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Littératureet Romans & Nouvelles  

Ecoute-moi
de Margaret Mazzantini
10/18 - Domaine étranger 2005 /  8.50 €- 55.68  ffr. / 322 pages
ISBN : 2-264-04038-6
FORMAT : 11x18 cm

Première publication française en janvier 2004 (Robert Laffont).

Artificiel et mélo

Ce roman italien, qui a reçu l'équivalent du Goncourt, a enthousiasmé les critiques transalpins et français. C'est donc avec impatience que l'on s'y plonge. Et il est vrai que les premières pages séduisent. Une écriture âpre, percutante, vient prendre le lecteur, d'emblée chamboulé par le début de l'intrigue : un père, chirurgien, est appelé par ses collègues au chevet de sa fille, dans le coma après un accident de scooter. «Un petit gémissement est sorti de tes lèvres en même temps qu'une bulle d'écume rosée tandis que tu quittais la vie consciente. Il y avait de la circulation, l'ambulance a tardé. Tu n'étais plus pressée. Tu étais immobile dans ta veste en poil comme un oiseau privé de vent.» Devant cette adolescente entre la vie et la mort, ce père désespéré entreprend de lui raconter l'histoire de sa vie.

Commence alors un récit à la première personne, se voulant sans concession, récit d'une passion qu'a vécue Timoteo juste avant la naissance de sa fille, avec Italia, rencontrée dans une banlieue sordide au hasard d'une panne de voiture. A partir de là, c'est quitte ou double : certains seront bouleversés par cette histoire entre deux amants que tout oppose - le chirurgien brillant, la quarantaine élégante, et la pauvre fille, même pas belle, vulgaire et sans éducation. Les autres décrocheront dès la première copulation. Car l'auteur mise tout sur cette opposition sans pour autant la rendre crédible. Et, dès lors, se plonger dans une histoire à laquelle on ne croit pas n'est pas chose aisée. D'autant qu'elle sombre dans un mélo allant crescendo, sans faire dans la dentelle (oui, il y a des morts, mais on ne vous dit pas qui, car ce ne serait pas honnête de dévoiler l'intrigue).

Les tergiversations de ce pauvre bourgeois qui hésite entre sa femme et sa maîtresse finissent par lasser : rythmant artificiellement le récit, chacun de ses revirements - de l'une à l'autre et vice versa - est incompréhensible. Grosse déception, donc. Et un certain énervement. Car l'auteur, moitié italienne, moitié irlandaise, sait écrire. On regrette qu'elle ait mis son sens du détail, des petits moments pris sur le vif, au service d'une histoire tellement mélo qu'elle finit par être profondément racoleuse.

Marie-Pierre Noguès
( Mis en ligne le 07/06/2005 )
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