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Littératureet Romans & Nouvelles  

Son frère
de Philippe Besson
10/18 2010 /  6.50 €- 42.58  ffr. / 151 pages
ISBN : 978-2-264-04946-9
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication en août 2001 (Julliard).

La mort d'un frère

Dans un récit intitulé Mourir, Schnitzler raconte l'agonie d'un jeune homme atteint d'une maladie qui ne lui laisse que quelques mois à vivre. D'abord sa fiancée le soutient et lui promet de le suivre dans la mort. Puis, à mesure que le temps passe le couple se déchire. Felix ne supporte pas sa disparition prochaine et la jeune fille pleine de vie refuse de se laisser entraîner.

Dans Son frère, Philippe Besson relate une agonie similaire, celle du frère du narrateur, Thomas. Mais, loin de séparer les deux frères, la mort resserre encore leurs liens déjà étroits. Sous forme de journal, Lucas, le narrateur, mêle deux temps : celui qui s'étend de mars à juin durant lequel Thomas tombe malade et suit des traitements sévères, et le mois d'août que Thomas et Lucas passent à Saint-Clément. C'est dans cette petite ville située à la pointe ouest de l'île de Ré que se trouve la maison de vacances de la famille. Cette maison contient des souvenirs d'enfance, le passé commun des deux frères, "le point où cette enfance et cette agonie se rejoignent, se heurtent".

Dans son premier roman, En l'absence des hommes, Philippe Besson abordait déjà le corps masculin, ses grâces. Ici, au contraire, il est question d'un corps malade, livré aux seringues et aux bistouris. Il n'y a rien pourtant de sordide dans les descriptions détaillées de l'auteur. Il n'enjolive pas mais sait exprimer la beauté qui reste toujours attachée au corps d'un homme, une beauté indissociable de la dignité humaine.

En l'absence des hommes parlait d'amour entre les hommes, Son frère décrit un sentiment tout aussi intense parfois : l'amour fraternel. En réalité, même si la maladie, la mort sont omniprésentes, le vrai sujet du roman est cet amour qui lie Lucas et Thomas. Ce sentiment-là, si rare, permet au narrateur de comprendre son frère, de savoir l'accompagner durant son agonie avec une délicatesse dont l'auteur rend très bien compte. "Il est la totalité du monde", dit Lucas de son frère. "J'ai beau connaître notre intimité qui date du premier jour, qui ne s'est jamais démentie, qui donne tout son sens au mot fraternité, il semble que notre proximité n'a jamais été aussi grande que dans ces instants qui sentent la fin".

Avec ce roman où la fatalité, la souffrance côtoient la grâce et l'amour, Philippe Besson passait très bien le cap - assez critique - du second roman et confirmait son talent d'écrivain.

Ariane Charton
( Mis en ligne le 13/01/2010 )
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