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| Films -> Drame |
Remorques
de Jean Grémillon
avec Jean Gabin, Madeleine Renaud, Michèle Morgan
MK2 - Un DVD, un livre 2004 / 23.90 ffr.- 3.65 €
Durée film 79 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma : France, 1941
Version : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1 : 33
Format audio : Français. Mono d’origine. Dolby digital
DVD Bonus :
Préface du film par Serge Toubiana.
Grémillon, le méconnu, portrait réalisé par Dino Gambini (1999)
Photographies du tournage et commentaire de René-Jacques
Bandes-annonces de Remorques et Hôtel du Nord
Remorques de Roger Vercel, Albin Michel (Le livre de poche, 256 pages)
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Le mariage bat son plein. Tout l’équipage est là, qui lève son verre pour des vœux de bonheur à l’un des gars de l’équipage. André Laurent (Jean Gabin), le capitaine du bateau remorque de sauvetage sur lequel travaillent tous ces marins, se lève pour un discours. Oh, pas un long discours, l’homme n’est pas un bavard, préférant les durs combats contre les flots pour tirer jusqu’au port des navires en détresse. Yvonne (Madeleine Renaud) est si bien, là, dans ses bras, le temps d’une danse, comme des jeunes mariés. Si heureuse qu’il la préfère pour quelques heures à son navire et à sa vie d’aventurier…
SOS, capitaine ! La fête a peu duré. Les hommes courent vers le remorqueur. Un navire est en détresse. La mer est en furie. Il faut partir au combat, pousser le bateau, heurter les vagues, lutter contre l’océan. Les hommes s’affairent avec discipline et précision, sous les ordres du capitaine Laurent, réparant les avaries, veillant sur les machines. Le bateau en détresse est atteint, on finit par l’attacher. On sauve de la noyade quelques marins en détresse, qui ont préféré mettre une barque à la mer plutôt que de rester sur un navire incertain. Une femme aussi est hissée à bord. Mais l’affront d’un océan qui résiste est bien petit devant la fourberie du capitaine étranger. Car la remorque, subitement, est rompue, alors que le port est en vue. Et le cargo secouru a retrouvé quelques forces pour se traîner, seul, jusqu’au bord, dissimulant le secours en haute mer et donc la facture à payer !
Une rage sourde d’avoir été trompé et de ne pouvoir en apporter la preuve agite André Laurent. Mais un autre sentiment l’ébranle, lui, l’homme de caractère, l’homme de haute mer, l’homme intransigeant avec ses hommes sur les histoires de femmes. Cette Catherine (Michèle Morgan) sauvée de la noyade lui donne un mystérieux rendez-vous dans un hôtel. Elle l’accompagne encore dans une promenade à deux, en bord d’océan, pour ramasser une étoile de mer, pour se frôler, se regarder, se désirer… Sa clarté, son magnétisme, ses cheveux au vent, son regard souriant bouleversent la vie du capitaine, qui livre alors un combat solitaire. Car Yvonne est malade et André Laurent ne l’a compris que trop tard, car les navires en détresse n’attendent pas, là-bas, loin de la terre... SOS, capitaine !
Remorques. Lyrisme du combat des hommes contre les flots, contre les éléments. Aura du couple mythique Gabin, Morgan. Portait du protagoniste en héros solitaire, qui s’éloigne sur le port, dans la nuit. Trahison du navire secouru. Hésitation des sentiments. Conversation secrète des hommes et de la furieuse nature. Grémillon met en scène un beau drame romantique, comme une épure de cinéma classique.
MK2 propose ici un très élégant coffret réunissant le DVD et le roman de Roger Vercel, prix Goncourt en 1934 avec Capitaine Conan, adapté au cinéma. Belle idée que de suggérer une proximité de regard et de lecture entre film et roman adapté. Remorques est un grand roman de la mer, saisissant la vie des hommes simples dans leur labeur marin avec une écriture précise, dense, tumultueuse qui sait dire les termes marins et le combat contre les flots. On observera comment la matière réaliste et le drame intime du capitaine nourrissent le film, qui stylise l’histoire du roman pour renforcer l’aura romantique du couple André – Catherine… et de ses interprètes. Cinéma, force de l’incarnation... On admirera comment les scénaristes suppriment des explications sur la présence, l’action et les intentions de la Catherine du roman pour renforcer le mystère de la Catherine – Morgan du film.
Outre le beau travail de restauration de la copie qui donne au noir et blanc toute sa vibration, MK2 Editions offre aux spectateurs des compléments au film témoignant d’une politique éditoriale sobre et documentée : une introduction de Serge Toubiana situe le cheminement de l’adaptation du roman (Prévert reprenant un premier travail de Spaak et Cayatte) et les aléas de tournage (film commencé en 39, fini en 41) ; un documentaire de Dino Gambini dresse le portrait d’un cinéaste, homme de grande culture, souvent méconnu ; René-Jacques commente des photos de tournage.
Benoît Pupier
( Mis en ligne le 13/09/2004 )
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