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Littératureet Romans & Nouvelles  

Kafka, suite
de Laurent Jouannaud
Pascal Galodé Editions - Le K 2012 /  21,90 €- 143.45  ffr. / 272 pages
ISBN : 978-2-35593-239-7
FORMAT : 15,1 cm × 24,1 cm

A quoi bon ?

C’est une entreprise audacieuse dans laquelle s’est lancé Laurent Jouannaud, fin connaisseur de Kafka : visiblement inconsolable de la mort prématurée de l’écrivain en 1924 dans un sanatorium autrichien, il le ressuscite, lui invente un avenir et tente d’effacer les signes funestes que la tuberculose avait placés au-dessus de sa tête depuis 1917. Qu’aurait-t-il pu advenir à Kafka si celui-ci s’était sorti des griffes de la maladie ? Comment aurait-il vécu dans une Europe bientôt gagnée par le nazisme ? Qu’aurait-il écrit d’autre ?

Quand Kafka meurt à l’âge de 41 ans, il est un écrivain assez obscur et ses œuvres les plus connues n’ont pas été publiées. Il les confie à son ami fidèle, l’écrivain Max Brod, avec ordre de les détruire. Il les publiera. Dans la «suite» que lui offre Laurent Jouannaud, Kafka se remet tant bien que mal de ses problèmes pulmonaires et retrouve sa vie d’avant. Il est partagé, voire déchiré entre des relations amoureuses inabouties, des contacts tendus avec son père et sa volonté de consacrer sa vie à l’écriture, comme une obsession. Jouannaud l’emmène hors de Prague chercher l’inspiration ou le calme propice à l’écriture. C’est à Nice qu’il finit par s’installer peu avant la guerre et c’est avec la nationalité française qu’il tentera d’échapper aux persécutions antisémites.

Laurent Jouannaud dépeint un Kafka que la maladie, la fragilité physique, l’âge et une certaine misanthropie éloignent de plus en plus des relations sociales. Ses déménagements successifs dans les grandes capitales de la Mitteleuropa auraient pu être l’occasion pour nous de baigner dans le bouillonnement intellectuel des années 1920 mais Kafka vit à l’écart du monde. Au fond, la deuxième vie de Kafka selon Jouannaud ne connaît pas de rebondissements spectaculaires. Les tentatives littéraires seront difficiles et douloureuses. Alors, la lecture terminée et Kafka mort pour la deuxième fois, on se pose inévitablement la question : «A quoi bon ?»

Amélie Bruneau
( Mis en ligne le 23/01/2013 )
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