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Haussmann, le bâtisseur autocrate
  Haussmann   Mémoires
Seuil 2000 /  6.88 € -  45.04 ffr. / 1204 pages
ISBN : 2-02-039898-2
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Edition intégrale, précédée d’une introduction générale par Françoise Choay et d’une introduction technique par Bernard Landau et Vincent Sainte-Marie Gauthier.


Saluons l’heureuse et courageuse initiative des éditions du Seuil de rééditer enfin, dans leur intégralité, les Mémoires du baron Haussmann publiées entre 1890 et 1893 chez Victor-Havard, en trois volumes. La surcotation sur le marché du livre ancien de cette première édition, depuis longtemps introuvable, confirmait non seulement l’attrait des bibliophiles pour un personnage controversé, mais aussi l’intérêt des chercheurs et des curieux pour l’action et l’oeuvre du célèbre préfet de la Seine sous l’Empire.


La figure emblématique de Georges Haussmann qui présida pendant dix-sept ans, de 1853 à 1870, au destin de la Capitale, est de celles qui contribuèrent à donner au Second Empire l’image équivoque d’une fête étourdissante, où chacun se dévoyait dans l’argent facile de la spéculation et de la corruption. Le baron, imbu de sa personnalité, confiant dans le soutien de l’empereur, convaincu de la concordance de leurs vues, persuadé que son action servait le prestige des Aigles dès lors qu’il se prétendait le porte-parole de la volonté du souverain - son "second" disait-il - , ne se souciait ni de ménager ses adversaires ni de se gagner la sympathie des bonapartistes. Cet "animal de race féline", selon le mot du duc de Persigny, administra Paris en autocrate, suivant en cela l’exemple de son maître, rêvant même un moment d’un maroquin qui lui aurait permis de remodeler la France sur le modèle de ses grands travaux. Haussmann, ce n’est pas seulement aujourd’hui le nom d’une des artères les plus animées de la capitale, c’est aussi le renvoi immédiat à l’une des périodes les plus discutées de notre histoire, à l’un des monarques les plus complexes du XIXème siècle.


Deux biographies, l’une de Michel Carmona (Fayard), l’autre de Georges Valance (Flammarion), d’une valeur et d’un apport inégaux, viennent de replacer Haussmann au coeur de l’actualité, faisant de lui une éphémère coqueluche des médias parisiens. Oui, la transformation de Paris a été son grand oeuvre. Mais nous ne devons toutefois jamais oublier qu’elle fut aussi l’une des priorités personnelles de Napoléon III. L’empereur, tout imprégné d’idéaux saint-simoniens et sincère dans son souci d’éradiquer le paupérisme, résolument sourd aux lamentations des nostalgiques du Vieux Paris, s’est attaché à décorseter la Capitale, à l’embellir, à l’aérer, à l’arracher à son insalubrité chronique. Napoléon III, comme tous les visionnaires, tourne son regard délibérément vers le futur, dont il décèle les signes annonciateurs. Il se veut décrypteur de l’avenir, il refuse de se figer dans la contemplation extatique du passé, il préconise le mouvement et récuse l’immobilisme. Il aime les audacieux, il les encourage dans leurs entreprises, il les flatte dans leur mégalomanie. Sous son règne et sous son impulsion, Haussmann percera Paris tandis qu’à la frontière de l’Orient Ferdinand de Lesseps ouvrira l’isthme de Suez à la navigation maritime !


Il faut le dire, Haussmann n’existerait pas sans Napoléon III. Et inversement le bilan politique de l’empereur serait encore plus décrié s’il ne pouvait compter sur le legs de son préfet favori, de ce collaborateur irremplaçable qu’il défendra contre vents et marées jusqu’en janvier 1870, c’est-à-dire jusqu’à l’ultime épuisement de ses forces, alors contraint de l’abandonner à ses adversaires quand lui-même renonça à se battre et à sauver les derniers vestiges de son gouvernement personnel. Comment dissocier, en effet, le destin de ces deux hommes qu’une commune foi dans le progrès et ses bienfaits, qu’une réciproque estime, qu’une même méfiance instinctive envers le parlementarisme et une même adhésion inconditionnelle au despotisme (tel que l’entendait Napoléon Ier, c’est-à-dire la version française de l’autocratie) allaient souder pour le meilleur comme pour le pire ? Si, au lendemain de la capitulation de Sedan, l’architecte Viollet-Le-Duc, oublieux des faveurs impériales, proclama un peu trop vite - et surtout avec quelle impudeur ! - son ralliement à la République, Haussmann, au contraire, courba le dos sous les coups souvent très vils qu’une coalition hétéroclite d’accusateurs publics porta contre lui. Dans l’adversité et la diffamation, il se montre bon prince et résigné; presque octogénaire, il prit la plume pour se justifier, avec cette sorte d’indifférence aux effets de l’âge qu’on rencontre souvent chez ceux qui ont l’intime conviction de l’irréversibilité de leur oeuvre. Non seulement Haussmann savait qu’on ne pourrait jamais défaire ce qu’il avait construit, mais il eut même la satisfaction de voir qu’on poursuivait les chantiers qu’il avait laissés en plan.


Il faut donc se réjouir que les Mémoires d’un personnage aussi considérable soient de nouveau disponibles. Françoise Choay précise dans l’avertissement que ce projet est né il a plus de vingt ans, dans le cadre de son enseignement à l’ancien Institut français d’urbanisme. Vingt ans pour convaincre un éditeur à s’engager dans une telle entreprise - avec tous les risques qu’elle implique - n’étaient certainement pas de trop. Mais qu’il nous soit permis d’exprimer un regret. Pourquoi, dès lors, ne pas avoir employé tout ce temps à préparer une solide et complète édition critique ? Hormis les sept index, fort utiles, l’appareil critique se résume à "une présentation synthétique et générale de l’oeuvre édilitaire du Préfet", qui pose la problématique davantage dans le jargon des urbanistes modernes que dans une perspective résolument historique. L’introduction tient davantage de l’article du Moniteur que de l’établissement critique d’un texte et l’on a évité de peu le fac similé. Tout cela manque singulièrement de notes, de renvois au manuscrit lui-même ou à d’autres sources, de recoupements avec d’autres témoignages.


Cette édition fera date par défaut et non pas pour son excellence. Après un siècle d’absence et deux décennies d’attentisme, elle donne l’impression d’avoir été réalisée dans la précipitation. C’est dommage, parce que les Mémoires d’Haussmann d’un strict point de vue scientifique méritaient assurément un meilleur traitement.


Christophe Pincemaille
( Mis en ligne le 02/04/2001 )
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