Littérature
Romans & Nouvelles de Donna Tartt
Plon - Feux croisés 2003 / 23.50 €- 153.93 ffr. / 610 pages
ISBN : 2259198171
FORMAT : 16 x 24 cm
600 pages en apnée dans l’étouffante moiteur du sud américain
Il y a dix ans, Donna Tartt nous avait éblouis avec Le Maître des illusions, un polar étouffant qui se déroulait dans un collège américain, parmi un groupe d’étudiants hellénistes. Le Petit copain soutient, à bien des égards, la comparaison. Tartt nous plonge cette fois dans l’atmosphère putride d’Alexandria, une petite ville du Mississippi à l’abandon, alanguie entre de vieilles maisons sudistes décrépies et des entrepôts désaffectés. Putréfaction : c’est aussi l’ambiance dominante au sein de la famille Cleve, patricienne en son temps, et vivant aujourd’hui dans les vestiges de son passé et le souvenir non digéré de la mort de Robin, le fils de 9 ans, retrouvé mystérieusement pendu à un arbre dans le jardin familial. Douze ans plus tard, personne ne s’est remis du drame inexpliqué. La mère traîne de son lit au placard à alcools, le père a déserté le domicile et les deux filles ont chacune développé une stratégie de survie : l’aînée, Allison, s’est réfugiée dans l’apathie, et la plus jeune, Harriet, décide de retrouver le meurtrier de son frère.
Le Petit copain est d’abord un roman policier, mais, plus que le scénario, un peu décevant, c’est surtout la description clinique, magistrale, d’un monde en déliquescence qui fascine. Déliquescence du végétal, caniculaire, envahi de serpents et d’insectes. Du social, où les quasi-vagabonds dans leurs caravanes déglinguées, viennent narguer les grandes familles sudistes. Du psychologique, où les non-dits, les tabous et les pesants héritages familiaux créent des ravages que Donna Tartt décortique avec une jouissance certaine. Tout cela est d’une grande densité. Jouissive, pour ceux qui aiment le glauque. Etouffante, pour les autres. Mais brillante, dans tous les cas.
Marie-Pierre Noguès
( Mis en ligne le 22/10/2003 )
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