annonce rencontre site de rencontre rencontre femme rencontre blog
L'actualité du livre et du DVD Vendredi 22 octobre 2004
LE LIVRE
LE DVD
 
  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE
LE DVD
Animation / manga
Films
Séries Télé
Documentaires
Musique & Spectacles
Jeunesse
Animation / manga
Submarine Super 99
de Hiromichi Matano
Kaze 2004 /  75 ffr.- 11.45 €
Durée film 325 mn.
Classification : Tous publics

Réalisé par Hiromichi Matano, d’après l’œuvre de Leiji Matsumoto

Sortie Cinéma : Japon, 2003
Titre original : Sensuikan Super 99

Version : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : Couleur, PAL
Format image : 4/3
Format audio : Français/ Japonais Dolby Digital 5.1 (Fr)/ Stéréo Dolby 2.0 (Jap)
Sous-titres : Français

DVD Edition Collector : 3 DVD + 1 DVD bonus, livret 32 pages, 2 cartes collector, 2 planches d’autocollants, 1 stand up

DVD 1 : Épisodes 1 à 5

DVD 2 : Épisodes 6 à 9

DVD 3: Épisodes 10 à 13

DVD 4: Bonus
Interview de Leiji Matsumoto
Interview du réalisateur
Interview du character designer
Spot TV
Clips vidéo
Interview du directeur artistique
Galerie d’illustrations inédites par Golgoth 71
Génériques de début et de fin sans crédit
Bandes-annonces Kaze



Imprimer


D’étranges événements se déroulent depuis peu autour de la fosse du Japon, entourés d’un épais mystère et savamment étouffés par les autorités. En effet, plusieurs navires ont disparu dans des conditions encore non élucidées, et le Dr Oki, accompagné de Goro, l’un de ses petits-fils, a la délicate mission d’éclaircir toute cette affaire. Tous deux embarquent à bord du Kairyumaru afin d’explorer les fonds marins alentours, à la recherche d’un hypothétique Empire des Mers, civilisation secrète qui représenterait une terrible menace pour l’humanité. Avant leur départ, les deux scientifiques confient au jeune Susumu une clef portant le sceau 99. Mais la mission tourne mal : le Dr Oki et Goro disparaissent et leur vaisseau est retrouvé vide au large des côtes nippones. C’est alors que Susumu, persuadé qu’ils sont toujours vivants, découvre le projet Submarine Super 99 élaboré par l’Institut de Recherches scientifiques Oki. Le jeune homme devra livrer une terrible bataille contre l’Empire des Mers afin de retrouver sa famille et sauver la planète du désastre.

Submarine Super 99, l’un des tout premiers manga de Matsumoto, préfigure déjà ce que seront les futures oeuvres du maître. Écrite en 1964, la série - après avoir résisté avec brio au passage du temps - retrouve ici un second souffle grâce à cette adaptation nerveuse et emmenée. Fidèle à l’imagerie Matsumoto, elle nous plonge dans de grands espaces paradoxalement confinés et oppressants, mis en exergue par un graphisme soigné, à la fois épuré et très efficace, dont les dominantes de bleu suscitent apaisement et inquiétude. Car ce voyage au cœur d’un monde de silence ne manque pas de provoquer une angoisse agoraphobique chez le spectateur, entretenue par de somptueux décors sous-marins. Ce monde parallèle terriblement envoûtant est le lieu d’affrontements sans merci que vont se livrer l’Empire des Mers et le Super 99, sur une BO entraînante. Riche en rebondissements, pleine de suspense, cette histoire haletante nous invite ainsi à suivre les folles aventures de Susumu, jeune terrien optimiste, bien que pétri de peur et d’incertitude. Son parcours initiatique, qui le mènera de l’adolescence à la vie adulte, est l’occasion pour Matsumoto d’exposer les grandes angoisses et les grandes obsessions qui jalonneront par la suite toutes ses productions. Avec en premier lieu cette fascination mêlée de crainte pour la technologie et le progrès, souvent porteurs des espoirs les plus fous mais aussi des dangers les plus grands.
Ensuite vient le thème de la guerre, récurrent chez le mangaka, illustré ici par l’opposition entre deux civilisations ennemies : la tentative d’asservissement d’un peuple par un autre (avec les Océanides dans le rôle des opprimés), la tentation totalitaire qui habite tout un chacun, ou encore la quête éperdue de liberté sont autant d’idées conductrices qui forment la trame de cette grande œuvre paranoïaque baignée d’une ambiance de menace et de suspicion permanente. Difficile de mettre des mots sur les sentiments que suscitent le visionnage de Submarine Super 99 : cette étonnante fresque confronte en effet le spectateur à ses vieilles peurs primales et nous renvoie à des craintes universelles qui touche au plus profond de nos êtres (omniprésence de la mort, décadence du monde, déshumanisation et aliénation de l’Homme, manque d’amour, etc.), constatant avec impuissance toute l’absurdité des ambitions mal placées et l’incorrigible bêtise de l’Homme.

Surprenant mélange de réalité et de fantaisie, l’animé fait appel à des recettes infaillibles, avec en premier lieu une équipe qui se veut sympathique, réunissant les deux figures fortes qui hanteront plus tard les autres créations de Matsumoto, à savoir un jeune premier au look à faire pâlir d’envie Francis Lalanne, et une femme diaphane et blonde, souvent secrète, à la fois image de la Mère et de l’Amante, bien que ce dernier point soit suggéré de manière excessivement pudique. C’est effectivement un univers très (trop ?) prude que nous dépeint la série, où amour et sexualité sont quasiment occultés, conférant ainsi une froideur dommageable aux personnages. Seuls Deathbird et Ze Strait seront explicitement mis en position d’amants, mais leur amour sera marqué par le sceau du malheur et se révèlera finalement impossible.
Les rapports troubles qui unissent les deux « méchants » sont d’ailleurs sans aucun doute les plus fouillés et les plus intéressants du film. D’un côté Deathbird, machiavélique et en proie à ses pires démons, dont le comportement autodestructeur révèle toute l’étendue de son profond désespoir, et qui aime Ze Strait bien au-delà de ce qu’il n’y paraît. Violent et habité par une haine sans fond, ne dira-t-il pas : « Plutôt tout détruire que de rester comme un raté dans l’Histoire ! », traduisant ainsi une mégalomanie digne des plus grands tyrans ?
De l’autre, la belle et touchante Ze Strait, amante maudite qui a trahi son peuple par amour et se voit abandonnée par celui-ci pour avoir préféré suivre la voie de son cœur à celle du devoir et de la raison. Héroïne déchirée et seule, sa détresse prendra une ampleur toute particulière dans les derniers épisodes de la série, lui conférant le statut d’impératrice martyre. Ce couple infernal sauve ainsi la série d’un manichéisme stérile et abêtissant.

En effet, un monde terriblement moral côtoie ces amants maudits, qui prône des valeurs telles que le courage, l’honnêteté ou encore la gentillesse et le sens du devoir, le tout saupoudré de discours écologiques et de tolérance consensuelle. Bref, une accumulation de bons sentiments d’une tristesse sans fin, dérangeants de bienséance. On regrettera aussi le manque d’humour notable de l’œuvre : on ne rit pas tous les jours dans le Super 99, on peut même franchement dire que l’ambiance y est mortelle, surajoutant un vernis glacé à des personnages déjà particulièrement froids et déshumanisés, malgré tous les efforts de l’auteur pour doter ses protagonistes de traits humains.

À noter enfin dans cette édition de luxe des bonus dont le plus intéressant est sans aucun doute l’interview de Matsumoto, surréaliste au demeurant. Le maître commence en effet par raconter sa réussite au permis de conduire puis entame une discussion sur la mécanique en évoquant sa première voiture de sport avant de revenir à son œuvre, faisant de cette grande diversion un tremplin pour expliciter ses choix et ses envies dans ses productions. Passionné par l’aviation et les sous-marins, profondément marqué par la défaite du Japon en 1945, Matsumoto jette un regard nostalgique et critique sur ses débuts, faisant ainsi preuve de grande humilité. C’est un mangaka perfectionniste et fantaisiste qui se dévoile ici, dont l’œuvre se nourrit de son histoire personnelle, mais aussi de celle de tout un pays qui a connu l’horreur atomique, les kamikazes et l’humiliation d’une capitulation sans condition.

Submarine Super 99, prémisse du célébrissime Uchû kaizoku Captain Harlock, connu en France sous le nom d’Albator 78 (le pirate des fonds marins se muant en corsaire de l’espace), se veut ainsi la synthèse de ce vécu douloureux, étrange fable dont on ne saurait véritablement dire si elle fait preuve d’un optimisme naïf ou d’une noirceur fataliste.


Océane Brunet
( Mis en ligne le 23/08/2004 )



Imprimer
 
 
SOMMAIRE  /   ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  /  
 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2004  
rencontre coquinesvpmonsite.com rencontre femme chat rencontre rencontre homme