Littérature
Romans & Nouvelles de Erri De Luca
Gallimard - Folio 2005 / 4.70 €- 30.79 ffr. / 181 pages
ISBN : 2-07-030804-9
FORMAT : 11x18 cm
Première publication française : janvier 2004 (Gallimard - Du Monde Entier).
Système binaire
A partir de son passé de militant au sein de l’extrême gauche italienne, Erri De Luca traduit une réalité humaine aussi bien nuancée qu’abrupte, qui dit l’élan du cœur et la révolte d’une jeunesse confrontée aux pesanteurs du réel. «[…] une jeunesse inapaisée et dépareillée, ennemie des pouvoirs constitués, secouée par les affaires du monde» («La jupe bleue»).
Né en 1950, Erri De Luca fait partie de cette génération d’après-guerre qui se projeta dans le présent par l’affirmation de certaines utopies, par une volonté de décloisonner et d’alléger les structures sociales et par cette forme d’idéalisme que justifie le rêve de transformer le monde. Ayant exercé de multiples activités professionnelles et autres, son œuvre se trouve enrichie d’une expérience humaine des plus profondes et des mieux ressenties. Ainsi, dans ces nouvelles, sa connaissance de l’alpinisme («Aide», «Une méchante histoire», «Le pilier de Rozes»), de l’Afrique («Fièvres de février») ou du monde ouvrier («l’usine des vols») par exemple, se fait chair des phrases, sang des mots irriguant la poésie vitale qui étreint le livre.
L’un des paramètres de cet ouvrage est donc la notion d’absolu : en amour «Eût-ce été la lèpre, je l’aurais léchée pour me la coller à la langue, eût-ce été la mort, je l’aurais voulu moi. Moins que ça, l’amour n’est rien.» («La chemise au mur») ; en amitié «C’est bien que les hommes aient des sentiments à larmes.» («L’usine des vols»)… D’un absolu inhérent à la volonté de vivre plus haut et plus fort.
Il y a dans l’acte de lire un saisissement de l’autre, de celle ou de celui qui a tissé sa toile ; une volupté à se laisser prendre, à se laisser dévorer par le texte ; un vampirisme qui ne connaît son nom. Plus l’œuvre est puissante, meilleure sera la phagocytose, la digestion, l’assimilation de nouvelles aires. Et Le contraire de un, ce deux synonyme de naissance, apporte l’oxygène nécessaire à de nouvelles courses dans le présent. Lié à sa propre vie, relié comme tout livre digne de l’être, ce recueil de nouvelles s’attache à démontrer ce qu’est le double dans sa valeur universelle : la révélation de son reflet par le miroir de l’autre.
Daniel Leduc
( Mis en ligne le 18/07/2005 )
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