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Littératureet Romans & Nouvelles  

Le Ravissement de Britney Spears
de Jean Rolin
Gallimard - Folio 2013 /  6,50 €- 42.58  ffr. / 267 pages
ISBN : 978-2-07-045043-5
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication en août 2011 (P.O.L.)

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Murghab, Tadjikistan… un agent secret français en mission s’épanche auprès de son collègue russe du FSB, ex KGB, et lui/nous raconte ses aventures…

Jusque-là, cela ferait un bon thriller, mais si l’on sait que le-dit agent secret français a atterri dans cette zone frontière entre la Chine et le Tadjikistan, après avoir eu l’énorme, l’immense responsabilité de sauver Britney Spears d’un enlèvement islamiste, on se dit que quelque part dans ces 270 pages, il y a un espion qui a salement raté une mission aussi grotesque que secrète.

Il faut dire que l’agent en question n’a pas le profil James Bond (il ne sait même pas conduire). Et ce ne serait que cela : aussi peu coutumier de la presse people que d’Hollywood, il aborde sa mission avec un professionnalisme aussi impressionnant qu’inadapté, subodorant un peu le piège sans vraiment s’y intéresser, trop occupé à découvrir Los Angeles et ses complexités, ses lieux «in», ses V.I.P. et leurs exploits divers.

Et c’est ainsi que débute Le Ravissement de Britney Spears, comme un gros délire potache, où l’on croise, de manière improbable, des paparazzis, des stars plus ou moins retentissantes (Lindsay Lohan, Britney Spears) et des agents secrets à la ramasse. Jean Rolin (L’Explosion de la durite, Le Chien mort après lui…) ne craint pas le choc entre deux univers littéraires bien éloignés, le roman d’espionnage et la presse people… Le résultat est original, improbable, parfois réussi, parfois un peu déroutant. Reprenant les codes du roman d’espionnage, l’auteur nous entraine dans une longue filature, avec informateurs, plans de villas hollywoodiennes prétendument secrets, infos confidentielles glanées sur tous les sites people… Bref, du John Le Carré croisé avec News of the World

Mais le sujet s’épuise tout de même assez vite et finit par ressembler à une longue errance dans L.A., à la recherche des starlettes à la mode et des «place to be». On apprend par le menu les divers détails de l’existence de personnalités à la mode, comme une mise en littérature de six mois de Voici et l’on finit par se demander «so what ?», tant le ton doucement ironique du début s’est petit à petit dévalué, faute d’histoire réelle.

En lisant les pérégrinations sans trop de but du héros devenu mélancolique, on a l’impression de parcourir le journal d’un vrai paparazzo découvrant l’Amérique et les stars… Du reste, le guide du héros, Fuck, paparazzi légendaire que son métier ennuie, incarne cette espèce de vacuité qui, peu à peu, saisit le héros… et le lecteur. So long !

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 27/03/2013 )
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