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L'actualité du livre et du DVD Vendredi 22 octobre 2004
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Grosse fatigue !
Sarah  Vajda   Jean-Edern Hallier - L'impossible biographie
Flammarion - Grandes biographies 2003 /  3.51 € -  23.00 ffr. / 468 pages
ISBN : 2080680676
FORMAT : 16 x 24 cm
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On ne peut jamais exiger du biographe qu’il éprouve de la sympathie, de
l’admiration ou de l’estime envers le personnage dont il choisit de
retracer l’existence. On attend du moins qu’il ait assez d’honnêteté
intellectuelle pour ne pas prendre son sujet comme prétexte à l’étalage
de ses propres états d’âme. De l’illusioniste Jean-Edern Hallier, Sarah
Vajda veut nous persuader qu’il reste aujourd’hui bien peu à dire : cela
donne près de 460 pages laborieuses, bavardes, aux arcanes
difficilement déchiffrables à qui n’a pas eu l’insigne honneur de naître sur
une banquette de la Brasserie Lipp.

Coups bas, insultes et allégations ordurières, grand jeu de la paranoïa,
poses étudiées, scandales opportuns et opinions opportunistes : le
parcours du mythographe est bien connu. «Et plus le mensonge est
gros…», comme le dit la sagesse populaire des salauds... Il faut plaindre
ceux que Jean-Edern le bouffon, le faussaire, le parjure, aura réussi à
duper et dont il aura abusé pour gonfler sa réputation. Il faut déplorer le
manque de discernement et la frivolité de ces lamproies, midinettes,
scribouillards ou apprentis trublions, qui, à le fréquenter, pensaient
connaître le frisson de la gloriole et nourrissaient l’illusion de se réaliser
dans l’orbe de ce grand homme qu’est censé être un Écrivain. Ils se sont
lamentablement trompés de gourou et d’idole, pire pour certains : ils se
sont trompés d’ami ou d’amour.

Car si Jean-Edern Hallier avait eu un quelconque poids sur les affaires
de son pays, s’il avait été réellement dangereux, cela se serait su, et il
aurait payé. Mais lui qui poussa l’art de la grivèlerie jusqu’au bout ne fut ni
le Voltaire ni le Chateaubriand qu’attendait une génération dont le dernier
rendez-vous littéraire furent les funérailles de Sartre. Bigleux pour bigleux,
et quoi qu’on retire de la tristounette philosophie existentialiste, on perdit
immanquablement au change. La pensée entra alors au Royaume de
Bouffonnerie par la grande porte, elle se mit à manger à tous les
râteliers, à coucher dans tous les lits, à tirer sur toutes les barbes et à
sniffer de toutes les poudres, pourvu qu’il s’agît de combattre les hydres
immondes de la Censure et de l’Interdit. Mais finalement, Jean-Edern
Hallier, c’est sur la joue de Mitterrand la trace d’une gifle qui ressemble à
la main de "Touche pas à mon pote" ; c’est un dégonflement de tous les
instants (il suffit de repenser à son interview truquée par Desproges pour
cerner le personnage) ; c’est beaucoup de vent comme on aime en avoir
à Paris, à la terrasse de ce grand café qu’est le monde.

Alors, que Sarah Vajda vienne piquer une colère avec cinq ans de retard
parce que Jean-Edern a plagié les Protocoles des Sages de Sion ;
qu’elle se livre à un véritable règlement de compte posthume avec un
cadavre déjà bien putréfié et auquel rendent seulement encore hommage
quelques compulsifs enfants de la télé ; qu’elle lui adresse d’ici-bas des
lettres qui retracent l’histoire du peuple élu et martyrisé, eh bien cela
fatigue. Le sous-titre nous avertissait que nous abordions «L’impossible
biographie» ; impossible à rédiger ou à lire, là est la question. Le
brouillage est permanent, les notes éclosent sans toujours éclairer le
propos ou alors pour ne laisser libre cours qu’à l’appréciation fort peu
enrichissante de l’auteur. Enfin, technique journalistique horripilante et de
plus en plus prisée apparemment par les historiens de l’éphémère : le
suspense entretenu par la dissimulation de l’identité des personnages
évoqués, et qui n’arrive qu’après un portrait ou la relation d’une anecdote
absconse.

Le cas Hallier aurait pu être évacué en 100 pages. Il aurait simplement
fallu le laisser s’agiter au fil d’une narration impassible et le laisser
s’écrouler d’épuisement, d’avoir pédalé dans la semoule du ridicule qui,
justice enfin rendue, le tua. Sarah Vajda a préféré s’adresser aux initiés et
trouver un alibi pour étaler ses rancoeurs, ses angoisses, ses
indignations et ses questionnements identitaires les plus profonds.
Raté : Jean-Edern, le narrataire de sa prose inspirée, fidèle à son
habitude, ne payera pas la note.


Frédéric Saenen
( Mis en ligne le 22/09/2003 )
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