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Littératureet Romans & Nouvelles  

Eboni - Celui qui courait après un corps
de Julienne Zanga
TrialEditions 2003 /  9.90 €- 64.85  ffr. / 144 pages
ISBN : 2951954409

Eboni

Plus qu’un simple sourire au soleil d’Afrique, Eboni. Celui qui courait après un corps , le dernier ouvrage de Julienne Zanga est une véritable déclaration d’amour. Après Alima et le prince de l’océan, roman jeunesse paru en 2001, l’auteur nous offre un délicieux recueil de nouvelles hautes en couleur. Au total, ce sont huit histoires qui nous font vivre un voyage étonnant entre Afrique et Occident.

Construites comme des tranches de vie, elles dressent le portrait d’hommes et de femmes aux destins inégaux. Alors qu’est-ce qui peut bien les rassembler? Leurs racines africaines mais aussi et surtout leurs rêves. Qu’ils soient exilés ou non, les personnages de Zanga recherchent tous des «lendemains qui chantent». Cette quête du monde meilleur passe par celle de l’être aimé, et plus encore, par la conquête de la femme. Car c’est bien la «Vénus Noire» de Baudelaire que célèbre ici Julienne Zanga. Qu’elle ait la peau chocolat, de bronze ou de miel, la femme de Zanga est belle, sensuelle et insaisissable. On comprendra alors la signification de l’énigmatique titre du recueil. Splendide, l’Africaine devient l’objet de toutes les obsessions. Dans la nouvelle intitulée «Olec Tchernicov», un jeune détective yougoslave succombera rapidement au charme de la jeune Aimée et réalisera ainsi ses vieux «fantasmes d’adolescents blancs se masturbant devant d’anciennes gravures représentant des Africaines au seins nus ». Loin d’incarner une créature figée, la femme se fait tour à tour charmante, indépendante, voire même cruelle. Nous en avons d’ailleurs une excellente illustration dans le premier récit. Dans cette nouvelle éponyme, le jeune héros, Derek, sera conduit au meurtre par son amante insatiable.

En chantant la femme, Eboni.Celui qui courait après un corps célèbre la négritude et dénonce l’image spoliée de l’Africaine au teint blanchi et aux cheveux peroxydés. Mais derrière la quête féminine, c’est la quête de soi qui s’affirme. On retrouve bien entendu «l’homme de sable» de Sassine, à la recherche de ses origines. Noyé entre deux cultures, la plupart des personnages du recueil semblent égarés, et comme Binta ne savent pas grand chose de l’Afrique. Pour comprendre qui ils sont et où ils vont, ils devront explorer leur passé. Dans les nouvelles «La Jamaïque rêvait de l’Afrique» et «Le miracle de la Saint Sylvestre», les deux jeunes héros retourneront dans leur pays natal pour achever leur construction identitaire.

Porte parole d’une communauté immigrée, Julienne Zanga nous livre un texte poignant Elle y aborde des sujets graves comme la diaspora, l’immigration, l’exil mais ne tombe jamais dans le fatalisme. L’auteur préfère un ton léger aux accents exotiques. Ces huit nouvelles nous plongent immédiatement dans un univers ou l’Afrique pittoresque se dévoile. Tel que l’avait fait Senghor il y a quelques années, Julienne Zanga engage à sa manière à porter en fanion la négritude.

Née en 1973, Julienne Zanga est originaire du Cameroun. Après une maîtrise en sciences Sociales à l’Institut Catholique de Yaoundé, elle s’installe en France en 1996.

Murielle Vermenot
( Mis en ligne le 10/04/2003 )
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