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Littératureet Romans & Nouvelles  

L’Autoportrait bleu
de Noémi Lefebvre
Verticales 2009 /  13.9 €- 91.05  ffr. / 144 pages
ISBN : 978-2070126330
FORMAT : 14cm x 20cm

L’auteur du compte rendu : Arnaud Genon est docteur en littérature française, diplômé de l’Université de Nottingham Trent (PhD). Membre du Groupe «Autofiction» ITEM (CNRS-ENS), cofondateur des sites http://herveguibert.net/ et http://autofiction.org/, il est aussi l'auteur, chez l'Harmattan, de Hervé Guibert. Vers une esthétique postmoderne (2007).

Portrait de l'autre, portrait de soi

Dans l’avion qui la ramène en France après un séjour à Berlin, la narratrice de cet Autoportrait bleu, premier roman de Noémi Lefebvre, égrène les récents souvenirs liés à son voyage, laisse libre cours à ses pensées, ses réflexions qui portent sur «le pianiste» qu’elle y a rencontré, sur le compositeur et peintre Schönberg, sur la musique, la complexité du désir, sur l’Allemagne du IIIe Reich ou encore sur la correspondance entre Thomas Mann et Theodor W. Adorno.

Mais comme dans tout flux de conscience, les mots en appellent d’autres, les idées glissent et amènent la narratrice à évoquer différentes anecdotes, l’invitent à revenir sur elle-même, à interroger sa vie, son éducation, sa manière d’être et sa supposée désinvolture, ses échecs (son mariage notamment), ses occasions manquées.

L’Autoportrait bleu est le titre que donna Schönberg à une de ses toiles : «antinazi le regard et antinazi le bleu du portrait, ce regard de Schönberg ne disait rien de bon quant à l’œuvre d’art de l’avenir, suggérait une inquiétude sur l’avenir, se situait bien au-delà de toute définition de l’œuvre et de l’avenir». Œuvre de résistance avant l’heure – car peinte en 1910 –, elle traverse le roman jusqu’à en constituer une mise en abîme. En fait, cet autoportrait est celui qui permet à la narratrice – l’auteur ? – d’écrire le sien propre, car pour écrire sur soi, il faut toujours en passer par l’autre.

Les références à la culture germanique sont nombreuses dans le livre, mais on peut en ajouter une autre. En effet, à la lecture, on pense parfois à Thomas Bernhard – autre artiste «résistant» – pour le style, pour l’utilisation de longues phrases parfois circulaires, ressassant mots et expressions mais progressant de digressions en digressions. Et autant dire que cette comparaison au maître Thomas Bernhard doit se lire comme un joli compliment.

Arnaud Genon
( Mis en ligne le 18/09/2009 )
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