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Littératureet Romans & Nouvelles  

Cliente
de Josiane Balasko
Le Livre de Poche 2008 /  6.00 €- 39.3  ffr. / 250 pages
ISBN : 978-2253110965
FORMAT : 11x18 cm

Première publication en janvier 2004 (Fayard).

Ménage à trois

Pour son premier roman, tout juste adapté au cinéma, Josiane Balasko peint un drôle de triangle amoureux. Un ménage à trois nouvelle manière et un brin sulfureux : le mari, la femme… et la «cliente» du mari. Marco, la trentaine, garçon sympathique et carré, fait des chantiers pour des particuliers. Fanny, sa femme, a des parts dans le salon de coiffure qui l'emploie. Judith, la cinquantaine conquérante, règne en maîtresse sur une émission de télé-achat dont elle est la présentatrice. Pour «payer les traites du salon», comme il dit, Marco devient un jour Patrick, prostitué occasionnel pour femmes mûres. Il rencontre Judith sur Internet et, au-delà de l'amour payant, quelque chose commence à se dessiner qui ressemble à du sentiment. Le ver est dans le fruit. Fanny, qui ignorait tout de la double vie de son homme, finit par découvrir le pot aux roses…

Cliente est découpé en chapitres brefs, où alternent à la première personne les points de vue des trois protagonistes. On n'est pas dans l'écriture contrapuntique chère à Lawrence Durrell, mais le principe fonctionne bien, comme une mécanique de rouages qui s'entraîneraient les uns les autres. Les premières pages sonnent comme du Balasko, ou l'idée que l'on s'en fait : un style Splendid, où se mêlent sens de la formule, raccourcis percutants et argot calibré. On se dit que c'est un peu facile, ou un peu systématique, ou les deux à la fois, et que vu le thème, on est parti pour trois cents pages de Bertrand Blier mâtiné de Poiré, un avatar littéraire des Valseuses, version années 2000.

Mais force est de reconnaître que cette première impression n'est pas justifiée. Car Josiane Balasko n'a pas que le sens des mots qui font mouche. Son premier roman est une vraie histoire de sentiments, certes pas bouleversante, mais qui sonne parfois bigrement juste. Et laisse entrevoir, derrière les mots, une pudeur touchante. Il y a sûrement un peu de Josiane dans la Judith cinquantenaire en mal de mâles et il ne fait pas de doute que toutes les petites notations sensibles, les échappées douces-amères du livre, prennent leur justesse dans l'émotion vécue de la femme plus que dans les tics de l'actrice.

Marco / Fanny / Judith : le triangle de Josiane Balasko n'est pas si racoleur. On y cède parfois à la facilité, mais il s'en dégage une humanité qui justifie le tout. Et révèle, derrière la comédienne, un talent de conteuse qui, depuis, s'est confirmé (Parano Express, Fayard, 2006).

François Gandon
( Mis en ligne le 26/11/2008 )
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