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Littératureet Romans & Nouvelles  

White
de Marie Darrieussecq
Gallimard - Folio 2005 /  5.30 €- 34.72  ffr. / 185 pages
ISBN :  2-07-031465-0
FORMAT : 11x18 cm

Première édition : P.O.L. (2003).

Léger et élégant

White est le récit d’une belle rencontre amoureuse, heureuse et réussie. Voilà un roman qui porte assez bien son nom, dans le sens où il tranche, par l’optimisme qui l’habite, avec les textes volontiers plus «noirs» auxquels nous ont habitués ces dernières années les jeunes écrivains français, à commencer par Marie Darrieussecq elle-même.

Edmée l’Américaine et Peter l’Islandais s’acheminent chacun de leur côté vers l’Antarctique, où ils sont attendus sur une base scientifique pour travailler sur un projet baptisé «White». Le récit est mené avec légèreté et élégance. L’alternance constante des points de vue - dont celui des «fantômes», sortes de petits génies qui accompagnent, commentent et annoncent le destin des deux personnages principaux – empêche que n’apparaisse l’ennui, et entretient au contraire l’attente et la surprise, au cœur d’une intrigue pourtant assez banale. On appréciera également le fait que Marie Darrieussecq ne sombre jamais dans la lourdeur, ni dans le jeu facile des prouesses narratologiques. Léger et élégant donc.

Outre la réussite dans la retranscription harmonieuse de cette rencontre amoureuse et sexuelle, le cadre du récit joue énormément dans la fluidité du roman. L’auteur a choisi de travailler sur tous les motifs permettant d’associer le lieu à la rencontre amoureuse. Le pôle est le lieu d’attraction et de fusion de toutes les provenances et de tous les contraires. C’est l’épicentre, le temps y est arrêté, le mouvement paralysé, le blanc annule tout en rassemblant l'ensemble des couleurs : autant de phénomènes qui invitent les deux personnages à faire retour sur eux-mêmes et à repérer l’essentiel, à se débarrasser de ce qui pèse et distrait, et à se tenir totalement disponibles à la rencontre. Il y a une thématique quelque peu «cosmique» qui traverse White, mais ici encore traitée avec un humour qui annule toute lourdeur.

Il semble que Marie Darrieussecq ait voulu se faire plaisir, avec ce roman agréable et maîtrisé. On espère seulement qu’elle n’a pas perdu le mordant et l’envergure dont elle a su faire preuve avec Truisme, et qu’elle n’a jamais vraiment retrouvé depuis.

Sonia Anton
( Mis en ligne le 12/04/2005 )
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