L'actualité du livre
Littératureet Romans & Nouvelles  

Aflou, djebel Amour
de Leïla Sebbar , Jean-Claude Gueneau et Nora Aceval
Bleu autour - La Petite collection 2010 /  16 €- 104.8  ffr. / 141 pages
ISBN : 978-2-358-48013-0
FORMAT : 13cm x 17cm

Souvenirs d’Algérie

Dans leur ''Petite collection'', les éditions Bleu Autour rassemblent trois courts textes autour de Aflou, bourgade perdue sur les hauts plateaux du sud oranais, dans l’Atlas pré-saharien. Aflou est le lieu natal de Leïla Sebbar. Elle s’en explique dans une courte préface et introduit les deux autres auteurs, Jean-Claude Gueneau qui y fit son service durant la guerre d’Algérie, et Nora Aceval, conteuse qui connaît l’arabe des hauts plateaux et recueille cette tradition orale.

De ces trois textes assemblés autour d’un lieu, le texte central, celui de Jean-Claude Gueneau, est sans doute le plus fort : Journal d’un appelé, mars 1961-Avril 1962. L’auteur a repris son journal de l’époque : jeune militaire du contingent après 4 mois en Allemagne, il avait été envoyé en Algérie ; il va découvrir une région superbe ; à son arrivée, le commandant lui laisse le choix entre le service dans les commandos ou le service «d’action psychologique» dans lequel il pourra continuer à exercer son métier d’instituteur. Il choisit ce second poste (dont il ignorait à l’époque qu’il était paradoxalement davantage exposé que les commandos). Il participera quand même à quelques opérations, et garde le souvenir des horreurs de la guerre. Pour l’essentiel ses souvenirs portent sur son activité d’instituteur, à la construction de l’école, à ses élèves, à leurs familles avec lesquelles il noue des relations de confiance. Il devient aussi le précepteur du fils du préfet. Il rentre le 5 avril 1962, gardant le souvenir de ces mois particuliers qu’il fait revivre dans ces quelques pages, illustrées de ses photos en noir et blanc.

La troisième partie, de Nora Aceval, est elle aussi accompagnée de photos : celles de la vieille conteuse qui lui a transmis les sept contes racontés ici, et un peu de l’esprit des hauts plateaux souffle…

Leila Sebbar - dont on avait beaucoup aimé Mes Algéries en France, et qui depuis a poursuivi aux éditions Bleu Autour son œuvre de souvenirs sur un pays perdu, et une enfance disparue - ouvre le recueil avec quatre nouvelles et récits, et la phrase terminale de l’une d’entre elles donne le ton général de ce petit livre : Leila Sebbar y raconte une vieille femme, solitaire, qui a passé sa vie comme infirmière à Aflou et qui, revenue en France, attend la lettre d’Aflou qui lui donne des nouvelles. Le temps a passé : «Aujourd’hui elle est vieille. L’Algérie est interdite. Elle vit doucement dans une ville de France avec des palmiers et la mer, pensant au pays qu’elle a aimé, qu’elle aime en mémoire, un pays étranger désormais. Elle ne comprend pas la fureur des hommes».

Un «petit» livre émouvant, avec une jolie maquette, les dessins colorés des pages de couverture, dus à Sébastien Pignon, contrastent avec le noir et blanc un peu passé des photos des années 1940/60 qui illustrent les textes.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 06/05/2011 )
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