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Un homme en colère
Pierre  Marion   Mémoires de l'ombre - Un homme dans les secrets de l'Etat
Flammarion 1999 /  3.03 € -  19.85 ffr. / 299 pages
ISBN : 2-08-067692-X
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Le service de l'Etat suscite le respect et l'admiration. Lorsque celui-ci a pour objet le service du secret d'Etat, il s'y ajoute une curiosité particulière pour ce qui a trait aux coulisses du pouvoir et aux décisions secrètes. De nombreux ouvrages, ceux de Rémi Kauffer, de Roger Faligot et de Pascal Krop ont entretenu dans le public une telle attente. Le journalisme d'investigation qui valorise le mystère, parfois l'occulte, privilégie les individus par rapport aux structures, entretient la confusion sur les domaines d'activité de la police et de l'armée, et véhicule ainsi des stéréotypes caricaturaux et simplistes sur le monde méconnu du renseignement.

On s'attendrait à ce que les serviteurs de l'Etat qui ont dirigé les services secrets en donnent une vision différente. La mort de François Mitterrand en 1995 fut suivie d'une vague de publications émanant de l'entourage de l'ancien chef de l'Etat. Cette tendance précédée par la publication des Verbatim de Jacques Attali en 1993 a vu la naissance d'un nouveau type d'auteur à mi-chemin du mémorialiste (dans la forme) et de l'hagiographe (sur le fond). Le livre de Pierre Marion s'inscrit à la croisée des publications des journalistes sur le renseignement et de celles des anciens proches du chef de l'Etat.

Toutefois, on ne trouve nulle complaisance de la part de l'auteur à l'égard de l'ancien Président de la République : bien au contraire, les Mémoires de l'ombre sont un implacable réquisitoire contre François Mitterrand. L'auteur, né en 1921, a accompli tout sa carrière professionnelle dans l'industrie aéronautique (Air France et Aérospatiale) après avoir été formé à l'Ecole Polytechnique pendant la guerre. En juin 1981, vraisemblablement sur le conseil du ministre de la Défense Charles Hernu, François Mitterrand appela Pierre Marion pour diriger le Service de Documentation extérieure et de contre-espionnage (S.D.E.C.E.), service de renseignement et de contre-espionnage militaire créé en décembre 1945, relevant depuis 1966 du ministre de la Défense.

Comme certains des prédécesseurs (Alexandre de Marenches) et successeurs (Amiral Pierre Lacoste, Un amiral au secret, Flammarion, 1997) ; Claude Silberzahn, Au coeur du secret : 1500 jours aux commandes de la DGSE, Fayard, 1995), Pierre Marion a évoqué dans ce court volume de mémoires son activité à la tête du S.D.E.C.E. qu'il transforma en avril 1982 en Direction générale de la sécurité extérieure (D.G.S.E.). Sur les trois cents pages que compte le livre, moins d'un tiers est consacré à l'évocation de son activité à la tête des services secrets. Peu intéressantes sur le service (secret) de l'Etat, elles sont denses en revanche de colère. Colère contre la France, contre François Mitterrand et son entourage, contre le S.D.E.C.E., contre les élites françaises. Il serait naïf de s'attendre à d'importantes révélations sur les décisions et l'activité du S.D.E.C.E. /D.G.S.E. entre juin 1981 et décembre 1982 (date à laquelle Pierre Marion quitta le service) mais l'on demeure surpris par tant d'amertume. La personnalité de l'auteur telle qu'elle se dessine peu à peu est pourtant originale et l'on s'attendrait à des considérations moins banales et moins décevantes. Ayant servi avant 1981 des grandes entreprises publiques françaises, il se montre méfiant vis-à-vis de l'Allemagne, favorable à l'intégration de la France dans l'O.T.A.N. et plutôt américanophile. Franc-maçon, il fit partie des rares élites françaises à ne pas avoir été inquiétées par l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981.

En dépit d'un parcours intéressant et d'une sensibilité idéologique originale, la rancoeur l'emporte tout au long du livre. L'entourage présidentiel est l'une de ses cibles privilégiées : seul Pierre Bérégovoy échappe à ses critiques mais Charles Hernu, Jacques Attali, François de Grossouvre, André Rousselet et Michel Charasse ne sont pas épargnés. A trop étaler sa colère, l'auteur risque d'encourir la déception du lecteur. En effet, si personne ne pourra reprocher à Pierre Marion de ne jamais se départir de son devoir de réserve, on reste déçu par l'absence de considérations sur le service de l'Etat, la nécessité du secret et les exigences démocratiques. La sensibilité idéologique particulière de l'auteur aurait peut-être apporté des éléments intéressants. Pierre Marion aurait pu aller plus avant dans des aspects à peine esquissés : l'organisation et le fonctionnement du pouvoir élyséen, les relations conflictuelles avec la D.S.T. ; la chasse gardée que constitue l'Afrique pour certains réseaux situés en dehors du pouvoir exécutif. La déception est d'autant plus vive que Pierre Marion paraît avoir pris d'intéressantes initiatives en matière de renseignement économique et de contre-terrorisme. Il n'explique pas les raisons réelles de la transformation du S.D.E.C.E. en D.G.S.E. et demeure trop allusif sur la nature de ses contacts avec certains chefs d'état étrangers.

Le seul élément clair - martelé tout au long de l'ouvrage - est la difficulté que Pierre Marion eut à accéder directement au chef de l'Etat, malgré ce que celui-ci lui avait promis en juin 1981. Les mémoires et souvenirs d'anciens responsables des services spéciaux français, depuis le commandant Ladoux (Mes souvenirs, Les éditions de France, 1937) constituent un genre littéraire en soi, partagé jusqu'alors entre la reconstruction et la vérité sur un mode variant du didactique à l'épique. Avec Pierre Marion, le genre a découvert une tendance nouvelle : l'humeur.


Sébastien Laurent
( Mis en ligne le 13/08/2001 )
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