisme, mythes longtemps entretenus dans l’historiographie hitlérienne même. Elle nous présente un Hitler reconnaissant envers le Dr Bloch, médecin juif ayant assisté sa mère jusqu’à la mort, ami de nombreux juifs dans le foyer pour jeunes travailleurs où il loge à partir de 1909 (citons Joseph Neumann), travaillant avec quelques riches bourgeois juifs de la capitale et ardent défenseur de l’interprétation mahlérienne de l’opéra wagnérien. Parler de philosémitisme serait abusif mais rien dans l’enquête menée par l'auteur ne conduit à l’antisémitisme tel qu’il l’exprimera ensuite de manière obsidionale, au point d’en faire la pierre angulaire de l’idéologie nazie. D’autres catalyseurs seront nécessaires.

Ecrit d’une plume agréable, synthétique et précise, fondé sur des sources inédites (les mémoires d’anciens camarades de l’époque) et développant une approche originale, l’ouvrage de Brigitte Hamann est à la fois une peinture saisissante de la Vienne 1900 et une étude cruciale sur un pan mal connu de la vie d’Hitler.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 20/06/2002 )
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