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Littératureet Romans & Nouvelles  

Bamako climax
de Elizabeth Tchoungui
Plon 2010 /  19.50 €- 127.73  ffr. / 403 pages
ISBN : 978-2-259-20614-3
FORMAT : 13,4cm x 20,3cm

Soap opera à la sauce piment

Avec le roman d’Élisabeth Tchoungui, on est bien loin des règles classiques de la littérature avec son unité d’action, de lieu et de temps. La globalisation est passée par là et tout se mélange aux quatre coins du monde à tel point que l’on a parfois du mal à s’y retrouver. D’une métropole à l’autre, le chassé croisé des multiples protagonistes s’articule comme un vaudeville où la femme est maitresse, le mari l’amant, etc… Le roman est intelligemment construit par petits chapitres consacrés à un personnage qui expose les points de vue et permet d’envisager les rapports qu’ils entretiennent tous les uns aux autres, tout en dynamisant la narration qui en a bien besoin dans la première partie.

Cette partie intitulée «Amours» présente les différents personnages qui évoluent dans le monde doré des médias et de la culture. Ils sont tous bien sexys et fortunés et trainent avec un dandysme bling bling contemporain leurs questionnements identitaires à grand coups de clichés. Elio s’interroge sur sa judaïté, Elliott sur sa négritude, et Céleste sur son métissage… Elle se marie avec l’un à Milan, couche avec l’autre à Paris et fait ses courses au Bon Marché entre deux voyages lointains d’où elle rapporte des reportages exclusifs. Les turpitudes psychologiques ont du mal à masquer tant de superficialité. Heureusement pour le lecteur, des personnages satellites viennent semer un peu d’humour, comme Olimpia, la sœur d’Elio, bimbo de la télé italienne, ou la divine Cassandra, amie d’enfance de Céleste, bombe sexuelle africaine dont on goûte avec délice le culot et les expressions fleuries.

Après une deuxième partie «Rupture», la troisième partie «Renaissance» devient haletante et fait véritablement l’intérêt de ce roman inégal. La fin du roman se déroule en Afrique dont Élisabeth Tchoungui sait si bien rendre le dépaysement au-delà du folklore. Intrigue terroriste, suspense : le rythme du roman change radicalement. L’action soigne ses européens blasés et chacun trouve sa vérité au milieu du chaos.

On retient de ce roman peu équilibré le plaisir de lire l’énergie de l’Afrique, terre originelle devenue un territoire complexe aux enjeux centraux pour l’humanité d’aujourd’hui car si l’on peut s’ennuyer à l’énumération de stéréotypes du glamour européen, on se nourrit des légendes africaines que l’auteur rapporte avec toutes ses saveurs.

Béatrice Brengues
( Mis en ligne le 27/10/2010 )
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