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| Musique & Spectacles -> Classique & Opéra |
Orphée et Eurydice
de Brian Large
avec John Eliot Gardiner, Robert Wilson, Magdalena Kozeva, Madeline Bender, Patricia Petibon, Christoph Willibald von Glück
2000 / 3.51 €
Durée DVD 105 mn. |
Format : 16/9e compatible 4/3
Son : PCM Stéréo, Dolby Digital 5.1
Menus : anglais, allemand, français, espagnol
Sous-titres : anglais, allemand, français
Simple face
Zone 2
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Cela avait été l’une des dates importantes de la saison musicale 1999-2000 en France. Après un an de travaux, le Théâtre du Châtelet fêtait sa réouverture en proposant un Orphée et Eurydice de Glück résolument international puisque chanté en français (révision Berlioz, 1859), dirigé par un Anglais (John Eliot Gardiner), mis en scène par un Américain (Robert Wilson) et interprété par une Tchèque (Magdalena Kozeva), une Américaine (Madeline Bender) et une Française (Patricia Petibon).
Musicalement parlant, ces deux heures sont un régal: l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique sonne splendidement, assumant avec bonheur la dimension narrative dont le livret de Calzabigi, à force de dépouillement, paraît tant dépourvu. L’engagement de tous les pupitres (perceptible notamment dans les attaques), leur jeu acéré, quasi expressionniste, font plaisir à entendre ; on reprochera peut-être simplement à Gardiner le choix d’un tempo trop rapide. Comment, il est vrai, ne pas souhaiter, lorsque Kozena entonne son " Quel nouveau ciel ", que le temps suspende un instant son vol?
La prestation de la jeune mezzo tchèque est impressionnante: clarté de diction remarquable (et tant pis si la version française arrache parfois un sourire…), qualité de projection, velouté sombre du médium, sa prestation justifie à elle seule l’achat du DVD. Ses deux partenaires lui donnent la réplique avec conviction, et les interventions du Monteverdi Choir parachèvent cette réussite, avec notamment une scène 1 de l’acte II (Furies et Spectres) anthologique.
C’est davantage vers la mise en scène que nos réserves se portent. Non que le travail de Robert Wilson entre en hiatus avec l’oeuvre de Glück; au contraire : avec sa dramaturgie épurée, aux résonances symbolistes, Orphée, plus que toute autre partition, se prête au dégraissage scénique qui est la signature du Texan. Sous son oeil, le jeu théâtral devient un code à interpréter, suite de signes cabalistiques dessinant une calligraphie mystérieuse sur une toile tendue par la lumière. En ce sens, les déplacements glissés, les poses hiératiques des chanteurs et du chœur forment une chorégraphie troublante à laquelle, malheureusement, la réalisation ne rend pas pleinement justice. Plans serrés et plans américains morcellent cette fresque mouvante en une succession de détails isolés. Le spectacle y gagne certes en présence, mais toute la démarche esthétique s’en trouve contredite.
Ne boudons toutefois pas notre plaisir: cet Orphée-là mérite largement d’inaugurer toute DVDthèque musicale.
Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 06/03/2001 )
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