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Vers un capitalisme sans propriété ?
Jeremy  Rifkin   L'Age de l'accès - La vérité sur la nouvelle économie
Pocket 2002 /  1.07 € -  7 ffr. / 495 pages
ISBN : 2-266-11443-3
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Quand on a à l’esprit le livre le plus connu de Jeremy Rifkin, La Fin du travail, cet ouvrage constitue une surprise : il décrit en effet un monde éreintant, où nous ne cessons de nous activer dans une course vertigineuse à la productivité. Cet univers de la nouvelle économie est si prenant que le temps devient l’ultime denrée, qu’une organisation complexe de services marchands vient gérer au mieux, fournissant ce que nous n’avons plus le temps de produire.

Au point de départ de L’Age de l’accès, une étude étroitement centrée sur un objet défini : la nouvelle économie, c’est-à-dire l’économie qui dérive de l’utilisation intensive des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Très rapidement on saisit que la nouvelle économie n’est pas un objet mais un paradigme pour Jeremy Rifkin : l’ouvrage est articulé autour de l’idée selon laquelle la nouvelle économie est un "hypercapitalisme" pour lequel l’ordinateur n’a joué, somme toute qu’un rôle secondaire, même s’il représente l’exemple parfait de la société en réseau qui se met progressivement en place. Par "nouvelle économie", il ne faut donc pas comprendre "l’économie de l’Internet", mais "l’économie à laquelle l’Internet sert de miroir". Le réseau n’est pas un phénomène informatique, mais un fait social.

La sphère du marché avait déjà fait sortir l’économie de la sphère domestique où l’étymologie du mot la cantonnait (économie = la loi de la maisonnée) et la révolution industrielle avait accéléré le mouvement : le statut social, au XXe siècle, ne tient plus à la quantité de biens qu’on peut produire chez soi (toutes ces productions personnelles jusqu’au XIXe siècle qu’on n’ose plus imaginer faire soi-même comme du pain, des vêtements, du grain…) mais à la quantité de ces biens qu’on peut acquérir sur un marché. Au XXIe siècle, un pas de plus est franchi quand le marché se libère de ce qui en constituait initialement le socle : la propriété Celle-ci n’apparaît plus que comme un intermédiaire flou dans une circulation accélérée des biens économiques, contrôlée par un petit nombre d’acteurs, des entreprises multinationales qui concentrent de moins en moins de ressources en interne, et se déchargent sur leurs sous-traitants de la production, tel Nike, qui n’est qu’un "laboratoire de recherche et de conception" (p. 66).

Une large part de l’ouvrage est consacrée à ce qu’on pourrait appeler la "désappropriation" liée à la "nouvelle culture du capitalisme" (cette dernière expression sert de titre au huitième chapitre). Jeremy Rifkin en diagnostique dans le phénomène d’endettement et de "fin de l’épargne" qui caractérise le consommateur américain, dans l’extension des systèmes de franchise, qui font de l’entrepreneur un sous-traitant sans possession du fonds. C’est surtout l’extension de la location - des voitures mais aussi des résidences de vacance, et même de la maison, sous la forme de ces villes privées où le lien communautaire se paie à prix d’or et qui fleurissent Outre-Atlantique - qui font de cette société toujours en mouvement, une société dépossédée d’elle-même, une société en leasing.

Le phénomène est d’ailleurs ambigu aux yeux de l’auteur : il n’oublie pas la tradition critique qui fait de la possession une aliénation ; pour autant, il privilégie l’interprétation qui la considère comme le signe d’une "place dans le monde" propre à chacun. Dans la société en réseau, au contraire, l’intégration se fonde sur la capacité à être un "point d’intersection". Les exclus sont ceux qui sont retirés de la grande circulation marchande, qui n’a ni terme, et pas même un étalon : la dématérialisation de la monnaie la vide de son existence pour en faire une abstraction servant les fins de cette désagrégation. Même ce qui apparaît comme l’intimité de la représentation humaine, la culture, est dégradée sous la forme d’une expérience marchande, d’une "image" utilisée à des fins marketing. En ce sens, il y a plus dans le livre de Jeremy Rifkin qu’une analyse ou une dénonciation de la société où "tout est à vendre", y compris l’attention qu’autrui vous accorde puisqu’elle n’est qu’un service tarifié de plus. Cet encan généralisé des êtres et des choses traduit plutôt une vision du monde, passablement effrayante il est vrai, où l’on vit son existence, au mieux par épisode, au pire au fil de "clics" existentiels, dont le prisme serait le tourisme, cette forme de regard superficiel et général sur un monde débité en tranches de pittoresque solvable.

Très documenté, muni de nombreuses notes dont on regrette qu’elles soient rejetées en fin de volume avec un minimum de repérage (quand les éditeurs indiqueront-ils les pages de renvoi ou du moins le titre et non seulement le numéro du chapitre ?) mais malheureusement dépourvu d’index, L’Age de l’accès est une réflexion critique qu’on peut situer dans le sillage des analyses "postmodernes". Comme elles, il a le désavantage relatif de généraliser l’expérience d’au mieux 20% de l’humanité : encore doit-on se demander s’il ne compte pas large, et si l’Europe est si homogène à l’expérience américaine. Comme elles, il donne une grille d’analyse pertinente pour certains phénomènes sociaux. Mais avec l’abstraction métaphysique en moins, et la clarté de l’écriture, servie par une traduction agréable en plus.


Thierry Leterre
( Mis en ligne le 28/10/2002 )
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